PRÉSENTATION DE NOËL POMIN

LA BOMBE
LA BOMBE

Présentation

Aujourd’hui, Noël Pomin, qui nous suivait par ses commentaires, a frappé plus long et plus fort. J’ai pensé que la qualité de sa pensée et de son écriture méritait une ampliation bien nécessaire en ces temps déliquescents. Il se présente aujourd’hui. Il va nous surprendre, et ça c’est bien, comme le chantait la délicieuse Marie Laforêt en Genève. Sans plus attendre, découvrez Noël Pomin.

A.S.

 

Bonjour,

J’avais ouvert le vendredi 13 mars 2020 une petite note intitulée “la bombe”.
Puis de péripéties en péripéties le système de la note, brève d’abord, s’est lamentablement amplifié. Car, pas triste, tout est devenu détourné de son but ; alangui, étiré, rendu à plus faim ni soif. Ça fait, c’est devenu : une bombe qui… dure !
Imaginez : toujours là plus d’un an après la chute, et je ne termine toujours pas d’en entendre le bruit, la gouaille, la gouappe, le grésil ; c’est là l’attente d’une fin – de la même façon qu’on attend tous, plus ou moins, notre propre fin toute la vie, avec des manières amplifiées ou réticulées selon les périodes, différentes pour chacun.
Toujours est-il que – malheur à moi ! – je n’arrive pas à conclure en ma conscience. Je suis comme un oiseau, un petit chardonneret qu’un gros oiseau a viré de son nid, en le remplaçant par son chant de coucou ; je ne chante plus dans ma tête ; je suis comme une mauviette fauvette qui se nourrit (et ça ne donne pas vraiment la ligne) de leur dires traînants, compatissants, inconsistants, virevoltants et contradictoires tous les uns plus que les autres.
J’oscille aussi, malgré tout, entre un désespoir sans espoir et un espoir sans désespoir !
Ma note, “la bombe”, est devenue maintenant, d’incrément en incrément, la “bombe 15”, infinie adjonction d’une livrée en déflation. “La fin” ne peut pas s’accomplir, d’aucune résorption en une transcendance échappée. Le contraire. (Nous avons besoin là d’une nouvelle philosophie du temps, il faut bien l’admettre.)
Je pensais cela, – cette manipulation ambulatoire, ce doublement de circuits – comme réservé à la vie intime, et j’observe que le grandiose panorama du monde des grands responsables de ce monde se livre aux mêmes pirouettes de compensations, réelles ou fictives, sans nervure ni contrôle – malgré leurs mots. Comique d’un ridicule qui ne tue plus.

Et encore, je me retrouve privilégié, je pense.
J’ai rédigé une petite autobiographie pour un restaurateur – c’est le métier qui m’occupe actuellement, écrire la vie des gens qui me le demandent. Quel courage avait encore cet homme, d’entreprendre, sous un pareil monticule de grisaille, de poussoirs et de poussière. Enfermé quoi qu’il y veuille. La métaphore des fenêtres me fait penser à ça.

Oui tout oscille ; j’ai l’impression de me mouvoir avec un horizon de vagues sans départ sans arrivée, sans début et sans fin. Si on voulait bien en faire un cauchemar, on en broderait une facile simagrée.

La guerre annoncée n’est pas celle que vous croyiez, monsieur le président qu’on nomme grand !
Quelle est votre manœuvre ?
Et bien je réponds : celle de la tristesse. Parce que vous-même êtes attristant.
Le monde est devenu secoué d’un attristement général. Pour y résister, y suppléer, il nous faudrait un grand rire dégingandé ! Quel prochain humoriste saura nous aider ?

Allez, la prochaine fois, promis, je vous livre les petits trucs pour se réjouir intérieurement malgré la liquéfaction des promesses et la dissolution des décalcomanies. Promis !
Il y en a ! Maintes femmes, par exemple, en sont pleines, y réussissent à merveille ? quelques hommes aussi ?