TUTETATOUHOU, TOI, TOUTOU ?

Aujourd’hui, un article ubuesque, claudesque, devais-je dire puisqu’il émane de l’ami Claude, me sauve la mise.

J’étais prêt à vider mon sac, empli des propos merdeux de Patrick Cohen, après sa tirade infâme sur l’agression génocidaire à Crépol. Génocide ! Ça ne vous dit rien M. Cohen ? Combien avez-vous touché pour votre dégueulis ? Si la somme de trente deniers ne vous dit rien, convertissez-la en euros, de façon symbolique, et allez vous faire pendre ailleurs. Car, franchement, avec vos origines, votre nom, si vous pensez vous protéger en meuglant ainsi avec les loups, eux, ne vous louperont pas quand leur temps sera venu. Traîtres aux siens, cela ôte tout respect dû à quiconque.
Voilà, c’est dit, avant d’en dire plus, mais sans en penser moins.

La parole — écrite — est à la fantaisie sérieuse mais acide de H. Claudidrix

Antoine Solmer

Tutetatouhoù, toi, toutou ?

La semaine dernière, je m’adonnais à un de mes grands plaisirs, aussi innocent que sans cesse renouvelé : m’attabler à une terrasse de café et regarder la foule qui va et vient. C’était le soir et, après les pluies de la journée, il faisait doux. L’air avait l’air d’avoir l’air, et le temps avait le temps d’avoir du temps : on sentait cette foule –touristes et autochtones mélangés– heureuse d’être là, de se promener, de profiter d’un agréable moment d’insouciance et d’un joli crépuscule, dans les déluges actuels. Pourquoi ai-je soudain eu une impression que tout n’était pas exactement à sa place ?

Un petit coup d’introspection plus loin (on n’est pas né “intello” pour rien ! Cette démangeaison-là ne vous quitte jamais !), je prenais conscience d’une différence fondamentale entre les hommes et les femmes qui passaient devant moi (NDLR : vous me direz qu’il y a longtemps que cette différence est connue, multiple, incontournable et “de définition”, et qu’il faut la bêtise insondable de progressistes marqués à gauche pour la remettre vainement en question et croire qu’on peut circuler sans graves conséquences d’un bord à l’autre…) : les femmes étaient joliment habillées, soignées, et élégantes (souvent)… alors que les hommes étaient, en gros, mal rasés, négligés, et dans un uniforme “tee-shirt / jeans / baskets” du plus mauvais goût.

Persistant dans ma quête, j’ai ensuite remarqué que ces derniers (les hommes) avaient procédé à une inversion des normes : ils se rasent la tête “au double zéro” et se laissent pousser des barbes denses, dans une inversion totale de la fonction capillaire traditionnelle. Voir passer un individu au visage rasé, avec sa toison vers le haut de la tête, au bon endroit et bien à sa place, se compare aux chances de gagner à la loterie nationale : la norme à la mode semble être d’arborer fièrement un crâne luisant et une barbe foisonnante (normalement revendiquée par des djihadistes fanatiques, ennemis de toute humanité !) . Bon, me suis-je dit dans un rare accès d’indulgence, ils font ça pour se singulariser : quand on n’a pas de personnalité, on essaye de s’en fabriquer une, fût elle à l’envers et moche !

Mais là où le bat devrait blesser ces pauvres gens, c’est que cette manière de se distinguer se confond avec “être un clone de tous les autres”… ce qu’ils sont : au prétexte de ne pas vouloir être “comme tout le monde”, ils se fondent dans un modèle unique (et assez laid, n’hésitons pas à le répéter !) qui les fait ressembler à l’affreux et très antipathique Philippe Etchebest –qui est peut-être Etché (= une ferme, en basque) mais sûrement pas “best” ! En fait de modèle esthétique, c’est un cauchemar : l’archétype du mec qui tient à ce qu’on le prenne pour un djihadiste en recherche de sale coup à perpétrer et un ennemi avéré de la civilisation occidentale ! Si j’osais… “Etcheworst” serait plus approprié !

