Laissez-moi savourer l’introduction de mon ami Claude qui joue si bien de la prétérition, concernant l’actuel sous-locataire de l’Élysée. Et surtout, laissez-moi, pour une fois, partager – un peu – le regard de l’occupant chargé de régler son compte à la France… et aux Français le leur. Si certains, si peu, méritent encore du respect, l’immense masse ne cesse de prouver sa bêtise consternante. Les dernières élections en sont l’exemple qui confine à la preuve par neuf de la multiplication des divisions. Et après, il paraît que 60% regrettent leur vote. Une bêtise plus que consternante, devenue consubstantielle, qui confine au dégoût de vivre et donc mérite le sort vers lequel leur président qu’ils ont réélu les achemine. Beau troupeau de moutons bêlants vers l’abattoir. Alors, que le loup déguisé en berger les juge tels qu’ils sont, rien que de normal. Comment ne pas le comprendre !
Antoine Solmer
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Je ne vais pas, comme beaucoup de nos compatriotes, affirmer que notre Président n’aime pas la France. Outre que c’est une affirmation bien trop forte pour être portée sans précautions, je trouve que c’est vraiment trop paradoxal pour être “envisageable” : un homme dont toute la courte vie à tendu vers le but suprême du pouvoir éponyme doit être fou, s’il n’aime pas – en plus – l’objet unique de sa quête existentielle ! Et pourtant…
Et pourtant, rien ou à peu près dans son comportement pendant son quinquennat et demi ne permet de trouver la moindre preuve d’un amour sincère pour ce nom qui recouvre tant de choses pour tant de monde… Quant aux Français – qui furent longtemps les habitants de cette terre, parfois dite celte ou gauloise (ce qui revient au même), avant d’être peu à peu remplacés dans le rôle “d’occupant référent” par des masses innombrables venues d’ailleurs sous le prétexte de fuir des conditions de vie plus hostiles et moins amicales… mais n’ayant apparemment comme seul objectif que de recréer ici les horreurs qu’ils ont fui, là-bas – c’est peu dire que de constater qu’il a du mal à les supporter. En ce qui les concerne, la tentation de voir en lui une hostilité déclarée est peu sujette à caution.
Il faut reconnaître à son avantage qu’il a toujours été clair dans ses objectifs et net dans ses intentions : sa patrie à lui (autant dire que le mot lui est étranger !), c’est un concept indéfini qu’il appelle “Europe” – mot-valise qui désigne autant de choses différentes et opposées que le nombre de locuteurs qui l’utilisent. La seule chose que leur soi-disant “Europe” n’est pas, c’est le beau concept dont ont rêvé ses Pères fondateurs, système d’idées auquel se raccrochent encore les gens de ma génération qui ont, comme moi, cru à un avenir plus beau, construit autour du joli mot “Plus jamais ça”. Hélas, comme la presque totalité des mots de la langue française, ceux-là ont été malmenés, dévoyés, déformés et ne veulent, au mieux, plus rien dire (et au pire, c’est pire… si j’ose : ils signifient le contraire de ce qu’ils sont sensés signifier !).
Certains, depuis quelques mois, tirent de notre ou de leur expérience quotidienne une leçon pour le moins étrange et difficile à admettre – sauf si on s’y penche avec sérieux et avec le courage de ne plus suivre aveuglément tout ce qui vient de l’Élysée, de Matignon, du haut personnel politique et d’une écrasante majorité des prétendus “journalistes” (qui ne sont que des chambres d’enregistrement et d’amplification de la “doxa” la plus décervelante et – donc – la plus mortifère) : l’attachement puéril de notre président pour sa soi-disant Europe le conduirait, depuis sa première élection à la fonction suprême de l’État, à ce que toutes ses actions soient dans le seul but et avec la seule idée de démembrer la France en la rendant inexistante et ingouvernable, pour étendre la main-mise des européâtres sur cette partie, au moins, des terres qu’ils entendent soumettre à leur volonté perverse, normative, et assassine.
Dans ma fonction de “blogueur” (= “citoyen qui écrit parce que les gens qui le lisent ont confiance en sa bonne foi”), je ne saurais cautionner cette lecture de notre histoire récente – ce que font, pourtant, beaucoup des gens que je fréquente. En revanche, je dois reconnaître que le contemporain et concitoyen que je suis – voyez avec quel soin j’écris ces deux mots sans la césure que je fais si souvent, lorsque je parle d’opposants à toute pensée “ortho ou catho” (en grec, ὀρθός / orthós, signifie droit, conforme, et καθος / kathos, général, universel) – se pose de plus en plus souvent la question : “Et si c’était eux qui avaient raison ?”… et est de plus en plus souvent gêné par la réponse qu’il est bien obligé de se faire, devant les piètres performances à répétition de nos guides – qui ne sont que des “Attila” ou des “Gengis Khan” pour notre pauvre pays qu’ils laisseront ravagé et impossible à redresser…
La Cinquième République souffre de la forte personnalité de son fondateur, mais “n’est pas De Gaulle qui veut”. Et, pire encore, “qui ne le veut surtout pas”. Nos institutions ont été faites par (donc, sans doute, “pour”) un homme de grande dimension et de grande expérience, adorant la France au point de lui sacrifier (en 1940) son propre futur dont il se fichait pas mal, qui avait un rêve pour notre destin commun, une culture à toute épreuve et une compréhension de l’Histoire, grande et petite, qui était une vision du maintien de la grandeur de notre gloire passée… Elles étaient évidemment infiniment trop grandes pour tous ses successeurs qui se sont contentés de cocher, vite fait, une petite case ici où là, et ont passé leur temps à faire des concessions injustifiables et indésirées à la mode, au temps qui passe, à l’actualité et aux idées perverses venues d’une gauche qui n’a jamais rien compris aux vrais problèmes posés… N’importe quoi, à condition que ce soit éphémère, et, de préférence, faux, con, et mauvais pour tout le monde (donc “de Gauche”?).
Doutez-vous ? Alors passons rapidement en revue la dernière séquence, celle qui nous précipite dans le néant à une vitesse uniformément accélérée. En vue des élections européennes (date connue et im-bougeable), il fallait taper dans la caisse pour en vider un à un tous les tiroirs, à mauvais escient. On creuse ainsi la dette tout en multipliant les déficits : l’argent est jeté par les fenêtres, les dons non provisionnés, les cadeaux non-solvables (et inutiles, tous) à l’Ukraine, les menaces infantiles et irresponsables à Poutine, le jeu malsain entre l’Algérie et le Maroc (pour notre ennemi déclaré, contre notre meilleur allié), et en recrutant deux fois plus de “ponctionnaires” qu’il ne s’était engagé à en supprimer, le président-enfant finit la séquence actuelle en tergiversant, devant un pays exsangue, en convoquant Bayrou, Cazeneuve, Bertrand, Beaudey et – dernière trouvaille – Barnier –celui dont la seule chose qu’on avait à en dire était “il est aussi con qu’il est beau, et il est vraiment très beau” – ce dernier critère le différenciant évidemment de tous les autres. Le soi-disant “maître des horloges” n’est plus maître de rien du tout, et cette fin de séquence ressemble à s’y méprendre à une fin… pour le plaisir d’en finir.
Pour boucler la boucle avec le premier paragraphe de cet “édito”, je vais dire que, à ce soir, si je n’ose pas (encore) écrire, en tant qu’éditorialiste, que notre président n’aime pas la France, je suis obligé de reconnaître, en tant que citoyen, que s’il l’aime, ce serait d’une manière qui ne lui laisse aucune chance de survie. C’est quand, la prochaine “présidentielle” imprévue ?
H-Cl.