Mon estimée correspondante Francine avait adressé un commentaire sur l’innocence des enfants “qu’on ne protège plus”. Cette seule phrase mériterait plus qu’un article, mais un ou plusieurs livres, et probablement plus, à savoir une vie familiale enrichie de l’expérience des générations antérieures. Autant dire que mes quelques lignes en réponse paraîtront bien maigres. Mais qui dit maigreur ne signifie en rien faiblesse lorsqu’on se réfère à des muscles bien affûtés et aux pensées qui les gouvernent.
LA FAIBLESSE PREMIÈRE
L’enfant innocent ? Oui quand celui-ci est considéré dans sa faiblesse extrême d’humain défavorisé par la Nature dans le règne animal. Entre le poulain qui flageole un peu et galope quelques heures après sa naissance et le bébé vagissant pendant des mois, quelle différence ! Ce dernier ne survivrait pas à son abandon, alors qu’avec un peu de chance, le poulain, l’ourson, le chaton pourraient déjà dénicher de quoi suivre leurs chemins de vie. Telle est la première idée qui vient à l’esprit, surtout en ce temps de Noël. Mais cela ne dure pas, au moins dans cet état premier qui est extrême et progressivement promis à s’effacer.
Mais il faut bien considérer que cette première acception du mot innocence n’existe que par défaut, par absence de capacité à faire ou penser le mal, donné ou reçu. Forçons l’image, il est dans la plus fermée des prisons, celle qui ne lui offre même pas la tentation de l’évasion, qui le met à la merci soit de l’amour parental (heureusement le plus fréquent), soit, malheureusement — des femmes aussi sont des tueuses d’enfant — de brutalités d’autant plus mortifères que masquées. Tout cela, n’existant qu’à condition que cet enfant ait seulement eu la possibilité de voir le jour. Car, il y a des lois pour l’en empêcher. Des lois dont l’innocence est non prouvable.
UNE AUTRE INNOCENCE
Enfin, bon an, mal an, cet innocent se développe. Et il faut espérer qu’il ne reste pas innocent, de cette innocence qui confine à la naïveté, à l’ingénuité, la non-intelligence de la vie, jusqu’à mener à toutes les faiblesses, à toutes les ignorances, et donc à devenir un danger public, car incapable de se protéger ou de protéger les autres. Bref le béat total, le “ravi de la crèche”, l’idiot du village, et autres expressions. Peut-être, cet innocent-là est-il heureux ? D’un bonheur par manque de compréhension ? Faut-il le lui souhaiter ? Se le souhaiter ? Je ne crois pas. Mais on ne choisit pas.
Armons-nous de deux pensées anciennes sur l’innocence, qui tentent d’esquisser le devenir de ces deux extrêmes d’innocence cités précédemment. La première est due à Joseph Joubert (1754-1824), moraliste qui ne publia rien de son vivant, mais dont les Pensées furent recueillies par Chateaubriand et augmentées par son neveu, Paul de Raynal :
“La parfaite innocence, c’est la parfaite ignorance. Elle n’est ni prudente ni méfiante, et l’on ne peut faire aucun fond sur elle, mais c’est une aimable qualité, qu’on révère presque autant et qu’on aime plus que la vertu.”
J’avoue préférer celle-ci de Sainte-Beuve, qu’il est inutile de présenter : “L’innocence ignore le mal, mais elle ne le voit pas. Pour voir tout le mal existant, il faut presque l’avoir fait.” (Portraits contemporains V, 461).
C’est donc entre ces deux extrêmes que se situe l’accompagnement des parents, par cercles progressivement élargis, depuis le premier, familial, à celui, ultime, de la jungle sociale, ou s’ébattent coyotes, serpents et autres figures à tenir éloignées, autant que possible, sauf si elles s’invitent à domicile par lois, décrets, ou manipulations indignes. Toute référence à l’actualité ne tiendrait pas de la simple coïncidence.
LES NON INNOCENTS
On me reprochera d’avoir oublié les enfants non innocents, coupables de plus que d’avoir pioché dans le pot de confiture. Oui, ceux-là aussi existent.
