Ainsi, notre funeste président a lâché sa « funeste connerie » qui consisterait à bloquer un troisième mandat, pour lui, bien sûr. Pour les autres, d’ici une trentaine d’années, après six ou sept réélections de son auguste personne, une nouvelle « funeste connerie » serait de ne pas interdire la moindre réélection. Entre « son excellence » et les minus habens, il ne faudrait pas confondre. Ce serait funeste.
L’expression lui convient, puisqu’il l’a utilisée pour qu’elle soit répétée, commentée, imprimée (dans les mémoires) et surtout dans les cervelles de ceux qui le suivent, le servent, se servent, et jette des pétales de roses pour préparer son chemin d’élection. Ne nous laissons aller à aucune divine surprise. Nous verrons fleurir toutes les inversions de sens, tous les viols de langage, tous les retournements, toutes les reculades et contorsions des habitués de la bonne soupe.
François Bayrou déclare « je n’ai pas entendu ça ». Pourquoi pas ? Il existe des surdités physiologiques (l’âge, ma brave dame !) et des surdités psychologiques (ah ! bon ?). Les autres devaient être « paf » !
Mais soyons honnêtes. Comme il existe des « pré-voyants », il existe des « pré-entendants.
Madame Bachelot, honteuse de n’avoir pu recommencer son affaire des 90 millions de doses de vaccins contre la grippe d’il y a une quinzaine d’années, bavait de ne pas avoir brillé pour le coup des milliards de doses de « trucs-pour-covid ». Imaginez ! 90 millions contre quelques milliards, c’est vraiment ridicule, minable. Il y a de quoi se tirer un shot dans le gras du bras. Elle avait préféré se retartiner le clapoir de Rouge Funeste (marque déposée) pour tortiller de la langue fourchue selon la funeste recommandation à venir. « Tout le monde est d’accord pour une troisième candidature d’Emmanuel Macron »[1].
De même, Richard Ferrand, président de l’Assemblée nationale en juin dernier avait évoqué une telle possibilité. Très « pré-entendant » lui aussi.
Mais très « post-entendants » les divers journalistes africains qui daubent sur les procès en sorcellerie anti-démocratique qu’on leur fait, surtout après le coup d’État au Gabon « en partie justifié par le troisième mandat d’Ali Bongo[2]. » D’autres citent « l’opposition du même Macron au troisième mandat d’Alpha Condé en Guinée [qui] serait encore plus incompréhensible rétroactivement. »
Bon ! Tous ces braves gens se fourrent le doigt dans l’œil jusqu’à la coudure démocratique, celle où tout se forme, se déforme, s’inverse, se tricote et se détricote.
Attendons d’autres funestes et fatales paroles que le ministère informel mais très informé de la vérité traduira en langage officiel. De toute façon, il n’y a aucun risque de se tromper. Troisième mandat, troisième candidature, troisième cycle de deux mandats, deux deuxièmes élections, ou tout autre combinaison, l’essentiel est que nous soyons en démocratie, n’est-ce pas ? En cet état idéal, où une femme n’est pas une femme, mais un homme, à condition que celui-ci ne veuille pas redevenir une femme, ou ni l’un ni l’autre, ni une machine à laver automatique, ni une paire de gants Mappa (funeste plaisanterie sexiste, même gantée des meilleurs anti-intentions).
Eh bien, je préfère écouter Albert Préjean.
Amusez-vous, foutez-vous d’tout, la vie passera comme un rêve…
Antoine Solmer
[1] https://www.lefigaro.fr/politique/roselyne-bachelot-tout-le-monde-est-d-accord-pour-une-troisieme-candidature-d-emmanuel-macron-20230626
[2] https://www.courrierinternational.com/article/vu-de-l-etranger-funeste-connerie-la-sortie-de-macron-sur-la-limitation-des-mandats-est-quelque-peu-anachronique