Pour se rafraîchir les idées, quoi de tel qu’une qu’un détricotage des couleurs nationales par un trio de jeunes femmes libérées… de bien des attaches envers la France. Lisez donc et réfléchissez avec l’article de Lucas Planavergne paru sur Marianne le 01/12/2023 à 18:19. Rien ne vous empêche de participer au débat (Informations sur l’article de Marianne).
Antoine Solmer
Pour la une de son numéro d’hiver, le magazine de mode britannique « Dazed » a choisi de mettre en avant trois activistes françaises musulmanes vêtues de vêtements religieux bleu blanc rouge, présentées comme des « résistantes » face à « l’islamophobie » dans l’Hexagone. Le contenu du long article qui leur est consacré est à l’avenant…
Le drapeau tricolore en couverture d’un mensuel britannique ? C’est possible… mais pas forcément comme vous l’attendez. À l’occasion de son numéro d’hiver 2023, le magazine Dazed a choisi de faire sa une sur trois Françaises de confession musulmane, voilées et drapées dans de longues tuniques bleu blanc rouge. Ces trois femmes, sobrement présentées comme des « résistantes » face à « l’islamophobie » qui régnerait dans l’Hexagone, ne sont pas n’importe qui.
La première, Loubna Reguig, n’est autre que la présidente des Étudiants musulmans de France (EMF), une association décrite comme proche des Musulmans de France (ex-UOIF) par l’universitaire Florence Bergeaud-Blacker. La seconde, Salimata Sylla, a fondé Ball’Her, une ligue de basketball féminin qui milite contre l’interdiction du hijab dans le sport. La troisième, Hiba Latreche, est la vice-présidente du Forum des organisations européennes musulmanes des jeunes et d’étudiants (FEMYSO), une organisation paneuropéenne dont Marianne documentait déjà, en 2021, l’intense lobbying auprès des instances européennes et la proximité avec le discours des Frères musulmans.
Le Conseil d’État ? « Pas indépendant »
Mais le casting ne s’arrête pas là : à l’intérieur du magazine, d’autres militantes islamiques bien connues en France prennent la parole, telles que Souné Diawara du collectif Les Hijabeuses, qui milite pour pouvoir porter le voile sur les terrains de foot, ou encore Sihem Zine d’Action droits des musulmans (ADM), l’association qui a déjà saisi – en vain – le Conseil d’État après l’interdiction de l’abaya dans les établissements scolaires, début septembre.
Ce recours est le premier cas évoqué dans le long article de Dazed, qui voit dans l’interdiction de ces longues robes traditionnelles à l’école la dernière illustration en date de « l’exclusion des femmes et filles musulmanes de la vie publique française». Même si la plus haute juridiction de l’Hexagone inscrit le port de ce vêtement dans une « logique d’affirmation religieuse », le mensuel britannique est formel : l’abaya n’est qu’une simple robe.
« Le Conseil d’État n’est pas indépendant », clame même l’avocat Nabil Boudi auprès du magazine, taclant au passage la « pas très courageuse » Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH). « Si vous demandez à une personne dans la rue ce qu’elle pense de l’abaya, elle ne saura même pas ce que c’est », assure pour sa part Sihem Zine. D’après un sondage IFOP pour Charlie Hebdo daté du 4 septembre, 81 % des Français sont pourtant favorables à son interdiction.
Laïcité d’exclusion »
L’article de Dazed et les témoignages des militantes ont en réalité un but plus précis : démonter le principe de laïcité, « vénéré dans la culture française » en raison de « son association » à la révolution de 1789. «La laïcité initiale n’était que la séparation de l’Église et de l’État et c’était une bonne chose. À cette époque, la religion avait une forte emprise sur la France », estime l’avocat Nabil Boudi. Comme si les bigots – de toute confession – avaient aujourd’hui complètement disparu de l’Hexagone…
« Le concept est malavisé et a été transformé en une laïcité d’exclusion », dénonce de son côté Sihem Zine. Avant de détailler sa propre vision des choses : « Le principe général de la laïcité est la liberté de croire ou de ne pas croire, ce qui signifie que l’État et ses fonctionnaires doivent être neutres. Mais depuis plusieurs années, ce sont les individus en tant qu’usagers des services publics qui sont concernés. »
La militante d’ADM omet toutefois de citer l’article 1 de la loi de 1905, selon lequel la République « assure la liberté de conscience ». Or, dans notre tradition laïque l’État a pour rôle de protéger le libre exercice de cette liberté de conscience. « Il se doit d’intervenir quand elle est menacée. Les jeunes filles non voilées et celles qui n’ont pas fait leur choix librement n’ont pas moins que les autres le droit à leur liberté de conscience », expliquaient ainsi le conseiller d’État Marceau Long et l’universitaire Patrick Weil, dans une tribune publiée dans Libération en 2004, pour justifier l’interdiction du port des signes religieux ostensibles dans les écoles publiques.
Konbini adore !
Vient alors le sujet de l’interdiction du port des signes religieux dans le sport, contre laquelle militent aussi bien Ball’Her dans le basket que Les Hijabeuses dans le foot. « Nous avons fait confiance au système judiciaire. Nous pensions que nous allions gagner », déplore Hawa Doucouré, membre du collectif de footballeuses, à propos du recours rejeté par le Conseil d’État en juin dernier. Une seule explication selon elle : « Le système de justice profite à ceux qui ont le pouvoir. »
Pas suffisant, toutefois, pour décourager nos activistes musulmanes. « Nous allons toujours nous battre […] Ce n’est que le début », promet la représentante des Hijabeuses. En plus de leurs soutiens dans la presse britannique, ces militantes pourront sans doute compter sur des relais dans l’Hexagone, à l’image de Konbini : sur son site, ce 30 novembre, le média en ligne a invité ses lecteurs à se procurer « l’élégante » Une de Dazed, parue en « pleine diabolisation de l’abaya » en France et « en pleine montée de l’extrême droite, qui vomit allègrement son islamophobie sur tous les plateaux télé »…