À MA GRANDE HONTE… ET MON NON MOINS GRAND PLAISIR

HENRI VIII TUDOR
HENRI VIII TUDOR

À ma grande honte, je dois avouer une lacune profonde dans mes connaissances et, de ce fait, dans la rédaction de mon article précédent qui jouait sur les chiffres et les lettres… des prénoms des souverains d’Angleterre et autres lieux à marées multiples.

J’ose à peine le dire, tant c’est énorme. J’en demande pardon aux mânes de la digne Élisabeth II, ainsi qu’à ceux de ses ancêtres Henri VIII, Élisabeth Première, Marie Tudor. Et j’en rajoute un plein panier destiné au nouveau roi Charles III. Long live the King !

UNE HONTE RAISONNÉE

La raison de cette honte qui m’accable ? Très simple, quasi liturgique, proche de l’outrage à majesté. Heureusement, je ne m’appelle pas Mishima. Sinon le sepuku se fût imposé. Brrr…

En bref et pour ne pas lasser la patience du lecteur, voici le grand coup que j’ai pris dans la tronche : les souverains d’Angleterre choisissent leur nom officiel. Comme les papes, direz-vous. Oui, mais pour les papes, on est habitué. La fumée blanche, Habemus papam, etc. Avec le dernier, le fameux François que personne n’ose qualifier de premier – de peur d’en voir arriver un deuxième du même tonneau, je pense – on avait fait un saut qualitatif par dessus les Pie, les Innocent, les Léon, Grégoire, Jean-Paul, Benoît. Saut qualitatif, du type salto arrière, avec réception brutale. À reprendre. Mais je m’éloigne, encore que… non pas tellement, puisque le souverain anglais est de fait chef de l’Église anglicane.

Ma grande honte, disais-je, mais aussi mon non moins grand plaisir, car mon questionnement naïf (“Dois-je imaginer que la reine Élisabeth II n’ait jamais eu une pensée pour ces coïncidences de prénoms, de chiffres et de zones turbulentes ?”) se doit d’être mis à jour. Elle y a pensé, ainsi que le nouveau Charles III.

Ainsi s’actualise et s’approfondit mon questionnement précédent que j’ajuste à la question de l’Église anglicane.

HENRI VIII

Petit rappel qui remonte à Henri VIII. Ce souverain avait reçu une solide formation théologique qui lui permit de s’opposer à Luther, au point qu’il reçut le titre de Défenseur de la Foi. C’était un temps que les moins de 700 ans ne peuvent pas connaître. Pourquoi se limiter à 20 ans, comme le chantait Aznavour ? Donc, un souverain de belle prestance théologique, mais doté également d’un solide appétit charnel. Pour ne parler que des épouses, il en eut six, dont deux qu’il fit exécuter. Oublions les maîtresses et les camarades temporaires ! Mais, et c’est là que le bât blesse, il dut divorcer de Catherine d’Aragon pour épouser Anne Boleyn. Le pape Clément VII refuse d’annuler le mariage. Henri III se fâche, et c’est la rupture avec le pape, d’où naîtra l’Église anglicane en 1531.

Ah ! Si le pape avait été un peu moins figé, s’il avait rencontré Anne Boleyn, peut-être… la destinée de l’Église catholique en eût été changée. Imbécile ! Crieront les savants historiens ! Il y avait des enjeux stratégiques. Hé là, camarades, calmez-vous ! Je sais bien qu’il y avait des enjeux stratégiques, et même des secrets-défense. Il y en a toujours quand on veut sauter les barrières, quitte à y laisser son froc. Mais dommage pour Anne Boleyn, qui y laissa finalement son cou, sous prétexte d’adultère, d’inceste et de haute trahison. À moins que cette charge juridique n’ait été qu’un montage… comme il n’en existe plus de nos jours, et encore moins chez nous, bien entendu !

ÉDOUARD VIII

D’un huit à l’autre, nous voici en 1936. Le souverain Édouard se prend – ou est pris d’amour pour la fameuse Wallis Simpson. Cette dernière ne manquait probablement pas d’atouts, ni d’arrière-pensées, selon les les mauvaises langues qui furent peut-être moins aveugles que le pauvre Édouard. Toutefois, épouser une Américaine, serait peut-être passé, si shocking que cela dût paraître. On raconte (je n’y crois pas, puisque j’en suis à l’origine) que nombre de respectables ladies manquèrent en trépasser en avalant leur five-o’clock tea de travers. On raconte aussi, et c’est probablement plus crédible, que les deux divorces de l’Américaine heurtaient le flegme british, mais aussi que la carrière personnelle de la gente dame l’avait poussée dans des salons chinois très spéciaux et aussi vers des diplomates dont le fameux von Papen.

Bref, Édouard VIII dut divorcer. La suite, vous la connaissez. On peut dire que le roi Henri VIII a dû se retourner dans sa tombe. Lui qui avait tenu tête à un pape, et créé une Église !

ET CHARLES III DANS L’AFFAIRE ?

C’est ici que l’histoire s’entortille. Tant qu’il était prince de Galles, ses fréquentations féminines ne comptaient pas, au moins pour la grande histoire. Mais arriva Camila, et ensuite Diana Spencer. Les choses se compliquaient. Bref, se fut une jolie histoire de triangle amoureux, ou presque, car « notre ladi di » fut cocue comme la dernière des marmitonnes. Mais comme il fallait assurer la descendance, la pouliche dut pouliner. Enfin, le devoir accompli, le couple se sépara, comme on le sait.

Restait Camila. Charles, maintenant III, si lunatique qu’il paraisse, tînt ferme. Camila il voulait, Camila il aurait. Un petit peu du caractère de l’arrière-arrière ancêtre Henri VIII. Mais rien du très proche Édouard VIII.

Pourtant, les canons de l’Église anglicane interdisaient à un tel personnage de se marier avec une divorcée (Camila) d’autant que la faute était doublée de l’adultère caractérisé.

Que croyez-vous qu’il arriva ? Ce fut l’Église anglicane qui céda. Eh oui, pour son futur chef (officiellement, gouverneur suprême de l’Église d’Angleterre) de menus arrangements sont toujours possibles.

En dernière nouvelle, j’apprends que Charles III étudierait le Coran. Encore un petit effort, et on disperse définitivement les restes d’Henri VIII.

UN NON MOINS GRAND PLAISIR

Les compliments ou appréciations ne pleuvant ni à verse ni sur commande, autant s’arroser soi-même. Saisir une coïncidence farfelue (en apparence), en tirer le fil, et s’apercevoir qu’on a touché dans le mille, offre une discrète saveur à l’écriture. Un peu comme un auteur de roman policier parti à la dérive pour une aventure illogique, et découvrant le coupable d’un fait divers réel.

Faut-il parler de synchronisme ? De vérité révélée ? De coup de chance ? D’ironie du sort ? Choisissez !

Peu importe ! Un légère touche de révision historique, et un regard amusé sur l’actualité, voilà qui s’apprécie.

Garçon ! Un gin, please ! Du Beefeater, un Burrough’s reserve. Celui dont se régalent les « free thinkers » comme l’affirme votre site.

Ah ! J’oubliais. Free thinker ! Je ne suis pas libre penseur, seulement épris de pensées libres. Ça devient rare en Macronie.

Antoine Solmer