LA FEMME QUI PLEURE

Écrit le mercredi 16 mars 2022

LA FEMME QUI PLEURE  (Picasso)

 

Le ciel est jaune aujourd’hui,

Pailleté des poussières du Sahara

Montées vers l’Europe.

Y a un malaise.

Vélonski, héros d’Ukraine, amplifie, enfle et parle

Poutine le froid, non dénué d’ironie, sourit.

Mac-rond, il me semble, jubile.

◊◊◊

Moi aujourd’hui, je vois le ciel jaune sur la France,

Chargé des poussières du Sahara.

Pas d’arc-en-ciel dans mon cœur, je vous le dis.

Samsara ;

Je le porte morne et gris.

◊◊◊

Les femmes pleurent.

Beaucoup d’hommes haut-placés jouissent

De leur pouvoir, de leurs jeux de scène, de leurs airs bien remisés…

◊◊◊

Tandis que je regarde tout cela,

Des traînées de mal-dits, ivres, traversent en stries

Mon corps, mon âme et mon esprit.

À aucun être d’homme, je ne puis croire.

◊◊◊

Celui à la tête de la France paraît au maximum de sa jouissance. Il dresse des jeux scéniques, se retrouve tartiné de mots à baratiner. Il semble croire à ce qu’il raconte, imagine et espère ! Il se figure comme vainqueur et héros de ce pays du Puy du fou, au faîte duquel l’a entraîné sa passion de l’illusion.

Or je ne sais pourquoi, ni par quelle alchimie secrète de mon regard déplacé, j’ai l’impression d’aviser un homme qui rigole.

Il convoque tout un chacun des sommets de l’Europe. Il présente des utopies – ou même, pour le dire plus simplement, rien.

Car Ma-crond rime avec rien. Avec enflure. Avec roudoudou, et même avec rouflaquettes si l’on veut. Il est pur jus « d’homme politique ».

Bientôt, se cuide-t-il en parodie d’un triomphe prochain.

Les réveils auront un goût salé.

◊◊◊

La Zerblinskette, prodigieux artificier de la parade, continue – et avec quel art – à se gonfler comme une tête de proue de son peuple, en un magnifique étalage d’épate courageuse ; mais là aussi, signifiante de son esbroufe.

◊◊◊

Tout à coup je comprends que, de tous côtés, on m’a grugé, moi le naïf. Ainsi, après avoir « cru », je souffre en silence (si possible cela est) ; semblable à la femme qui pleure. Impuissant à me sentir valeur vénérable – ou quoi que ce soit d’autre ; penseur par exemple.

◊◊◊

En attendant, l’heure est plutôt minable, à la terre-heure de la planète promise.

Les hommes s’amusent, à c’t’heure. Et tous ceux qui se voudraient masculins.

Il ne reste plus qu’à vivre présentement, pris dans cette grisaille jaune de l’atmosphère, ballotté des heurts et bruits du café de la Tour Maubourg… Non loin de l’École militaire en somme.

Là, ne s’achemine plus en moi

Que la loi du parchemin qui cherche à s’écrire…

◊◊◊

Aucun passé furtif ne point ; seules se présentent quelques fleurs d’étamines que je laisse s’envoler de ça de là, pétales de la fleur des morts, au sourire jaune ; avec leurs mines défaites et rieuses, rieuses, rieuses…

Noël Pomin