Quel est l’intérêt fondamental d’une synthèse ? C’est de résumer en quelques lignes, sinon en quelques mots, les études et travaux bien plus étoffés d’une analyse. À l’inverse, le risque fondamental d’une synthèse, d’autant plus si elle conclut de longs travaux, est d’offrir, à qui s’en empare dans une discussion péremptoire, une arme redoutable, laquelle deviendrait inefficace face à un contradicteur armé d’une solide analyse discordante. Autrement dit, nous revenons à l’éternel combat du glaive et du bouclier, dans sa version argumentaire. Et n’oublions pas qu’un glaive émoussé, trop lourd à manier par un combattant épuisé, serait de peu d’effet contre un adversaire virevoltant et frappant de toutes ses forces avec son bouclier hérissé de pointes.
Traduisons en termes de connaissance : il faut revenir au texte. On disait habituellement : « une citation isolée, non documentée, non étoffée, est un squelette sans chair. » Alors, oui, on peut tuer avec un os suffisamment long et fort, le fémur humain par exemple. Mais, comme les poissons volants, ce n’est pas la loi du genre.
On connaît trop de discussions où les débatteurs s’assènent des coups de synthèse sans avoir une idée précise de l’analyse originelle. Le résultat peut tourner à la cacophonie inutile dont chacun sort avec un goût amer, devant un parterre d’auditeurs lassés sinon enfuis.
Dans la série précédente, je me suis attaché à pratiquer une analyse des propos de Marion Maréchal. Elle a pu paraître « longuette » à certains. Elle me semblait nécessaire, tant pour mes lecteurs que pour moi-même. Maintenant, je sais pourquoi je ne peux pas la suivre sur le terrain « Ukrainien ». Et je dois me poser d’autres questions. Par exemple : « sur quel chemin puis-je la suivre en confiance ? ». Ou bien : « les chemins où nous divergeons sont-ils bloquants pour d’autres qu’elle propose, du moins de mon point de vue » ?
Comme exemple d’autre question encore plus profonde, il en est une qui ne cessera jamais de nous titiller : « Comment, pourquoi et pour quoi des personnes intelligentes, mises au courant de faits prouvés et de leurs conséquences obligatoires, persistent-elles dans leurs erreurs ? ». Cette question s’applique à Marion Maréchal et la dépasse, car elle représente une marche obligatoire dans tout cheminement semblable. Autrement dit, elle interroge la personnalité de l’interlocuteur, son parcours de vie, depuis son caractère immuable jusqu’aux changements de sa personnalité, tout ce qui dépend de sa logique, mais aussi de ses pressions psychologiques internes, voire inconscientes. Voilà qui est passionnant, et parfois déchirant, lorsque la conséquence en est une rupture obligée, surtout lorsque la vie d’un groupe est en danger.
Tel est le cas avec « Marion Maréchal, arbitre entre Russie et Ukraine ». Cas doublement dangereux car ce n’est pas Marion qui est à la tête de la France, mais un malade profond, parcouru de rêves de puissance et de gloire personnelles, dont le seul but est de dilacérer le tissu ancien de la France jusqu’à noyer le pays dans la mare aux crocodiles sur les rivages de laquelle hurlent la hyène et ses semblables.
Ne nous leurrons pas. Le gamin qui crie au loup et surtout qui le menace de ses mini-biceps photoshoppés, finira par le faire sortir du bois. Alors, qu’il se fasse « bouffer » sans qu’il en reste une miette m’importe peu. Par contre, voir mener dans les bas-fonds de l’histoire un pays comme la France qui eut une telle destinée glorieuse restera un crève-cœur. Cependant, les pays, comme les hommes, ont une fin. Cela s’appelle la mort. Et la mort ne se paye pas de sentiments. Elle nous les impose, et passe. J’ai déjà repris ce thème avec Valéry par ailleurs.
Voilà pour aujourd’hui. Pour la suite, j’ai décidé de moduler la fréquence de mes écrits sur ce blog. Ils n’apparaîtront qu’une fois tous les trois jours, lors des quantièmes divisibles par trois. Ce n’est ni une blague ni un petit pensum arithmétique que je vous impose, mais une nécessité de mon emploi du temps. La raison en est que je dois terminer deux gros essais, plus un roman, et que le temps presse. Or les articles de ce blog, nécessitent bien plus de temps à écrire qu’à lire, qu’il s’agisse de pensées personnelles, ou qu’il me faille chercher des sources fondamentales.
Nous sommes le 30 avril. Je vous retrouverai, Dieu voulant, inch’Allah, le 3 mai.
Antoine Solmer