La Fontaine, déjà, narrant les déboires de ce pigeon “voyageur” qui d’orage en piège, puis de vautour en aigle, finit par rencontrer :
“Mais un fripon d’enfant, cet âge est sans pitié,
Prit sa fronde et, du coup, tua plus d’à moitié
La volatile malheureuse…”
Freud n’a pas craint de parler de l’enfant pervers polymorphe, au sujet duquel il faut reprendre le texte de base :
“L’enfant, sous l’influence de la séduction, peut devenir pervers polymorphe, pouvant être dévoyé vers tous les outrepassements possibles. Cela montre que, dans sa prédisposition, il en apporte avec lui l’aptitude ; c’est pourquoi la mise en œuvre ne rencontre que des résistances minimes, parce que les digues animiques s’opposant aux débordements sexuels — pudeur, dégoût et morale — ne sont pas, selon l’âge de l’enfant, encore mises en place ou sont seulement en cours de formation.*”
Il y est bien écrit : “sous l’influence de la séduction…” Ce qui change tout.
Un pas de plus et nous voici dans le pire des tableaux, celui des troubles des conduites, tels que décrits dans le DSM IV (clinique et critères en psychiatrie). Nous voici dans la non-innocence totale, avec agressions envers des personnes ou des animaux, (passons sur les détails qui commencent à envahir les faits divers), destructions de biens matériels, fraude ou vol, et violations graves des règles établies.
Bienvenue aux futurs psycho-sociopathes et à leurs défendeurs inconditionnels.
APRÈS MISE EN PLACE DU DÉCOR, LES ENFANTS MORALISATEURS
C’est-à-dire, retour à mon précédent article, avec cette gamine prête à adhérer au macronisme le plus débridé par ce mélange d’ignorance, de fatuité et de théâtralisme.
Oui, il est peut-être licite de la considérer comme innocente, dans le cadre où l’apprentissage de la réalité de la vie passe par la fréquentation des cas limites. Ici se conjuguent les bonnes vieilles leçons de morale (oubliées), mais aussi l’enseignement non orienté de l’Éducation nationale (osons un rêve), l’extinction des feux de l’actualité (ceux des voitures brûlées dont on masquera le nombre, et ceux du Covid qui auront droit au même traitement en sens inverse). Et pour faire bonne mesure, ajoutons les explications modératrices des parents.
Mais là, regardons bien le comportement de la masse des Français : englués dans les mensonges mais les gobant avec délectation, pris entre la glu de la peur fabriquée et le port autoritaire du groin qui leur va si bien, jouant du cocorico mais tremblant de tous leurs membres au son des annonces gouvernementales. J’y reviendrai.
Alors que penser de l’innocence de cette enfant, et de ceux qui lui ressemblent, sinon qu’elle est déjà violée, avec responsabilité partagée entre parents démissionnaires et gouvernement pathologiquement autoritaire.
Maintenant, que faire ?
LES MAMANS LOUVES
La solution est simple à comprendre : protéger physiquement et moralement son enfant. C’est le but que se sont donné les Mamans Louves **.
Le nom de ce collectif est particulièrement bien trouvé. Leurs témoignages sont effrayants, particulièrement celui au sujet d’une école où la direction a fait venir des policiers pour vérifier que les enfants mettent leur masque entre deux bouchées au réfectoire ! C’est innommable !
Elles parlent, elles agissent. Elles ont voulu un débat avec le “président”. Il a été plus facile de les gazer. Attendons les réactions des grandes consciences, féministes ou “moralinistes”.
Plus facile aussi de lancer des torchons comme RFI, radio que nous payons avec nos impôts et qui ne mériterait que la poubelle. Bien sûr, les accusations de complotisme leur servent d’arguments. Pauvres débiles !
Mais si vous voulez en entendre une, suivez plus bas sur Sud-Radio.
ALORS QUI BAFOUE L’INNOCENCE DES ENFANTS ?
REGARDEZ LA BASSESSE EN SES HAUTEURS !
* Œuvres complètes, PUF, 2006, V p. 127).
** https://mamanslouves.com/nos-actions/