L’INTELLIGENCE EN TEMPS DE CRISE

UN TITRE RIDICULE ?

Le titre de cet article, “L’intelligence en temps de crise” semblerait ridicule à première vue. Pourquoi ne pas se contenter du seul mot intelligence ? Plusieurs réponses à cela. D’abord, l’adjonction d’une locution circonstancielle module le premier terme. Ensuite, le seul mot intelligence connaît de multiples définitions, et le second, crise, mérite lui aussi les siennes.  Voilà que la situation se complique… à moins que ne se simplifie, finalement, grâce, justement à cette adjonction qui met notre titre “en situation”.

L’INTELLIGENCE

Mais enfin, si nous revenions à l’intelligence ! La foule réclame une définition. Je cède et lui en fournirai deux. L’une est très connue : l’intelligence est la capacité de s’adapter. L’autre l’est moins car elle m’est personnelle : l’intelligence est cette étrange faculté offerte à certains de dire et de faire les pires bêtises, celles devant lesquelles tout imbécile reculerait et s’enfuirait, effrayé et rigolard.

Alors, direz-vous, les intelligents sont bêtes ? Eh oui, bien souvent, et ils atteignent le sommet de la bêtise lorsqu’on leur laisse la bride sur le cou. Au point que je serais prêt à demander qu’on enferme dans leurs laboratoires les génies qui y travaillent, un peu comme les souris blanches qui leurs servent d’animaux de compagnie. Mais nous vivons en France, un pays cartésien qui se prosterne devant l’intelligence et lui offre un vaste terrain d’expérience en termes de bêtises. La boucle est bouclée. Ma proposition ne passera jamais. Mais j’ai tout de même le droit de rêver, bêtement.

La foule s’agite. Elle veut sa part du gâteau intellectuel promis par l’expression l’intelligence en temps de crise. Je m’exécute pour éviter l’exécution.

LA CRISE

Le mot crise vient de loin, d’une racine indo-européenne, krei qui a donné des dérivés en grec et en latin [1]

Du grec nous retiendrons krinein (séparer, choisir, décider, juger). Toute une famille de mots en jaillit : ceux du tribunal et des juges (kritês), auxquelles s’opposent  l’hupokritês, où vous reconnaissez notre hypocrite. Mais attention, le mot en grec signifiait interprète des songes, devin.

Entre le juge et l’hypocrite, entre celui qui utilise des critères et celui qui plonge dans le sommeil des autres, attention à ne pas déraper vers des cauchemars, vers la crise, médicale ou autre. 

Du latin, nous obtenons le cribrum, notre crible qui nous permet de tamiser, de séparer le bon grain de l’ivraie, mais aussi de rendre par évacuation (excernere) ce qui deviendra l’excrementum, nos excréments, nos certitudes, nos décrets, nos secrets, nos récriminations, nos criminels.

Bref, en temps de crise, il nous faut un juge qui décrète, ne se perde bas dans les songes, excrète ce qui doit l’être, discrimine le criminel du brave citoyen, tout en restant en concertation avec lui pour sa propre autocritique .

Vous ne rêvez pas, tout cela est contenu dans la crise.

QUI MAÎTRISERA L’INTELLIGENCE DE LA CRISE ?

Vous comprenez donc de quel type d’intelligence il s’agit pour sortir de la crise. Non pas des fumées savamment dispersées par les professionnels de la tromperie dont toute la Ve République — à part Pompidou [2] — nous a offert un tableau majuscule. Non pas les accordéonistes si intelligents, ni les spadassins florentins, ni les matamores matant les donzelles, ni les hâbleurs du café du coin, ni les pitres scooterophiles, ni les gamins à maman. Tout cela nous a préparé la crise, la Grande Crise qui sera peut-être la “der des der” si nous n’y mettons pas bon ordre en bonne intelligence. Et ce ne sera ni court, ni frais ni joyeux, comme on le répétait à l’envi en août 14, avant de patauger dans la boue des tranchées.

Car si la relève, la vraie, ne prend pas le pouvoir, nous allons plonger, plus que dans la boue, au grand plaisir des Américains et des Allemands réunis avant de goûter du sabre de l’islam.

 Il y faudra une intelligence du temps court et du temps long, de l’action et de la pensée, de la volonté, nécessaires pour tenir contre les pires obstacles, ceux qui viendront de l’intérieur, de l’islamo-gauchisme et de ses associés. Il y faudra la vigueur ce qui n’est pas la force brute, mais la pression mûrement réfléchie qui autorise les audaces inattendues. Il y faudra la joie profonde compagne de l’amour désintéressé envers la Nation française. Il y faudra, malheureusement, la chance et le courage face aux risques sacrificiels.  Il y faudra une âme.

Tout cela ne s’apprend pas dans les officines politiques et autres crémeries du type « Au bon beurre ». Au contraire, ça s’y désapprend. Et c’est encore le Français de base qui doit payer l’addition de ces M’sieurs Dames.

Tant pis, nous payerons, pour qu’Éric Zemmour sauve la France.

 

Antoine Solmer

[1] Jacqueline Picoche, Nouveau Dictionnaire étymologique du français.

[2] Le seul qui a osé dire : « Arrêtez d’emmerder les Français ».