DE POUTINE À ZEMMOUR ET DE ZEMMOUR À POUTINE

CONFÉRENCE DE PRESSE
CONFÉRENCE DE PRESSE

L’actualité nous impose de parler des troubles entre la Russie et l’Ukraine, et de dépasser ce trop simple cadre. Essayons, et pour cela, voici un résumé de deux points fondamentaux de ma journée du 24 février 2022.

LE MATIN : ZEMMOUR

Au matin je vois le communiqué d’Éric Zemmour, et je suis d’emblée frappé par son discours (contenu et contenant). Manifestement, Zemmour a franchi un pas, endossé sans un pli la posture d’un chef d’État.

          UNE STATURE D’HOMME D’ÉTAT

Je dis bien “chef d’État” et non “politique” ni candidat. Encore moins le ridicule et dépréciatif “polémiste d’extrême droite” cher à l’Obs * (et à d’autres). Il en est, un peu plus lettrés, qui jouent avec la “résistible ascension”. Brecht oblige, le fameux “ventre immonde” n’est pas loin. Mais tout cela n’est que renvois de rancis et compagnie partant à la pêche aux subventions. Oublions !

Je reviens à Zemmour. Pourquoi “homme d’État” ? D’abord par la tenue physique. Entre lui et un certain Manu, il y a une frontière, un monde. Essayez d’imaginer la scène : Zemmour à Saint-Barth se faisant papouiller comme le dernier des encanaillés. Là encore, oublions… pour le moment, mais il ne faudra pas oublier d’ici moins de deux mois.

Mais aussi parce qu’il n’y a pas équivalence directe entre un “homme d’État” et un président de circonstance. Une fois de plus, pauvre Manu !

          LE DISCOURS QUI PORTE HAUT, FORT ET CLAIR

Quant à la clarté du discours, il s’élève. Il “condamne sans réserve cet usage de la force” * *: il ne se précipite pas vers les titres ronflants accusant Poutine de plonger l’Europe dans la guerre, etc. (Voir Le Parisien, etc.). Je rapproche immédiatement de cette entrée son souhait que “la France, fidèle à sa tradition de grande puissance d’équilibre” négocie en urgence avec les États européens et la Russie un traité consacrant la fin de l’expansion de l’OTAN.”

En parlant ainsi, il se sépare radicalement de Macron qui aura belle figure de présenter un traité à la Russie tout en envoyant l’armée française contre les troupes russes. Une armée française devenue le faux nez de l’Europe “Otanesque”. Encore du “en même temps” gesticulatoire. Kennedy était d’une autre trempe, lors de l’épisode des fusées à Cuba, avec un peu plus de moyens. Et surtout il parlait pour l’Amérique, sans faire intervenir des supplétifs, comme le fait maintenant l’OTAN avec la France.

Rien que ces deux points ont creusé l’écart entre la stature affirmée et le “enmêmetempiste”.

          ET PUIS, LES AVERTISSEMENTS NÉGLIGÉS DE ZEMMOUR

“Nous aurions pu éviter cette catastrophe. Je répète que depuis des années les Occidentaux ont une responsabilité dans l’escalade de cette violence à l’est et qu’ils doivent comprendre les revendications russes contre l’expansion de l’OTAN. Nous n’avons hélas rien fait pour éviter cette escalade. Je dis nous car nous sommes tous responsables. Les Russes, bien sûr, et ce matin ils sont les premiers responsables. Mais les Occidentaux aussi depuis des années, avec l’expansion ininterrompue de l’OTAN à l’est du continent et la non-application des accords de Minsk.”

LE SOIR : CAROLINE GALACTÉROS

Cette spécialiste de géopolitique est responsable du pôle diplomatie et politique étrangère de Zemmour et aussi sa conseillère et porte-parole en ces matières. Et manifestement, elle connaît son affaire. D’ailleurs ses observations se recoupent avec celles de bien d’autres géopolitologues de divers partis et origines. Voir par exemple Hervé Juvin***.

Je ne décrirai pas les détails liés à la question ukrainienne depuis des années, et le rôle de l’OTAN, organisation prévue pour être défensive pendant la “guerre froide” et devenue offensive, une fois l’URSS effondrée. Comme quoi, d’un apparent défenseur d’une civilisation de liberté à un agresseur confirmé, la marge peut se rétrécir.

Je préfère insister sur un point de la pensée de Zemmour qu’elle a largement développé : celui de la France redevenant une “grande puissance d’équilibre”.

Pour cela il faut mettre à bas des années d’errements moralisateurs, inaudibles et agressifs pour les pays étrangers, quels qu’ils soient. Un grand principe se dégage : nous n’avons pas de leçon à donner au reste du monde, ni à la Russie, ni à l’Amérique, du nord au sud, ni à l’Afrique, etc. Nous devons cesser de vouloir jouer aux petits gendarmes de la bien-pensance, à créer des “devoirs d’ingérence” et à singer le petit porteur de riz.

Il faut apprendre à parler aux pays au-delà des régimes en place. Le pays, avec sa culture, sa civilisation, son peuple, forme la base d’une histoire sur laquelle les régimes s’édifient. Et les régimes durent moins que les pays et la géopolitique qui les insère dans le concert des nations. Seule cette détermination nous évitera les “coups de pieds quelque part”, comme celui que la force Barkhane a dû supporter au Mali.

Au lieu de la posture néo-coloniale de celui qui sait tout, redevenons adeptes d’une realpolitik, seule solution pour éviter les guerres, et établir des traités réellement négociés, en tenant compte des forces profondes des pays concernés et non des régimes de circonstance. Ces traités seront imparfaits, comme le sont toutes les réalisations de la vraie vie, mais satisfaisants pour chacun, suivis, et éventuellement révisés.

Et surtout, avec en premier principe : les intérêts de la France.

Il est grand temps de jouer vraiment dans la cour des grands, et de cesser de les suivre aveuglément. C’est compliqué, cela implique de réapprendre la grande diplomatie française depuis longtemps oubliée, ou pire, mise au rebut. C’est porter un nouveau regard sur le monde, et participer au maximum de paix possible.

Si tel n’est pas le cas, nous verrons des catastrophes pires que celle en cours. L’Europe deviendra le terrain de jeu guerrier de l’USA-OTAN contre le bloc RUSSIE-CHINE. Ce bloc que la politique actuelle des Britanniques (Washington et Londres)  amène à se créer en manipulant une Union européenne réduite au rôle de pantin dont on tire les ficelles. Sans oublier que la pauvre Ukraine sert de “soldats de paille”, aux grands donneurs de leçons.

Après sa cascade d’échecs internationaux sur lesquels il faudra revenir, Macron est hors jeu.

Seul Zemmour, dont les avertissements anciens ont été négligés, a su comprendre, dire les mots justes, et offrir des directives claires, sensées, responsables.

Seul Zemmour peut sauver la France du bourbier où les précédents responsables l’ont placée.

Antoine Solmer

 

* Marie Guichoux, Télé Zemmour, L’obs, N° 2991 du 17 au 23 février 2022

** Ce qui est clairement écrit devant lui : “Je condamne sans réserve l’intervention militaire russe en Ukraine.”

*** https://www.bvoltaire.fr/ukraine-je-crains-que-la-grande-perdante-de-lhistoire-soit-leurope/?utm_source=La+Gazette+de+Boulevard+Voltaire&utm_campaign=faa8924508-MAILCHIMP_NL&utm_medium=email&utm_term=0_71d6b02183-faa8924508-30359925&mc_cid=faa8924508&mc_eid=82726536ed