L’affaire du palmipède surnommé Palmade, surgit et ressurgit d’un drame à l’autre. Le premier était accompli lors de son rallye dans une voiture cocaïno-motorisée avec le résultat que l’on sait, et celui que l’on ne sait pas : le destin fracassé de ce petit être qui ne demandait que vivre encore un peu, bien protégé dans l’utérus de sa maman, avant de plonger dans le vaste monde. Les plus optimistes diront qu’il a rejoint un monde plus vaste encore où il a retrouvé les saints innocents. Je ne me prononce pas sur les pensées des plus pessimistes, dont j’espère qu’ils partageront mon … énervement ? Non… dégoût. Voilà qui et va mieux à la situation liée à et créée par… l’humoriste.
Humoriste ? Hum ! Humo-triste peut-être, qui ne m’a jamais fait rire, alors que ses incursions phoniques consistaient en giclées d’arrière-gorge et en traits hurlés qui se voulaient sentencieux. En quelque sorte, une fabrication au petit pied de la camarilla de pseudo-rigolos qui s’auto-entre-gauchisent entre déclarations à la moraline lévogyre et soirées enfarinées pour gueules adéquates. Du beau monde… qu’heureusement je n’ai pas à fréquenter.
Mais voici que le cocaïnophile revient nous chatouiller la mémoire. Un article m’apprend que « Mercredi 26 mars, la justice a donné son accord pour que Pierre Palmade puisse quitter la prison et purger le reste de sa peine sous bracelet électronique[1]. »
En une phrase, une litanie d’absurdités ! D’abord la comédie judiciaire, bien sûr. Mais aussi cette expression absurde : « sous bracelet électronique » !
Où-est-il placé ce bracelet si le cocaïno-pulsé est sous lui ? Sur ses épaules, ou seulement l’une d’entre elles ? Sur sa tête ? Au-dessus d’elle, volant et survolant, comme une auréole qui aurait trop fumé la moquette, au point de se tromper de candidat ?
« Sous bracelet électronique » ! Compte tenu de la taille d’un bracelet, dois-je comprendre que le palmipédique a rétréci jusqu’à retrouver Scott Carey, le héros de Matheson dans que vous pourrez retrouver en roman ou en film ?[2]
Non ! Plus simple : la langue française s’abâtardit par grands lambeaux. La preuve, entre autres, par le « wesh », de la part de « weshistes » forcenés soutenus par Rémi Soulé, le linguiste au nom prédestiné pour nous soûler de platitudes gaucho-alimentées[3].
Mais plus insidieusement, de façon multiple. Maintenant je reviens à mon introduction : « sous » ce fameux bracelet électronique. Eh bien, cher rédacteur de l’article, distributeur de cette préposition inadéquate, revenez au bon français. Oubliez ce « sous », jetez-le aux ordures d’où il n’aurait pas dû sortir, et polissez vos lignes. Quelques exemples : purger le reste de sa peine en portant un bracelet électronique, … avec un bracelet électronique… surveillé à distance… suivi par le réseau de surveillance … géolocalisé par le service adéquat, etc.
Bref, vous avez le choix pour jeter à la poubelle ce « sous » qui provient d’un quelconque dessous que vous n’auriez pas dû faire remonter à la surface.
Ce « sous » rejoint le « sur » que cuistres et innocents associent à leur lieux de travail, de vacances ou autres localisations. Je travaille sur Paris, sur Trifouillis-les-Dindons, etc.
Là aussi, déviance, mauvais traitement de la langue française. Je vis à Paris, et je travaille sur Paris (à un ouvrage sur les rues de Paris, à un film sur les Parisiennes en goguette, à… tout ce que vous voulez qui concerne la connaissance de Paris.
J’ai entendu des acharnés du « sur Paris » expliquer que la préposition « sur », ainsi employée, signifiait Paris et ses alentours. Bel essai de rétablissement qui ne me convient en rien, pour plusieurs raisons. La première est qu’il est plus clair de préciser : à Paris et Charenton, ou : Paris intra et extra muros, ou : Paris et sa banlieue, etc.
Bien sûr, j’accepte que le pilote d’hélicoptère qui nous survole travaille « sur Paris »… à condition que les égoutiers et autres professionnels chargés de travaux souterrains travaillent « sous Paris ». Il n’empêche : même « sous Paris » ils n’en continueraient pas moins à travailler « à Paris ».
Alors que signifient ces interprétations hasardeuses des « sur » et des « sous » tendant à expulser les « à » ? Tout simplement, que la langue française s’en va à vau-l’eau, en quelque sorte qu’elle est sens dessus dessous, sans dessus et sans dessous – à poil – et finalement, sang dessus et sans deux sous… de mauvaises langues traduiraient « attaquée au couteau et ruinée ».
Bizarre comme une langue tient de son pays, comme un pays devrait tenir à sa langue, et comme la déliquescence tient au délit contre le sens. Alors, les « sur » et le « sous » mal placés, mettons-les-nous quelque part.
Antoine Solmer
[1] https://www.valeursactuelles.com/societe/affaire-pierre-palmade-autorise-a-sortir-sous-bracelet-par-la-justice-lhumoriste-va-rester-en-prison-apres-lappel-du-parquet?_sc=MjkwMDE0NyM0MzQ1Njg%3D
[2] The Shrinking Man.
[3] https://www.youtube.com/watch?v=Hbvmddq6l_Q

