LA LONGUE VUE DE RUDOLF STEINER

GOETHEANUM À DORNACH
GOETHEANUM À DORNACH

 

Joseph Steiner ne fera pas la une des gras journaux. Il y a une première raison : il est mort en 1925 à Dornach (Suisse). Il en est d’autres, liées au développement de son approche anthroposophique du monde (hou ! Le méchant !), et pire encore à la création d’écoles qualifiées de « Steiner » (hou ! Le très méchant !). Il faut dire que dans un pays dont la laïcité s’affirme surtout contre une « certaine religion », et où l’enseignement se veut « éducation » dès l’âge de trois ans, Rudolf Steiner a peu de chances de remplacer les rappeurs et dérapeurs de l’Élysée et autres lieux bien couverts contre vents et marées.

Il est vrai que Rudolf Steiner, en 1917, s’occupait avec un groupe de disciples de leur grande entreprise : ériger le Goetheanum, sur la colline de Dornach, à une dizaine de kilomètres de Bâle. Pourquoi Goetheanum ? Parce que Steiner était un fervent admirateur et connaisseur de l’œuvre de Goethe. Pourquoi Bâle ? Parce que la Suisse était neutre. Steiner et d’autres doux rêveurs « vivaient dans l’idée que, tandis que tout s’écroulait autour d’eux, ils édifiaient un monument d’avenir où se retrouveraient après la tourmente ceux qu’unissait une aspiration commune vers la connaissance de l’esprit [1]. »

Il est hors de question, ici, de reprendre toute la pensée de Steiner. Toutefois, un premier extrait de sa septième conférence impose de s’y intéresser. Le voici :

« Dans l’action, l’important est toujours de vivre dans la réalité, dans la réalité vivante, immédiate, de ne pas se laisser dominer par des concepts abstraits. Dans la vie conceptuelle, il s’agit de bien voir en soi ce qui est concepts. »

Belle et bonne devise, direz-vous ! Mais il y a mieux, dans la cinquième conférence cette même conférence :

« Autrefois, au concile de Constantinople, l’esprit a été éliminé, on a institué un dogme : l’homme n’est fait que d’une âme et d’un corps, parler d’esprit est une hérésie. On aspirera sous une autre forme à éliminer l’âme, la vie de l’âme. Et le temps viendra, dans un avenir peut-être pas très lointain, … l’on dira : parler d’esprit et d’âme, c’est pathologique ; seuls sont bien portants les gens qui ne parlent jamais que du corps.

On considérera comme un symptôme pathologique le fait qu’un être humain se développe de façon telle qu’il en vienne à penser qu’il existe un esprit ou une âme. Ces gens seront des malades, et l’on trouvera, soyez-en sûrs, le remède qui agira sur ce mal. Dans le passé, on a éliminé l’esprit. On éliminera l’âme au moyen d’un médicament. En partant d’une “saine vue des choses”, on trouvera un vaccin grâce auquel l’organisme sera traité dès la prime jeunesse autant que possible, si possible dès la naissance même, afin que ce corps n’en vienne pas à penser qu’il existe une âme et un esprit.

 …les successeurs des actuels matérialistes, chercheront le vaccin qui rendra les corps “sains”, c’est-à-dire constitués de telle façon qu’ils ne parleront plus de ces sottises que sont l’âme et l’esprit… »

Quant à la treizième conférence, elle est encore plus claire :

« … les esprits des ténèbres souffleront à leurs hôtes, aux hommes qu’ils habiteront, de découvrir un vaccin qui puisse dès la prime jeunesse, par la voie du corps, extirper la tendance à la spiritualité. On vaccine aujourd’hui contre telle ou telle maladie : à l’avenir, on vaccinera les enfants à l’aide d’un produit que l’on peut très bien composer, et qui empêchera les enfants de développer en eux les “folies” de la vie spirituelle – “folie” dans la perspective matérialiste, bien entendu. »

Tout cela en 1917 !

Toute ressemblance avec des événements, vaccins ou personnages contemporains ne serait que pure coïncidence.

[1] In Rudolf Steiner, La Chute des esprits des ténèbres, Éditions du centre Triades, 1978, introduction de l’éditeur.

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Une réponse sur “LA LONGUE VUE DE RUDOLF STEINER”

  1. Ah ah, tout ça est fort bien trouvé (je trouve). Merci Monsieur Solmer.

    On rêvera devant l’immensité du tableau produit. Car le vrai Rudolf Steiner a quelque chose de colossal ; d’inouï. Il a beaucoup écrit et beaucoup enseigné.

    Sur la mort, je ne sais pas.
    Mais quelque chose justifie cet homme, au-delà de la mort et de l’idée qu’il a pu s’en faire. Chapeau bas !
    Encore merci d’avoir exhumé l’homme qui le prévoyait.

    C’est étrange n’est-ce pas, mais l’âme revient on ne l’a pas rayée. (Je ne crois pas.) Beaucoup en parlent encore et toujours. J’ai les références. Grâce soit rendue à eux ! Ne nous faisons pas peur outre mesure.

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