« L’immigration : un atout pour le dynamisme économique ». Tel est le titre d’un article d’un certain Mitia Oberti paru dans La Vie des idées[1]. Si jamais quiconque ne devait retenir que deux phrases, qu’ils s’inspirent du sous-titre : « Les travaux scientifiques ne concluent pas à un impact négatif de l’immigration sur les salaires ou l’emploi des travailleurs natifs. Au contraire, les immigrés contribuent à la croissance économique, notamment en soutenant l’activité dans les secteurs en tension et en favorisant l’innovation. » Et là, avant même de lire la suite, il faut apprendre à dire clairement : foutage de gueule !
DE LA GRAMMAIRE AVANT TOUTE CHOSE
Pourquoi ? Parce que la grammaire française nous l’impose. Utiliser l’article défini au pluriel lorsque le nom auquel il se rattache n’est pas précisé par un complément ou une qualification, correspond à dire « tous les scientifiques ». On voit déjà l’arnaque.
Petite réflexion au passage, l’article pluriel utilisé ainsi est équivalent au même article au singulier. Dire « les chevaux sont des digitigrades » entraîne l’équivalence avec « le cheval est un digitigrade ». Dans l’exemple cité ci-dessus, on veut nous faire croire – autre version – que « la science ne conclut pas à un impact négatif, etc. » Je répète, l’arnaque est patente… à défaut d’être épatante. Oui, le titre annonce la couleur, à choisir entre 50 nuances de rouge-vert.
Alors, me dira-t-on, il s’agit de quelqu’un qui ne parle pas un français parfait. C’est possible. Je vois sur la page de l’Institut polytechnique de Paris sa biographie courte : « I am a 1st-year Ph.D. candidate working under the supervision of Professors Bruno Crépon and Roland Rathelot. I’m interested in labor economics, policy evaluation and international migration. In partnership with the French Public Employment Service (France Travail), my research deals with job-search process and integration of foreign workers. »
D’accord, acceptons. Mais ses mentors, les deux professeurs en question, sont de langue française. Cela dit, sur quelques sites où je les ai retrouvés, ils s’expriment en anglais, c’est la tendance du jour. J’aurais cru – c’était ainsi dans le temps – que le maître de stage corrigeait les publications de ses élèves. Alors, non-relecture ou laisser-aller ?
DES STATISTIQUES À PEINE ORIENTÉES
Passons maintenant au corps de la publication. D’emblée, le ton est donné… et l’on peut parier les résultats de leurs recherches :
« Ces débats [sur les questions migratoires] s’inscrivent dans la stratégie politique adoptée par l’extrême droite et une fraction de la droite républicaine, dépeignant l’immigration comme un “tsunami”, susceptible de mettre en péril la stabilité de notre société. »
Le méchant est immédiatement montré du doigt : l’extrême-droite. Plus loin, ce brave rédacteur se prend pour la déesse Raison face aux obscurantistes, par son essai qui : « vise à confronter le mythe d’une immigration massive sur la base du regroupement familial aux réalités démographiques de ces vingt dernières années. »
Il n’empêche : selon l’article « En janvier 2023, la France comptait 7 millions d’immigrés, soit 10,3% de la population ». Et les chiffres qui suivent ne tiendront aucun compte de l’immigration illégale. Alors, où est la réalité ? Comme si le changement de plus de 10% d’une population par une immigration de civilisations différentes ne modifiait rien. De qui se moque-t-on ?
Et dans le schéma qui suit, emprunté à M. Héran, autre pourfendeur de « mythe », on nous montre de belles droites bien régulières (et bien régulées par l’oubli des illégaux et par les voyages de ceux qui sont arrivés par l’Europe du sud).
Ah ! Comme tout serait simple si la réalité tenait dans un graphique !
Je ne poursuis pas la lecture des interprétations économiques. À partir du moment où il y a du lavage de cerveau dans la « science », le reste devient douteux.
C’est dommage car il y a tout de même des propositions intéressantes, qui ne sont néanmoins que des évidences. Par exemple : « investir davantage dans l’apprentissage du français faciliterait l’intégration des nouveaux arrivants non-francophones, notamment sur le marché du travail (Lochmann et al., 2019). » C’est bien vrai. Mais ce truisme est gâché par son opposition au début du paragraphe, qui lui, adopte la langue vernaculaire de la Gauche : « La loi immigration propose d’ajouter des conditions sur la maîtrise de la langue française pour l’obtention d’un titre de séjour long. La langue devient alors un facteur d’exclusion et une barrière à la diversification de la population immigrée plutôt qu’un vecteur d’intégration. »
Nous pourrions passer bien du temps à revenir sur toutes les pseudo-démonstrations de cet article. Contentons-nous de comprendre « d’où il parle » comme aimaient le demander les camarades socialistes.
Une fois de plus, les statistiques ne restent que des chiffres et nous parlons d’hommes ; de ceux qui s’en servent, et de ceux qu’elles servent. De ce que nous avons vu avec le covid, s’il y a une maladie contre laquelle nous sommes vaccinés, c’est celle de certaines statistiques.
Pour le reste, ouvrons les yeux sur le spectacle de nos grandes villes, du reste du pays, et des nouveaux arrivants psychiatrisés-dépsychiatrisés-repsychiatrisés par un expert en exercice illégal de la médecine comme celui qui s’est penché sur le cas du « suspect » au couteau et au marteau de la Gare de Lyon. Certes il se contentait de haïr les Français. Mais par les temps qui courent, et les personnes qui se promènent, par exemple d’Italie en France, il ne doit pas être le seul. Au suivant !
Antoine Solmer
[1] Mitia Oberti, « L’immigration : un atout pour le dynamisme économique », La Vie des idées , 6 février 2024. ISSN : 2105-3030. URL : https://laviedesidees.fr/L-immigration-un-atout-pour-le-dynamisme-economique