J’ai cliqué sur un titre accrocheur de Google Actualités. Cela fait peu sérieux, je sais. Mais il est instructif de connaître le bruit de fond de la galaxie Internet : c’est la sociologie du moment. En scène, sur On est en direct, Ruquier et Thierry Lhermitte. Ce dernier est parrain de la Fondation pour la recherche médicale. Il y a pire comme parrain, ou comme marraine. Cela aurait pu être Aya… comment s’appelle-t-elle ? Imaginez !
Thierry Lhermitte est certainement un bon acteur. La preuve dans son dernier rôle du pontife scientifique. Interrogé par Ruquier sur l’efficacité de l’hydroxychloroquine (dénaturée en chloroquine, bientôt baptisée chloro ?), le « parrain » « a pris le temps de répondre tout en évitant d’alimenter vainement la polémique.[1] » Et voici sa réponse :
« … en recherche, on fait une étude, et puis ensuite les autres laboratoires essaient de refaire la même étude. Si ça marche, eh bien c’est validé au bout de deux, trois études qui ont été reproduites, et si ça ne marche pas, on dit qu’il y a un biais dans la première. C’est tout ce qu’on peut dire. C’est le consensus médical, scientifique en général, qui fait que quelque chose devient un fait scientifique. »
Il faut s’arrêter sur cette phrase. Elle apparaît si juste, si pondérée si « scientifique », qu’elle en devient suspecte, et pas seulement pour la question de l’hydroxychloroquine. La raison en est simple : pourquoi la première étude serait-elle fausse et les suivantes justes ? Est-il impossible d’envisager l’inverse ? Et cela pour bien des raisons. J’en vois au moins deux fondamentales et une très profonde, intemporelle dans sa dynamique.
Parle-t-on du même virus en tous points équivalents en virulence et pathogénicité d’une étude à l’autre ?
Parle-t-on des mêmes populations ? Lorsqu’on voit les différences de cette épidémie entre l’Italie du nord et celle du sud, on doit se rappeler que Marseille ne représente pas le reste de la France.
Qui a intérêt à ce que l’hydroxychloroquine (médicament de quelques euros) soit remplacé par le remdésivir (médicament à plusieurs milliers d’euros) pour lequel un flux financier de l’ordre du milliard de dollars a été déversé… dans quelles poches ?
Tant que les réponses à ces trois questions – et d’autres – n’auront pas été apportées, les postures pseudo-scientifiques ne seront que jeux d’acteurs. Thierry Lhermitte n’est pas le pire, mais il est avantagé par rapport aux Véran, Salomon, et autres. Lui, au moins est un professionnel. Il est même resté calme et presque dubitatif après son dialogue obligé. Il nous reste de bons acteurs. Cela au moins est réconfortant, déconfinant.[2]
[1] Commentaire écrit de l’émission, lequel vaut déjà matière à réflexion.
[2] https://www.voici.fr/news-people/actu-people/video-on-est-en-direct-thierry-lhermitte-donne-son-avis-sur-la-chloroquine-et-didier-raoult-692312