SEXUALITÉ ET DICTIONNAIRES
Une question reste pendante – osons-l’image – c’est celle de la sexualité. Elle n’est jamais, ou presque, abordée, sinon par prétérition sur la pancarte citée plus haut : « Les organes génitaux (genitalia) ne signifient pas gender (genre). »
Il faut ici refuser cette castration du vocabulaire imposée par des personnes qui se croient tout permis. En effet, stricto sensu, le terme sex (anglais) correspond aux caractéristiques innées et le mot gender aux caractéristiques sociales acquises. Mais l’usage de gender augmente pour les deux.1
Plus complètement, voici les acceptations 2du mot sex dans The American Heritage Dictionnary, Second College Edition, 1985 , (une époque moins « chahuteuse »).
– la propriété ou la qualité par laquelle les organismes sont classés selon leur fonction reproductive,
– l’une ou l’autre des deux divisions désignées par mâle ou femelle dans cette classification,
– la condition ou le caractère d’être mâle ou femelle, les différences physiologiques, fonctionnelles et psychologiques qui différencient le mâle et la femelle,
– le besoin ou instinct sexuel qui ainsi qu’il se manifeste par le comportement,
– les organes génitaux.
Le mot gender (dans le même ouvrage) :
– 1 Grammaire :
– un ensemble de deux ou plusieurs catégories, comme masculin, féminin et neutre, par lesquelles les mots sont classés selon le sexe, le processus du don de vie, les associations psychologiques ou autres caractéristiques qui déterminent l’accord avec la sélection de modificateurs, référents, ou formes grammaticales.
– une catégorie d’un tel ensemble,
– la classification d’un mot ou d’une forme grammaticale dans un tel ensemble– la forme qui distingue ou les formes utilisées.
– 2 Classification du sexe
Nous voyons bien une séparation assez claire et élaborée entre le mot sex (sexe) appliqué au vivant et le mot gender (genre).
Cela dit, le mot sexism (sexisme) a deux acceptions, toujours dans The American Heritage Dictionnary :
– discrimination basée sur le sexe, spécifiquement envers les femmes,
– attitudes ou conditions qui favorisent les stéréotypes ou rôles sociaux fondés sur le gender (genre).
Bref, il existe toujours des dictionnaires qui sous, prétexte d’information, sentent le vent tourner, et s’y ménagent une petite zone de repli. Il n’en reste pas moins que les fondements du sens ne doivent pas être détournés.
DÉTOURNEMENTS EN TOUS GENRES ET SEXUALITÉ
De même qu’il existe des détournements d’argent, de documents, de mineurs, etc. le détournement de sens ne peut provenir que de deux sources : l’ignorance (qu’il importe de relever et de corriger), et l’agression (à prévenir ou à combattre).
Je ne ferai pas l’injure aux personnes présentées dans les documents cités de les prendre pour des ânes bâtées. Mais par leur politique d’agression sociale volontariste, élaborée et destructrice, ils nous obligent à les considérer, non comme des adversaires, mais comme des ennemis profonds, ennemis par la nature propre de la fonction d’ennemi (notion sur laquelle il faudra revenir un jour). Notre position ne provient pas d’un plaisir plus ou moins malsain à nommer l’ennemi, mais elle tient d’un devoir de survie. Encore plus si cet ennemi fait partie d’un groupe qui ne supporte ni les bonheurs ni les nécessités de la vraie vie sociale et personnelle.
Car la vraie question rejetée, censurée, auto-censurée, refoulée, masquée, voire dénaturée par ces personnages est celle de la sexualité active.
Dans notre culture, en époque stable, les rapports sexuels humains sont du domaine de la chambre à coucher, où les adultes consentants ont toute liberté pour satisfaire leurs pulsions. Sur la place publique, le couple social le plus évident (mari et femme) ainsi que toutes les « fantaisies adjacentes plus discrètes », ont autant de droit à exister que de devoirs de rester « sexuellement et visuellement discrets ».
La ressemblance avec la religion s’impose, au moins en première approche.
Or nous vivons dans une société où l’inverse se produit. Non seulement pour les couples classiques, mais aussi pour toutes les déviances possibles. Cela n’est pas nouveau. Les émissions télévisées spécialisées dans le déballage des odeurs rancies et des draps maculés ont nourri quantité de producteurs, mais aussi ouvert la voie à l’association voyeurisme-exhibitionnisme, et au principe du « toujours plus ».
Que devient l’Homme dans cette confusion ? C’est-à-dire, que devient le genre Homme dans la taxonomie classique, sans oublier de reprendre la question pour Homo sapiens, notre espèce ?
La réponse est claire : croyant se libérer il s’enferme dans un salmigondis de paroles de perroquet, de verbiage automatique, de cerveau tournant fou, et de perte de sens.
Il sont étonnants, que ces extrémistes du grand Univers qu’ils croient représenter, ou contenir, de même que ceux qui se croient en eux-mêmes et par eux-mêmes la seule représentation possible de l’Univers. Entre quelle dysharmonie et quelle fatuité pathologique naviguent-ils ? Le saura-t-on jamais ? Quelle branche d’une psychiatrie socio-temporelle osera donc se pencher sur ces extravagances, dont je rappelle le sens profond : vaguer (errer ça et là) hors du chemin, ainsi que sur les divagations correspondantes ?
Par exemple, il est vraiment curieux que ces mini-penseurs de circonstance, enflés de vocabulaire mal tenu, se tiennent si éloignés de Platon et de son mythe de l’androgyne universel 3.
Ou alors, on aurait attendu une posture liée à Protagoras d’Abdère et à sa fameuse formule : « L’homme est la mesure de toute chose. » et bien d’autres encore. Par exemple, ils auraient pu explorer la pensée « atomiste » de Démocrite, etc.
Mais non, rien de cela : seulement des affirmations et des accusations, de très vieux « jeunes hippies » qui croient avoir trouvé leur vocation en violant la grammaire, l’esprit des langues, et des relations sociales. Tout cela pour quelques histoires de Q, et autres lettres. Navrant et pathétique exhibitionnisme !
Et si ces arguments sont hors de portée de leurs esprits – les éducations nationales ayant largement démontré leurs faillites – n’ont-ils jamais entendu parler du et des carnavals ? Ils auraient peut-être appris que ces fêtes des retours, fin et début d’année s’accompagnaient de tous les retournements et détournements personnels possibles, masqués ou non. De Venise à Rio en passant par les lupercales et saturnales anciennes, ou mieux, bacchanales de toutes transgressions, ces fêtes offraient et offrent encore à qui le voulait et le veut l’exploration du champ des possibles… l’espace d’un temps limité.
Oui les inversions, modulations, explorations, transformations des uns et des unes ont existé, et se poursuivent. Mais, pour qu’une société « tienne debout », s’il faut que la fête commence, il faut aussi qu’elle se termine.
Antoine Solmer
À suivre…
1 : https://www.wordreference.com/fren/SEXE
2 : traduction personnelle
3 : https://www.philolog.fr/le-mythe-de-landrogyne-texte-de-platon/