
Oui, je sais, sauf diplôme sorti de la « cuisse » de Jupiter – vieil euphémisme des pudeurs olympiennes dépassées – l’actuel président n’est pas docteur en médecine. Pas encore ! Sauf si la fréquentation des éminences véranoïde, salomonoïde et autres défraîchis lui valait un certificat en bonne et due forme pour fréquentation assidue de petits cours particuliers validés par un Conseil de l’ordre bien calé dans ses fauteuils.
Rien n’est impossible. Il suffit de présider un conseil de défense médicalisé pour opérer comme neuro-chirurgien, de déclarer que nous sommes en guerre – même contre un virus – pour sauter en premier avec les chuteurs op’s. Ah ! Mais ! Vive la Saint-Michel ! Dites 33 et votez pour moi !
Staline non plus, rebondirez-vous. Et moi d’abonder : (j’utilise ces verbes pour prouver que j’écoute bien France quelque chose). Et alors ! Qu’est-ce que ça change ? N’est-ce pas sous son mandat presque électif que fut découverte la schizophrénie débutante asymptomatique ?
–– La quoi ?
–– La schizophrénie débutante…
–– Vous me faites peur ! Ça s’attrape comment ? C’est grave ? Ça se soigne ?
–– Hola ! Mon brave. Je vous explique. Pour l’attraper, c’est facile. Un jour, vous vous levez du pied gauche, et vous lancez votre pantoufle contre le mur en hurlant un juron.
–– Lequel ?
–– Je ne sais pas, moi. Votre juron personnel. Celui qui vous fait plaisir. Celui que vous polissez et repolissez jusqu’à complète impolitesse. Mais l’important n’est pas votre juron. Pas encore. L’important…
–– C’est la rose ?
–– Si vous m’interrompez systématiquement, vous ne saurez jamais rien de la schizophrénie débutante asymptomatique ? Je continue. L’important, c’est la phrase qui vient derrière le juron. Par exemple, vous dites : « J’en ai marre de ces enquiquineurs ! »
–– Mais je dis pire que ça !
–– Ce qui est grave, c’est que le voisin entend tout, derrière le mur. Quand on viendra l’interroger, il jurera que vous rencontrez de drôles de paroissiens – paroissiens ! Voilà qui est dangereux…
–– Mais je ne vais jamais à l’église…
–– Ça, c’est pire : vous vous cachez. C’est une conspiration, un complot.
–– Je n’ai jamais comploté !
–– Tout le monde dit ça. C’est la preuve. Ainsi, vous, Monsieur Bernard, vous pourriez être un porteur de germes.
–– Hein ! Quoi ? Que dites-vous là ? Mais je ne m’appelle pas Bernard.
–– Ah ! Fausse identité. Votre compte est bon.
–– Vous êtes fou ! Laissez-moi ! Je ne suis pas crizosphère…
–– Schizophrène. Répétez après moi : Schi comme un ski… zo comme zoziau, cui-cui… phrène, comme l’arbre. Vous entendez cette sirène ? De gentils accompagnateurs arrivent. Ils vous aideront à marcher. Je vous sens faiblir. Ensuite, le professeur Blouzblanche vous écoutera doucement et vous fera dormir, vous serez calme, très calme, définitivement calme. Voyez, c’est simple la schizophrénie débutante asymptomatique. Heureusement que nous sommes là, pour vous soigner, avant que ça se complique.
J’entends de drôles de bruits derrière la porte. Je reviens demain… peut-être…