LE STUPIDE SUICIDE DE SALMAN RUSHDIE

Je ne comprends absolument pas pourquoi l’écrivain Salman Rushdie a commis ce geste stupéfiant devant une salle pleine de témoins qui n’étaient venus là que pour l’entendre. Imaginez la déception. Imaginez le tollé : Remboursez ! Remboursez ! Incompréhensible. Je n’en reviens pas.

Voilà un écrivain mondialement connu, au sommet de sa gloire, bénéficiant d’une réputation usurpée gagnée en surfant sur une vague de prétendue indignation spécifique, qui se permet d’en rajouter une couche. Muni d’un couteau suisse (honte aux Suisses) à multiples usages (merci aux Suisses), il simule un suicide exhibitionniste et exécute une pantomime de très mauvais goût, qui obligera des secouristes professionnels à le transporter vers une cellule de soutien psychologique. Je vous laisse calculer le bilan carbone, le réchauffement climatique, les risques routiers, etc.

Décidément, non seulement je ne comprends pas son geste, mais mon devoir d’écologiste vigilant m’impose de lancer une alerte concernant ce cas (je profite moi aussi d’un peu de publicité gratuite ; chacun son tour).

Et la plaisanterie ne s’arrête pas là. Il a l’audace d’embaucher un comparse de circonstance qui peaufine la mise en scène, qui l’accompagne sur le lieu, veut finalement l’empêcher de commettre un acte aussi anti-écologique, et, le malheureux, se retrouve lui aussi transporté vers une celle de soutien psychologique. Doublé, le bilan carbone !

Je comprends mieux que les dirigeants du monde presque entier se soient sentis contraints de lancer de graves avertissements. La liberté… la démocratie… le bonheur des peuples… la sécurité… J’aurais préféré qu’ils n’oublient pas la question fondamentale – je l’affirme – des toilettes sèches. Enfin, nul n’est parfait.

Si encore, cet assistant engagé en dernière minute avait dépassé les limites de son personnage… s’il s’était laissé gagner par l’ambiance grand-guignolesque… s’il avait été pris d’une crise de folie subite… ou si, je n’ose le dire, il avait subi – je dis bien subi – et interprété de travers des discours entendus je ne sais où… alors, dans ces conditions, et sous l’extrême précaution du respect de la loi qui s’impose dans les États de droit, il aurait fallu lui demander d’expliquer les dessous de la pièce que le nommé S. R. s’est cru obligé de jouer, au risque de brusquer les consciences de nos chères petites têtes blondes.

Mais non ! On le traite de « présumé coupable ». S’il vous plaît, Messiers et Dames de la Justice, n’inversez pas les rôles ! Heureusement, que l’assistant, bien conseillé et en plein accord avec les règles de la justice anglo-saxonne se déclare non coupable.

Enfin une lueur d’espoir dans cette sinistre comédie ! J’ai presque envie de reprendre confiance en nos dirigeants si bien inspirés, et en la douceur de vivre un instant troublée.

Antoine Solmer