Nouvel article de l’ami Claude, qui n’en manque pas une… La preuve, ce florilège de journées impensables dont nous avions épicé une de nos conversations récentes (Toujours un régal). Il vous propose une visite pittoresque du calendrier revu et amplifié par une batterie de cuistres. Voyage pittoresque dont il sublime la cuistrerie en fumet rabelaisien. Cependant, l’adjectif rabelaisien provient du maître es anagrammes Alcofribas Nasier. Peut-être, le goût de cet art littéraire lui en vint-il un soir où il se livrait à une longue découverte de son breuvage favori, le pineau de la Devinière. Notre conversation n’avait nullement profité de ce genre de breuvage, seulement d’un excellent café. Mais qu’avaient donc fumé nos prédécesseurs en cette dinguerie calendaire ?

Antoine Solmer

________________________________________________________________________

Pour sauver le peu qui reste à sauver ? Des “journées de…”

  Il se passe tellement de choses, dans le monde, que l’on a bien du mal à suivre l’actualité. C’est ainsi que, par un miracle qui a illuminé ma soirée, j’ai appris l’autre jour que nous étions en pleine semaine du goût, ce qui m’avait totalement échappé : moi, je croyais, bêtement, qu’on était en pleine semaine du Super, du Sans plomb et du Diesel à prix renforcés … dont le goût dégueulasse devrait empêcher toute confusion… Cette nouvelle à peine avalée, j’apprenais que ce jour-là était aussi “la journée mondiale des paresseux”… Je me suis senti pile  “dans le collimateur”…

J’ai donc allumé mon autre moi-même, ce téléphone qui n’en est plus un et sans lequel, moi, je ne suis rien… pour découvrir que les “paresseux” fêtés ce jour-là n’étaient ni des amateurs de sieste ni des travailleurs de raffineries encartés à la CGT… mais ces espèces de trucs à dormir debout, tout poilus, qui passent toute leur vie la tête en bas, en haut des arbres, en Amazonie. Ce singe qui n’en est pas un passe 80 de son temps à pioncer-profond, se déplace à 20 cm/minute (un rêve, pour nos faux zécolos en mal de contraintes automobiles !) –ce qui veut dire 8 h pour faire 1 km ! Au moment où l’humanité revendique, avec les vrais “paresseux” à la mode Nupes, un soi-disant “droit au repos”, lui consacrer une petite journée de rien du tout semble être le minimum syndical qu’on puisse lui offrir ! J’ai donc la joie d’apprendre à une majorité d’entre vous, chers amis-lecteurs, qu’il existe, contre toute espérance et toute ambition pour le devenir à long terme de l’humanité, une Semaine du gôut –Question angoissée : lequel ? le bon, le mauvais, le sucré, le salé, le ba(goût) ou le ra(goût ?)– et une Journée mondiale des paresseux.

Les lecteurs réguliers de ce blog (il doit bien en exister un ou deux, ici ou là, non ?) connaissent ma soif illimitée de découvrir les limites sans limite de la connerie humaine. Donc, question suivante : “C’est quoi, ces journées internationales du… des… ou de la… dont on nous bassine ?” Alors… “Yallah !” En avant pour découvrir une nouvelle facette de ladite connerie. Et une fois de plus, je n’ai pas été déçu : j’ai mis le pied dans un univers absurde, où la bêtise la plus pure règne en maître ou en maîtresse (selon que vous parlez français ou “inclusif”). C’est tellement énorme que je vais, pour une fois, m’abstenir de 95 % des commentaires plus aigres que doux que cette lecture me donne  envie d’éructer… Tout cela est trop stupide !

Imaginez une série de bureaux, dans la tour de l’ONU, occupés par des ronds-de-cuir trop grassement payés (net d’impôt) à ne rien faire d’utile pour personne… Mais c’est pas tout ! Il faut tout-de-même meubler des journées trop longues (la vue panoramique sur Manhattan… on s’en lasse !). Et la nature ayant horreur du vide (qu’ils sont, tous et chacun, ensemble et séparément), ils ont trouvé un truc pour emmerder le plus de gens possible (Tiens ! Voilà un joli job de repli pour Emmanuel Macron, une fois que, ce dernier quinquennat terminé – Ouf ! – dans le néant, il ira rejoindre Hollande et Chirac au purgatoire des rois fainéants !) : fabriquer à l’infini des journées mondiales ou internationales de ceci ou de cela. Tout excité par cette belle découverte, j’ai entrepris d’essayer d’en savoir davantage sur le métier, les gens qui le pratiquent, et sur leur utilité ontologique. Et je n’ai pas été déçu.

