Signe des temps, nos préoccupations vont vers l’histoire. Pourtant, nous ne nous sommes pas concertés, avec Claude.  Et dans cette histoire, nous relevons des points de rencontre (d)étonnants. Dont ce couplage 1962/1968 qui est la rencontre de deux faillites : l’une, géopolitique du fait de la haine profonde d’un vieillard si myope qu’il croyait voir loin en ne voyant rien ; et l’autre, psychologique, du même, qui n’ayant rien compris au monde qu’il prétendait remodeler à son image, dut s’en extirper par le mépris dont il avait accumulé des réserves quasi inépuisables. La fausse grandeur aboutit à la vraie petitesse. Telle est la leçon de la Ve. Telle est la piste que devront suivre les historiens au sens d’Ortega y Gasset, dont je vous reparlerai bientôt.

Antoine Solmer

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L’Histoire telle qu’en elle-même

S’il existe un mot qui a été maltraité, “baladé”, insulté et dénaturé à travers les âges, c’est bien celui de “Histoire”, et ce n’est pas un citoyen français vivant sous Macron qui va vous dire le contraire. Dans les “éditoriaux” que je prépare à votre intention avant de vous en infliger un jour ou l’autre la lecture, le thème revient souvent, dans toute sa dramatique aridité : l’Histoire est devenue “un grand n’importe quoi” que chacun réinvente au gré de la mauvaise idée qu’il cherche à imposer… et notre Président est “top” à ce petit jeu pourtant reconnu mortifère…

Comme on a parfois l’impression qu’il n’y a pas que dans notre pauvre France, macronisée à n’en plus être elle-même, que cela se passe, je me suis récemment demandé s’il n’existerait pas un réseau de forces mauvaises (j’aurais écrit “de virus”, si les mensonges sur le covid – et leur persistance contre toutes les preuves qui s’accumulent – n’avaient rendu l’usage de ce mot trop marqué, politiquement), qui agissent “en douce” dans les structures humaines et les empêchent de voir ce qui devrait crever les yeux. À ma plus grande honte, je dois avouer qu’il a fallu que je tangente le grand âge de 90 printemps pour me rendre compte que ce n’était pas uniquement “parce que”… mais qu’il existe bel et bien une volonté occulte derrière tous ces dérapages.

J’étais comme tétanisé par l’histoire romaine qui, telle qu’elle nous a été transmise par nos bons maîtres, semblait vierge de toute intention et libre de toute influence extérieure. Or, la chute de Rome éveillant des rapprochements indéniables avec ce que nous vivons aujourd’hui (c’est-à-dire  depuis une soixantaine d’années, selon que l’on prend 1962 ou 1968 comme “année zéro” du début de notre chute), je me disais “c’est comme ça, la chute d’une civilisation”. Ce blog qui n’avait aucune autre prétention que de dialoguer avec quelques milliers de gens plutôt “plus” que “moins”, m’a donné des idées d’approfondissement et a orienté mes lectures vers des sources et des points de vue que je n’avais jamais eus auparavant.

Par exemple, la célèbre année 1789, qui est indéniablement une date-clé de notre “roman national– tome II’’, a entraîné une réécriture, majeure et restée pérenne, de notre ’‘roman national –tome I”, la République parée de toutes les vertus triomphant de l’immonde “Ancien régime”, qui n’était que la somme de tout ce qui peut être négatif sur terre : l’influence énorme des encyclopédistes et des “Lumières” (tu parles !), reposant sur une trame qui pouvait alors, compte tenu de l’état des connaissances du temps, sembler rationnelle, économique, sociale et, on pourrait dire, “logique”… a coïncide avec un accident historique exceptionnel : après tant de dizaines de “jacqueries”, de révoltes, de dissidences, pourquoi celle-là a-t-elle eu un tel succès, jamais connu avant et jamais réédité depuis ?

