Le panorama du conflit entre Russie et Ukraine m’impose la formule que j’expose en titre de cet article : “Je hais les médias lyncheurs et les présidents qui ne le sont pas moins.” Soyons clairs, tout en politique internationale ou nationale valide ma formule. J’aurais peut-être dû remplacer le verbe haïr par mépriser, plus conforme à ma pensée profonde. Mais si l’on considère les menaces et dégâts mortels que font peser ces abrutis sur le monde, la haine doit accompagner le mépris, puisqu’eux-mêmes s’y coulent comme à plaisir.
Politique internationale : bien sûr le conflit entre Russie et Ukraine domine l’actualité. Il le mérite bien. Mais l’asymétrie forcenée en ces circonstances est aussi méprisable que haïssable. En France (ailleurs aussi) président et journalistes s’encanaillent à qui mieux-mieux à patauger dans leurs indignations guignolesques et leurs mensonges nauséabonds.
Lorsqu’on nous assomme de fausse pitié pour les réfugiés ukrainiens, ce n’est jamais qu’une désinformation de plus dans leur jeu pourri. Certes, des Ukrainiens souffrent, pleurent des êtres chers, peinent à vivre ou à survivre, veulent et doivent s’éloigner des zones de combat, sont arrachés ou doivent s’arracher de leurs villages, de leurs villes, de leurs maisons. Cela s’appelle la guerre. On l’oublie trop. “Ils”, les journalistes lyncheurs et les présidents qui ne valent pas mieux, l’oublient trop. Car, à multiplier les injures, les insultes envers le “méchant” Poutine et les adulations baveuses sur le “gentil” Zelensky, ils sabordent consciemment toutes négociations de paix.
Certains pseudo-experts pourraient me dire qu’à ce niveau, les insultes glissent comme bruine légère sur les peaux de crocodile, que le jeu est ailleurs, que les “grands” ont d’autres habitudes, etc.
En sont-ils si sûrs ? Si c’était le cas, pourquoi s’acharneraient-ils, ces “experts” à nous bombarder de photos où les poignées de mains n’en finissent plus, les sourires se crispent pour satisfaire la meute des photographes, les poses se répètent, d’autant plus fausses qu’étudiées pour esbaudir le bon peuple.
Et puis, qui de ces journalistes et présidents lyncheurs a une seule fois pensé au poids et aux blessures de leurs formules sur les peuples qui les reçoivent, soit par visée directe (les Russes, toujours les Russes), soient qu’ils s’en emparent comme soutien en leur combat (les Ukrainiens, toujours les Ukrainiens) ? Qui ?
N’est-ce pas là un jeu pervers destiné à fortifier dans le temps les pires sentiments chez chacun des belligérants ? Est-ce vraiment une façon de préparer des lendemains plus paisibles ? Sont-ils vraiment des informateurs éclairés et des dirigeants responsables ? Ou plutôt des petits pervers qui “se touchent” comme des malades dans certaines salles spécialisées en films salaces ?
Et dire que tous ces donneurs de leçons, nous vomissent à longueur d’articles ou de discours leur haine des “phobies” à la mode, des extrêmes, et autres fariboles inventées par des destructeurs de sociétés et d’humanisme réel : wokistes hallucinés, incluseurs paranoïdes, trans-tout ce qui bouge, et autres délirants à la sauce gauchiste rancie. Toujours la gauche ! Et dire que certains Français “mal-cérébrés” voient en Macron un homme “de droite”. Décidément, seule la bêtise est insondable.
Pour eux, seuls les Ukrainiens souffrent. Mensonges ! N’y a-t-il aucune souffrance du côté russe ? Celles des soldats au combat, et celles de leurs familles, parents, épouses, enfants, amis ? Tout cela ne compte-t-il pas ? Comme cela est lâche, faux, haïssable !
Et l’on arme l’Ukraine ! Et l’on impose des sanctions guerrières à la Russie ! Si ce n’est pas mettre de l’huile sur le feu, quoi d’autre ? De l’essence, encore mieux. Et ensuite, les mêmes accuseront la Russie, la Russie seulement. Et bizarrement, l’OTAN disparaît de leurs discours et de leurs faux raisonnements.
Alors ils se bandent les yeux, se bouchent les oreilles, se cadenassent le peu de sens moral qui aurait pu leur rester pour “oublier” les bandes de néo-nazis ukrainiens. Ce n’est rien. Ils ne sont pas nombreux ! Ils sont bien encadrés. Et puis, à la guerre, on fait feu de tout bois. D’ailleurs ils se rachètent par leurs bonnes actions, leur bon choix, leurs aptitudes au combat.
Oui, ils font tout cela… comme les Antifas et leurs gentilles démonstrations de gymnastique. Pas plus ! Oui, de temps en temps, ils se laissent un peu aller. Mais que voulez-vous ? Il faut bien que jeunesse se passe. On a tous été jeunes !
Je le dis et le répète : je hais les journalistes lyncheurs et les présidents qui ne le sont pas moins.
Et je préfère les paroles conclusives de Sylvain Tesson, , au sujet de la guerre en Ukraine [1] :
« Les plaines disposées autour de la Russie appellent les manœuvres de chars et les visées de l’expansion. Dans la psyché géographique russe (concept crucial), il y a le continuum géographique : “Tant que le char roule, c’est chez moi.”
L’autre conclusion que j’en tire, c’est que mon cœur slavophile (amour des Ukrainiens autant que des Russes, donc) saigne. À la haine de la guerre s’ajoute l’épouvante devant son caractère fratricide. La guerre et la fratrie sont peut-être consubstantielles, si l’on applique les théories freudiennes aux nations. D’ailleurs, il y a un père à tuer dans cette histoire. Les Ukrainiens ont entrepris de se constituer, loin de leur père russe qui est en fait… leur fils (car la Russie est née à Kiev, au Xe siècle, sur les bords du Dniepr). Cette agression à laquelle nous assistons possède des racines antiques et psychanalytiques plus compliquées. Peut-être serait-on avisé d’étudier ce qui se passe autrement qu’en brandissant la folie d’un satrape, la barbarie d’un peuple alcoolique, ou la solitude d’un monarque plus “malheureux que le malheur”. Mais c’est trop tôt. Il ne faut pas le faire. Ce serait obscène. »
Sylvain Tesson a raison de poser la question des influences non dites de la psychologie des profondeurs dans la guerre en question. Mais il faut la développer pour les médias lyncheurs et les présidents qui ne le sont pas moins. Et nous, en France, sommes gâtés.
Paradoxe des temps troublés par les pourrisseurs : le mépris et la haine deviennent des vertus imposées.
Antoine Solmer
[1] : La Revue des deux mondes. Mai-juin 2022, “Nous autres, Français”, propos recueillis par Judith Sibony.