Comme toujours, et sans oser le reconnaître, ils ont du prendre modèle sur le fameux “Synaxaire hagiographique” de l’Église catholique, qui gère un grand saint principal et tout plein de santons secondaires, chaque jour… Sauf que, pour nos “onusiens”, c’est dans un (dés) ordre inexpli- et inextri- cable(s) où se mêlent les “jours de..” et les “semaine de…”. La consultation de ce chef d’œuvre de l’art abscon (sans “s”) mérite que vous sacrifiez 5 minutes de votre temps (si précieux, tout le reste… de son temps !) pour vous rendre compte “de visu” de l’immensité de la perversion dont sait se rendre capable et coupable notre espèce humaine…

Pour ceux qui n’ont pas le temps, je n’ai pas résisté à l’envie de relever une petite vingtaine d’aberrations (sur des centaines) encore plus absurdes que toutes les conneries “XXL” qui nous pourrissent la vie, de la gestion de Paris par la mère Hidalgo aux  autoroutes à 110 km/h. “Attachez vos ceintures !” Au hasard de mes étonnements, j’ai découvert que le 4 Octobre de chaque année, c’est la Semaine mondiale de l’Espace –qui s’en trouve tout requinqué ! On continue : le 1er février, Journée mondiale des zônes humides – qui n’existeraient pas sans elle, c’est certain !  Chaque 20 Février, nous fêterons la Journée internationale de la langue maternelle (interdiction de parler la langue de son père ?). Et le 15 Mars, c’est la Journée internationale du bonheur. Ça, au moins, c’est du concret, non ?

On continue, c’est trop con ! Le 7 Avril, Journée internationale du vol habité (dont l’utilité crève les yeux !), et le30 du même mois, c’est (Enfin ! J’ai cru qu’ils l’avaient oubliée !) la Journée mondiale du Thon (j’ai les noms, dirait Coluche !). Le 18 juin ne commémore pas du tout l’appel à résistance d’un Général à titre temporaire, mais la Journée de la gastronomie durable (comme le dit la pub’ : “On se fait un Deliveroo ?”) dont j’avoue ne comprendre ni l’intitulé ni l’inutilité : la gastronomie n’existe que pour être mangée… Faudra qu’on m’explique !). Mais on entre enfin dans les vrais sujets, le 22 Mai, avec la Journée internationale pour l’élimination de la fissure obstétricale (je vous jure que c’est vrai ! Même que je n’ai pas réussi à comprendre le but poursuivi !). Poursuivons : il y en a des centaines, tous ‘’pires’’.

Restant dans le concret et le “directement utile pour l’humanité”, le 29 Juin, c’est la Journée internationale des astéroïdes (on comprend l’utilité !)… le 30 Juin, la Semaine mondiale de l’allaitement maternel (Au boulot, les mecs !)… avant d’atteindre le point haut de leur stupidité : le 29 Août, voilà enfin la tant attendue “Journée internationale des victimes de disparition forcée” (je jure que c’est vrai… Vous pouvez relire : ça n’a aucun sens !). Le 2 novembre, on se calme, car celle-là est vraiment utile : Journée mondiale de sensibilisation aux tsunamis – particulièrement attendue par les Suisses, les Tchadiens, les Savoyards et aussi les Népalais… et dans tout le “Neuf-Trois” dont Macron trouve “qu’on dirait la Californie” (NB : il devrait voyager !). Autre question : pourquoi “mondiale” pour les uns et “internationale” pour d’autres ? La réponse est :  “Mais parce que !”, c’est évident !

Sans doute à cause des horreurs de la soldatesque russe –pas les ukrainiens : eux, ils sont irréprochables, c’est Volodymyr qui le dit, repris en chœur par nos chœurs de vierges !– on s’est unis le 5 novembre dans une utile Journée internationale pour la prévention de l’exploitation de l’environnement en temps de guerre et de conflit armé (nul doute que grâce à elle, plus jamais un seul soldat en guerre ne commettra le moindre écart de conduite !). Et pour finir l’année en beauté, vous n’oublierez pas, le 27 décembre, la Journée internationale de préparation aux épidémies (NDLR : quand je vous dit qu’ils nous prennent pour des cons ! Après le ratage grandiose du covid, avant, pendant, après, ensuite et depuis… ils donnent des leçons et des conseils ! ). Cette grande fête tombe juste après – accrochez-vous à votre siège, si j’ose  !– la Journée mondiale des Toilettes… dans laquelle je mets beaucoup d’espoirs, tant les gens qui “gèrent” (si mal) le monde ne méritent vraiment aucun autre destin que celui-là : une chasse d’eau très violemment tirée !

Bien sûr, ce n’est pas l’envie qui me manque de me répandre en commentaires cruels. Se dire que des troupeaux d’inutiles malfaisants ont salaire, secrétaire, bureau, bagnole et frais de fonction… et bonus cachés, à la fin de l’année… pour remplir la planète de vomissures sans tête ni tête… je m’arrête : je deviendrais grossier, n’ayant ni su ni pu découvrir la date de la journée mondiale des cons !

H-Cl