Car il faut rappeler que la simple “prise de la Bastille” (qui n’était rien en soi, ni un arsenal, ni une réserve d’or, ni un symbole sérieux (ce qu’elle est devenue par la suite, mais très longtemps après, grâce à la propagande des républicains et à l’imagination débridée des romantiques) fit couler des torrents de sang à travers toute l’Europe, durant près d’un quart de siècle, au nom d’une soi-disant “libération des peuples opprimés” (Question : préféraient-ils vraiment la mort à une liberté relative ? Le débat n’est pas tranché… s’il l’est un jour !). En fait, ces deux “révolutions” ont eu peu ou rien à voir l’une avec l’autre, ce qui explique la suite des événements : la folie robespierriste, les massacres, la “veuve noire” du Docteur Guillotin pour les uns… et l’enthousiasme napoléonien avec la grandeur retrouvée, pour les autres… Moralité : il ne faut jamais oublier les grandes vérités éternelles. Metternich disait : “Un gouvernement quasi-légitime peut disparaître en quelques jours, presque sans résistance”. N’est-ce pas, cher Louis XVI ? Ne tremblez-vous pas, M Macron ?

Parmi les animateurs secrets des forces qui traînent l’attelage du temps qui passe, il y a certainement le fait qu’un pouvoir naît en général de besoins des citoyens (peur, nourriture, insécurité, envahissement –nous vivons tout ça, en permanence !), et qu’un pouvoir fort naît de la taille exagérée qu’ont pris ces problèmes. Les mauvais généraux de Nicolas II ont exaspéré le peuple, dégoûté de voir mourir ses fils… . La “crise” née de l’accumulation des horreurs communistes a entraîné la terreur stalinienne… La sévérité du traité de Versailles a amené Hitler au pouvoir… La corruption des “Seigneurs de la guerre” a fait triompher Mao de Tchang-Kaï-Check… la liste est interminable : chaque forme de pouvoir contient à la fois une justification de ce qu’il est, mais aussi sa propre fin, en lui, car il finit toujours (je n’en connais pas la raison) par générer ce contre quoi il a été mandaté. Et cela aussi, nous le vivons en permanence, hélas !

Les progrès finissant par devenir autant d’échecs et le monde étant, lui, devenu… ce que nous voyons, hélas encore, il fait de moins en moins de doute que de toutes les révoltes en cours (et Dieu sait s’il y en a, ces temps derniers !), la plus fréquente et la plus violente est le gouffre qui a été creusé sciemment entre les gouvernés et les gouvernants, par ces derniers. Pour parler des problèmes-du-jour, si le cas de la France est caricatural, l’Algérie, les USA, l’Iran, Israël, l’anti-duo russo-ukrainien, etc… sont à peine moins ridicules que nous et notre soi-disant “Union européenne”, dont certains se gargarisent encore, alors qu’elle a égaré ou détruit tout ce qui pouvait ressembler à un avantage pour les européens, au profit d’idéologies qui ne nous laissent aucune chance : en vingt ans, c’est l’équivalent d’un “membre” (= un pays entier, et de bonne taille, en plus) qu’ils ont laissé entrer, sans la moindre surveillance, sans la moindre justification, sans la moindre intelligence, sans le moindre espoir de participation à notre ex-“œuvre commune’’ ! Mais tout le monde se tait, et eux, ils persistent !

Ce monstre bruxellois, déformé par un pouvoir aristo-copino-technocratique largement usurpé et hors de toute ’’raison sensée”, symbolisé par la dangereuse Ursule von der Leyen, n’est que la juxtaposition d’intérêts opposés, défendus becs et ongles par des gens qui, au mieux, ne s’aiment pas et, au pire, ne voient leur propre salut que dans la chute de l’autre (c’est le cas du pseudo “couple franco-allemand”, qui a divorcé avant même d’avoir dit “oui”… ce qu’est incapable de réaliser notre Président actuel qui persiste à confondre la réalité avec ses idées, toutes largement périmées et démontrées fausses par le temps qui passe !). Hegel, après Hérodote, voyait un sens à l’Histoire… Moi (qui ne suis rien, mais tant pis : j’ose le dire !), j’y vois un non-sens, invisible mais pervers… qui est en train de devenir mortel. Très rapidement.

H-Cl.