EMMANUEL, L’HOMME QUI PLANTAIT L’ESPOIR

L’homme qui plantait des arbres

Écrit le «31 mars 2021

  1.  Ça explose

Nous avons atteint le bout, le sommet de la courbe, le pic ? – Avons-nous, comme disent les Anglais ?

L’infection d’une nouvelle souche, en provenance de leur sol, a changé les prévisions. Ce qui pouvait être contenu, explose désormais, dans le mélange de leurs auberges.

Nous votons… Pour qui ? Un seul homme décide ! Big Macron. Pouvoir solitaire.

Dernières nouvelles de demain. C’est madame Geneviève Tabouis[1] qui parle : nous sommes embarqués sur le frêle esquif d’un bateau en perdition, mais rempli d’espoir…

 

  1.  Allez allez, pas d’discussion

On appelle, au doigt mouillé, de plus propices auspices. Des mesures plus décisives (on n’en connaît pas encore la teneur officieuse dans le détail). Simplement, on sait qu’il va y avoir un embêtement plus général de la population (pour faire homogène ! ) : « Allez allez[2], c’était trop peu, pas assez uniforme, là ! Maintenant engrangeons tout le monde dans le même panier, et secouons bien, « ils » passeront à la même friture, et seront tous embouillantés, à la fois et en même temps !

Et le petit peuple que nous formons se retrouve, proprement, cassé de plus belle.

 

  1.  Vertus théologales

Foi et espérance

Et la foi ? Eh bien la foi reste dans l’espérance des lendemains roses promis, beauté de la nature qui revient dans sa chaleur vive et affectueuse, emplie de clarté… (Il faisait beau ce mercredi 31 mars.) Annonce presque messianique.

Homogénéité et beau tableau de l’école, des enseignants, des infirmiers et réanimateurs ; et puis convivialité promise à revenir, en mai… (bars et restaurants, cafés ; théâtres, etc.) De plus les vaccins vont parler ; ils vont barrer la route au virus cruciforme couronné, qui nous attaque !

Tout cela est l’advenance annoncée du bien et de l’amour à l’horizon, suite à ce :

« Mal qui répand la terreur, Et que le ciel en sa fureur… »[3]

Cependant : aucune preuve. Une synthèse et une argumentation de… croyance. Un mystère, auquel il nous faut de nouveau adhérer.

Mais alors la foi ? Vous l’avez compris, elle est celui qui la porte et l’offre au pays, avec toute son énergie de communiquant : ça va, ça ira, ça vaut ! Vraiment, c’est comme Dieu qui parle ! Réveillez-vous ! Croyez ! en Dieu ou son prophète ; son prêtre ;  aux prédictions auto-réalisatrices de son messie.

Or voici qu’à l’aube de la plus grande fête du christianisme, on assiste à son inénarrable détournement par l’autre fanfaron, – si sincère qu’il soit ou veuille le paraître !

Charité

Et la charité, me direz-vous ? Si on regarde bien, on devrait également la trouver dans ce tableau d’esperanto où nous voilà encartés, engrammés en solennelle conscience verbale.

Non, on ne la trouve pas ; mais il y a l’argent (qui, remarquons-le, ne ressemble que de loin à la charité) ; il a disparu comme cause, subrepticement escamoté. On n’en parle plus car son « quoi qu’il en coûte » a été réalisé. Il va encore coûter 11 milliards d’euros par mois, jusqu’au bout ! Une paille ! Promeneurs insouciants, nous en croquons un bout entre les dents ; il fait beau, c’est bientôt l’été.

Les gens aidés le sont avec une potion magique, ils sont fichés, administrés par on ne sait quelle injection ; 11 milliards par mois pour un temps non défini. Bien qu’on croie en avoir donné une définition – par l’espérance

Alors la charité, où se loge-t-elle où se cache-t-elle ? Où est-ce que le grand peuple français la fera re-vivre ?

Autrement dit, où nous aimerons-nous les uns les autres ? Et comment ?

Ma réponse à ces questions est : dans l’ordre du bon sens, et d’un enthousiasme non simulé ! Ça s’oppose aux simagrées.

 

  1.  L’homme qui plantait des arbres

D’ailleurs je vais vous faire un petit aveu : j’ai eu l’occasion récemment de lire – on me l’aura mis sous les yeux – un texte étonnant de Jean Giono, L’homme qui plantait des arbres[4], que je ne connaissais pas – C’est une immense imposture littéraire car dans ce conte, présenté comme une aventure personnelle géographiquement et historiquement située, rien n’est réel ; tout y est fictif, inséré pour les besoins de la cause. Quelle cause ? Celle de croire, de faire croire en une belle histoire, si idéale et merveilleuse qu’elle soit !

Toutes choses égales par ailleurs, c’est dans cette situation que je me sentais être, après l’oraison de l’imposteur ; je me sentais l’auditeur d’une fable et le spectateur d’un paysage inventés, pour que leur l’avenir me satisfasse.

À bientôt Emmanuel, Dieu avec nous !

[1].  Oratrice de Chroniques politiques, Les dernières nouvelles de demain, diffusé sur les ondes, énoncées régulièrement dans les années 1950-1960, d’une voix nasillarde et prophétique, introduites par sa phrase fétiche « attendez-vous à savoir », et conclues par cette belle formule : « À dimanche prochain, pour les dernières nouvelles de demain ».

[2].  « Allez, allez Pas d’discussion Allez, allez Exécution ! » Cf. la chanson La tactique du gendarme, Bourvil, 1949

[3].   «… Inventa pour punir les crimes de la Terre » (La Fontaine)

[4].  Nouvelle de Jean Giono, commande du Reader’s Digest, suite à un concours, en 1953. Parue réellement dans l’autre revue américaine Vogue, en 1954, sous le titre L’homme qui plantait l’espoir et faisait pousser le bonheur.

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