LES INCIVILITÉS ET LES INCIVILS

Je précise ici quelques données concernant mon dernier article (LES PETITES PHRASES : TEMPÊTES DANS UN VERRE D’EAU TROUBLE ?) ? Un point intéressant émanant de l’article initial des deux universitaires danois était qu’ il « n’existe pas de définition communément admise d’une « incivilité. »

Cette grande évidence fait partie des faits fondamentaux qui tuent toute justice en France, puisque les auteurs des pires méfaits – à condition d’appartenir à des groupes protégés par les journalistes et juges de gauche – ne seront tenus pour responsables que de quelques « incivilités ».

Mais allez-donc chercher la définition d’une incivilité dans le sabir juridique. J’ai personnellement élevé mes protestations contre le terme « incivilité » lorsqu’il était utilisé par nos grandes entreprises nationales pour en éviter d’autres qui étaient plus proches de la réalité. Par exemple : agression, menaces, violences, crachats, irruption dans des lieux publics avec des chiens classés en première catégorie et non muselés, et autres « plaisanteries » du même acabit comme la destruction ou la dégradation du mobilier de l’entreprise, la moindre de leurs plaisanteries consistant à s’établir comme dans un fumoir.

Bien entendu, les syndicats de gauche de ces grandes entreprises n’ont pas cru bon de se « mobiliser » contre cet usage du mot « incivilité ». Donc, ils n’ont pas cru bon de défendre les fonctionnaires qu’ils devaient représenter.

C’est que nos grandes entreprises nationales se mettaient au pas, non de l’oie, mais des oies rouges. Nous voyons chaque jour les résultats de leur sinistre comédie linguistique qui consiste à remplacer des termes définis dans les codes par des généralités ouvrant la porte à toutes les mansuétudes, ou du moins, à toute latitude pour en défausser les coupables.

Pourtant, il existe des pistes sérieuses pour ramener le terme « incivilité » à son contenu. Par exemple, le dictionnaire de l’Académie française précise : « xve siècle. Emprunté du bas latin incivilitas, « violence, brutalité », ou dérivé d’incivil, d’après civilité. Manque de civilité, de politesse. Son incivilité choque partout où il va. Il y a de l’incivilité à répondre ainsi. Par métonymie. Action, parole incivile. Commettre une incivilité. Il multiplie les incivilités. »

Violence et brutalité : avec ces deux mots, on devrait pouvoir préciser bien des faits dans les prétoires où passent ces fameux malfrats incivils… juste avant d’être raccompagnés vers leurs lieux de « travail » favoris.

Le CNRTL (Centre national de ressources textuelles et lexicales) s’est mis au goût du jour. S’il sait ne pas oublier le sens ancien (violence, brutalité) il le noie consciencieusement dans deux définitions neutralisées.

Au singulier « Manque de civilité, oubli des convenances, du savoir-vivre. » Un synonyme nous rassure : « impolitesse ». Et l’exemple tiré d’André Maurois nous ramène vers non voisins d’Outre-Manche, accusés « d’incivilité parce qu’ils s’abordent et se quittent sans porter la main à leur chapeau. » Voilà qui nous rassure. « Nos incivils », ne savent simplement pas ôter leurs casquettes.

Quant au pluriel, les incivilités sont des « Paroles, actions dénotant une absence de courtoisie, de politesse. »

Bien ! La cause est entendue. Excusez-nous de vous avoir convoqué, cher Monsieur, pour une simple gaminerie, une histoire de casquette vissée à l’envers. Nous avons été jeunes, nous aussi. Allez ! Et n’y revenez plus…

Autrement dit, le sens profond des actes incivils se serait dilué dans une simple question de politesse, de chapeaux qu’on ne porte plus, que l’on lève ou non à temps ou à contre-temps !

Foutaises que tout cela ! La réalité est devant nous : c’est la soumission volontaire devant la pire des brutalités, celle qui mène au vol, à l’agression sauvage, au viol, au meurtre et que les gauchieurs et gauchieuses de toutes obédiences minimisent jusqu’à l’excuse et à l’inversion des causes. « Ils ne connaissaient pas les codes » !

En réalité, les incivilités que nous vivons sont bien des violences et des brutalités qui devraient être d’autant plus condamnables et condamnées qu’elles sont « exécutées » au nom de doctrines sinon de religions portées par des volontés affirmées.

Et les larves que nous supportons – au double sens du terme – sont leurs complices, payés par nos impôts.

Lorsqu’un peuple veut crever, il y met toutes ses forces. Et s’il ne le veut pas, il faut savoir que la liberté a un prix, et que celui-ci sera d’autant plus lourd qu’on aura plus attendu.

Et dire qu’on ose encore chanter au nom d’un « sang impur ». C’est à rire jusqu’à en crever.

Antoine Solmer

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