A.S.
Un de mes excellents amis vient tout juste de publier un livre dont je ne peux pas ne pas vous parler. D’abord parce que je l’ai trouvé excellent, ensuite parce qu’il est excellent et enfin parce que je pense que vous le trouverez excellent, chers amis lecteurs. Il est rare de trouver un ouvrage aussi dérangeant (il l’est dès son titre, pour le moins inhabituel), tellement “hors main stream”, et aussi rempli d’idées qu’on a jamais vues nulle part… et qui sont passionnantes ! Bref, vous l’aurez compris, j’ai été littéralement (c’est le bon mot, s’agissant d’un bouquin !) emballé !
Une fois cette ouverture en forme de dithyrambe terminée, il faut entrer dans le vif du sujet : c’est un livre qui est exceptionnel en tout : d’abord, parce qu’il n’est pas signé. Mon ami (je précise, c’est un ami vraiment proche, même si quelques unes de ses errances me grattouillent ou me chatouillent parfois. Je le soupçonne, sur certains sujets dits sociétaux, d’être plus à gauche que moi… ce qui, je dois le reconnaitre, n’est pas très difficile ! Mais “penser autrement”, pour les gens de ma génération, était une richesse. C’est même ce qui nous fait ne plus rien comprendre au monde actuel !) a choisi l’anonymat le plus strict, pour des raisons personnelles, familiales et éthiques plus importantes à ses yeux que la gloriole éphémère de lire son nom sur un coin d’étagère chez son libraire… si le dit bouquin “marche bien”.
Autre originalité : l’auteur a donc choisi de s’appeler, pour l’occasion, Diogène, du nom de ce philosophe cynique grec né vers l’an 400 avant Jésus-Christ, qui a laissé des souvenirs à plein de petits écoliers qui se demandaient comment on pouvait vivre dans un tonneau –en réalité, un “pithos”, grande jarre de terre cuite renversée : les tonneaux seraient inventés un siècle plus tard. On l’aimait bien, cet original qui se baladait dans les rues, brandissant une lanterne –allumée en plein jour– qu’il approchait du visage des passants : il cherchait “un homme”. (De nos jours, on dépêcherait contre lui une compagnie de CRS masqués et déguisés en Robocops, pour “homophobie”. O tempora, o mores !). Et aussi, il avait proprement envoyé promener Alexandre le Grand, pas n’importe qui. Ce roi de Macédoine lui ayant demandé s’il pouvait faire quelque chose pour lui, avait eu cette réplique : “Oui. Ote-toi de mon soleil !”. La barre est ainsi mise haut ? On ne sera pas déçu.
Dernière originalité : toujours par culte de sa liberté, mon ami a tenu assurer sa distribution lui-même et pour se le procurer, il faut donc le commander par mail à l’adresse suivante : www.lebianediteur.fr au prix de 21€50. Pour ce prix-là, il est livré à domicile, grâce au mariage (pour tous) de Diogène et d’Amazon. Et en plus, comme il aime plus que tout partager ses idées, il a décidé de distribuer une version numérique gratuitement et en diffusion libre, ce qui signifie que chacun pourra l’envoyer à qui il voudra sans en demander la permission à l’éditeur. Mais c’est pour “le fond” que je pense que s’il y a un livre à lire cette année (en dehors des romans et des bouquins écrits par des amis), c’est à celui-là qu’il faut donner la priorité : tout est passé au crible, nos angoisses, nos échecs, nos problèmes, nos erreurs, nos peurs, nos épreuves… Et dans le lot, tellement peu de succès…
Vous avez compris l’idée générale : “231 ans, 5 républiques et 15 constitutions” après les espoirs immenses qu’avait fait naître la révolution de 1789, elle-même fille de la philosophie des Lumières et de l’explosion culturelle qu’a été l’Encyclopédie… les peuples sont déçus et la déception est immense : pas une seule des grandes promesses n’a réellement été tenue. La Liberté est en train de disparaître de plus en plus vite de notre panoplie d’espoirs disponibles… l’Egalité est un motto politique pour une gauche en voie d’extinction, dévorée par ses mauvaises idées et par les plus irresponsables de ses rejetons… et la Fraternité n’est jamais sortie de la gangue d’une utopie sans lendemains possibles… Il reste la loi Darmanin contre tout sauf l’islam, pour comprendre enfin pourquoi l’espoir se ratatine et disparaît…
Où chercher des explications à cet “échec final de tant de succès d’étape”? Notre “Diogène-saison XXI” se surpasse, en décrivant une quantité impressionnante d’erreurs conceptuelles dans tant de domaines (si certains ont été oubliés, ils ne sont pas nombreux). Citons au hasard : la démocratie (égarée) qui est devenue un gouvernement (raté) du peuple (disparu) par le peuple (escamoté) ; le Concours Lépine politique (plus con que moi, tu meurs) ; la gouvernance sans gouvernants (= notre quotidien) ; les signes extérieurs de mépris (et pas que…) ; les minorités dirigeantes (et leur auto-affranchissement de toutes les règles) ; l’impuissance publique (aboulie, ataraxie, apathie, asthénie, anathèmes) ; les discours-fleuve contraignants vides de tout sens ; l’anti-maïeutique de la démocratie… On n’arrive pas à faire le tour des sujets qui semblent maîtrisés depuis toujours, dont plus personne ne se demande s’ils l’ont été une seule fois. Le roi est nu et nous avec lui.
Toute bonne “critique littéraire” serait incomplète sans quelques citations qui ont particulièrement séduit le préposé. “Tout casseur qui se respecte habillera ses instincts de raisonnements logiques et de motivations généreuses”... Ou encore : “Après son élection , Emmanuel Macron a tenu des mots très durs sur notre système politique, en parlant de sa ’‘vacuité”, l’accusant de fonctionner dans l’intérêt des groupes qui l’animent, et affirmant en “avoir touché les limites”. Quelle conclusion en a-t-il tiré ? Qu’il devait y occuper la première place !“. Une petite dernière ? ’’L’impuissance publique offre un terrain idéal au développement d’un véritable autisme sociétal. Le Petit Larousse définit l’autisme comme un ’’repli pathologique sur soi accompagné de la perte de contact avec le monde extérieur”. Cette phrase ne vous fait-elle pas penser à ce qui reste de ce qui fut le France ?
Il est hors de mes capacités de résumer une “somme” qui ne peut ni ne doit l’être. Si je vous ai donné envie d’essayer, tant mieux pour vous. Et dans le cas contraire, tant pis pour moi. Bonne lecture tout de même, pour ceux qui me feront confiance.
H-Cl – alias Nicomaque (l’ami de Diogène)