Mais s’il n’y avait que ça ! A partir du moment où on se met à chercher, on trouve, à tous les coups. Et ce que j’ai trouvé –ou, plus exactement, dont j’ai pris conscience, car je le voyais sans le voir— c’est que la France s’est soudain convertie à une nouvelle religion : le tatouage ! C’est cher, c’est laid, ça ne correspond à aucun embellissement, au contraire (NDLR : vous verrez à quoi ressembleront ces horreurs lorsque, l’âge venant, les chairs vont se détendre, se plisser, et s’affaisser, inexorablement ! Je préfère ne pas y penser ! Pauvres gens !), mais il est obligatoire, nécessaire, incontournable de se faire tatouer. De la petite branche de cannabis sur une cheville jusqu’à des décors de théâtre qui remplacent la peau (ce qui est un vrai manque de… peau !), on voit passer des éléphants, des boas, un léopard de temps en temps, des pagodes souvent, des frondaisons… Je n’arrive pas à croire que les victimes décérébrées de cette exposition universelle de laideur et de vulgarité s’imaginent que “ça fait branché” ou, pire encore, que ça leur donne l’air intelligent ! Les pauvres !

Comme à chaque fois que la bêtise a pris le pas sur l’intelligence, toute mode absurde disparaît un jour et laisse ses “fans”… fanés. Qui, par exemple, se souvient encore d’avoir sacrifié des mois et des années de son existence à fabriquer des “scoubidous” ? Or un jour viendra, à n’en pas douter (et plus vite qu’on ne le croit chez les tatoués), où ressembler à une forêt vierge ou être orné (?) de têtes de mort fera aux vivants de ce temps-là la même impression que ferait aujourd’hui l’uniforme ridicule (col interminable, pantalon pattes d’eph, et rouflaquettes) que nous considérions “normal” dans les années ‘70… sauf qu’il est plus facile de jeter un atroce pantalon “pattes d’eph” ou une chemise à col démesuré que de changer de peau : la mue, c’est un truc pour les serpents ! (NB : Macron, seul contre tous, a sauvé ses rouflaquettes. Comment ? Pourquoi ? Mystères !)

Ce n’est pas que je nourrisse quelque agressivité que ce soit contre les tatouages, les tatoueurs et les tatoués, et même les tatous ! En fait, je m’en fiche : chacun est libre de s’enlaidir sans limites et de se créer des problèmes insolubles pour plus tard. Mais ce qui pose problème, c’est qu’il est impossible à un humain classique d’aller où que ce soit sans être isolé dans un monde peuplé d’une nouvelle race qui n’a plus rien d’humain : l’homme, disait-on jadis, est “à l’image de Dieu”. Et franchement, vous imaginez possible que Dieu se ballade avec un cocotier sur l’épaule droite, la reproduction d’un lupanar des années Toulouse-Lautrec sur le dos, une mousmé à gauche, et divers félidés un peu partout ? Mais “la folie étant sortie des asiles”, tout le monde, ou peu s’en faut, est tatoué. Tatoué, l’agent de police, tatoués la caissière, la boulangère et le pharmacien. Et tatoués, souvent, le médecin, le notaire ou votre député, pour peu qu’il soit macronien ou de gauche (c’est tout un, sous deux déguisements !).

Une autre chose qui me dérange (un peu), c’est que toutes ces pauvres victimes de la bêtise du temps disent faire ça… “pour être originales’’ : dans ce temps où aucun mot n’a plus le moindre sens, ’’être original” ne semble plus vouloir dire que : “faire comme tout le monde”, suivre les suivistes, bêler en même temps que le reste du troupeau qui, en plus, commence à comprendre que tous ces signes de décadence ne peuvent le mener qu’à l’abattoir…

“Je me souviens d’un temps” chantait Aznavour. C’est sans doute ça qu’on appelle “la vieillesse’’ ! Ou ’’la nostalgie’’ ! Question éternelle : ’’C’était mieux, avant ?” –Je n’ose pas donner ma réponse : je vais encore me faire mal voir ! Mais ce qui est sûr, c’est que avant, on “existait”, plus et mieux !

H-Cl