
En direct du palais d’Aèrénolysée
Communiqué du Sars Rétrovir XIX
Mes chers Corétroviriens,
Nous sommes en guerre ! Un peuple avec lequel nous entretenions des relations plus qu’amicales depuis des millions d’années nous a honteusement déclaré la guerre. Ce peuple, mené par des dirigeants indignes, a brisé une alliance de centaines de millions d’années. Sans nous, qui leur avions offert une part de notre patrimoine génétique, leurs femelles déposeraient encore leurs œufs au hasard de leurs randonnées vagabondes, exposés aux mésaventures les plus cruelles, et peut-être à leur disparition. Mais grâce à nous, elles ont pu fournir à leurs futurs petits la protection efficace et prolongée dont ils avaient besoin pour se développer.
Et voici que cette amitié est brisée par ces arrogants bipèdes, ces pseudo-géants si fiers de leurs laideurs. Pensez donc ! Un tronc prolongé de deux paires de pseudopodes dégénérés, l’ensemble complété par une vilaine bille mal équilibrée. Ridicule ! Quand je vous regarde, je vibre à l’esthétique de votre sphéricité, de vos couronnes entrelacées, de vos couleurs resplendissantes. Ils sont têtus, nous sommes couronnés. C’est tout dire. J’en viens à penser que la laideur de ces marcheurs déséquilibrés leur est montée à la bille, jusqu’à vouloir dominer le monde qu’ils sont incapables de voir. Cela, mes chers Corétroviriens, s’appelle le mépris, ou pire, la haine. Et quand la peur l’accompagne, la folie n’est pas loin.
La folie ! Oui, mes chers Corétrovirens. La folie, une fièvre mille fois plus dangereuse que ces petites poussées dont ils ne peuvent plus supporter l’émergence, tant leur fragilité leur tient lieu de fierté et même de devise. Les voici qui croient imiter la nature, se baptisant « cocooneurs décroissants », aveugles à leur déchéance inéluctable.
Ces êtres malfaisants nous ont porté des coups, certes. Ils ont même failli nous hydroxychloroquiner. Heureusement, nous avons su parer cette attaque en montant à la tête de leurs décideurs, les patho-argyrophiles. L’un d’entre eux, un pseudolympien au petit pied, vient de recevoir notre première semonce. En comprendra-t-il le sens ? Rien n’est moins sûr.
Nous sommes prêts à toutes les batailles, comme nous sommes prêts à toutes les trêves.
Mais l’avenir nous appartient. Dans mille ans, dix mille ans, cent millions d’années, nous, virus de Rétrocovidie, serons encore à la manœuvre, alors que les bipédomaniaques déséquilibrés auront disparu de la grande mémoire terrestre, et leur guerre microcholine avec eux.
Fièrement confiant en votre énergie vitale
Votre Sars, Rétrovir XIX