COMMENCERAIT-ON À OUVRIR LA BOÎTE AUX SOUVENIRS ?

L’épisode de barbarie islamiste a surpris tout le monde, jusqu’aux Israéliens. Des services de renseignements sourds, ou muets ou non écoutés ! Une armée qui reste l’arme au pied pendant cinq heures ! Des citoyens qui doivent sortir celles qu’ils avaient dans leurs maisons ! Et tout ce qu’on saura par la suite !

C’est à se demander si le chasseur israélien n’avait pas posé un piège pour une proie trop grosse, trop vive, trop réactive, et trop entraînée. J’accepte que cette supposition soit de pure logique et peu vraisemblable. Mais enfin, Pearl Harbour était un gros morceau à offrir aux Japonais pour que les USA se donnent le prétexte d’entrer en guerre avec le Japon. Les USA sont les USA, et Israël est Israël. D’accord !

Il ne reste donc qu’à avaler de travers cette défaite sur le terrain et dans les esprits. Et cela restera longtemps dans les têtes. Surtout lorsqu’il faudra rendre compte des futurs soldats tués lors des gros combats qui les attendent dans Gaza. Des tués qui auraient pu avoir un autre sort si Israël ne s’était pas endormi sur ses lauriers.

C’est que, depuis 1948, depuis Exodus, depuis les exploits de l’Irgoun, de la Haganah qui osaient s’en prendre à tous ceux qui les gênaient, Juifs ou non Juifs, sans mettre de gants (revoir l’attentat contre l’hôtel King David de Jérusalem et ses 91 morts) de l’eau a coulé pour fertiliser les sols et faire pousser les oranges. L’eau, les oranges, c’est bien joli, c’est nécessaire, mais cela ne stimule pas l’esprit de combat lorsque du temps a passé et qu’on finit par sentir le poids d’une arme au côté.

C’est que, le monde entier ne regarde plus Israël avec les yeux de Chimène. C’est que les grandes nations doivent compter avec des populations un peu plus basanées qu’avant, dont les turbulences périodiques donnent du fil à retordre à leurs polices, et bien du papier à mouliner à leurs magistrats.

Et puis, les vieux radotent, avec leurs histoires. Bien sûr, il a fallu créer un port à Tel Aviv. Ceux qui veulent saisir une pointe d’esprit juif liront l’anecdote racontée par Arthur Koestler. Bien sûr ils ont sué sang et eau. Qu’ils nous laissent avoir assez d’eau pour éponger notre sueur. D’ailleurs, on doit pouvoir s’entendre avec nos voisins, comme le pensaient les festivaliers du Supernova Sukkot gathering près du kibboutz de Re’im. Ils ne s’entendront plus, ils n’entendront plus rien, d’ailleurs. Les pigeons ont toujours eu des prises de bec avec leurs faucons, et bien pire avec ceux du camp d’en face.

Bref, depuis un peu plus de 70 ans, la flamme a faibli. Et de l’autre côté, la démographie, directe ou de revers, poursuit sa marche en avant. L’argent des communautés étrangères aide bien, mais ne suffira pas. D’autant que, question d’argent, certains bailleurs de fonds ne font pas partie des économiquement défavorisés.

Alors, Israël doit reprendre l’entraînement pour remonter sur le ring : peuple fort, armée forte, diplomatie forte. Toute nouvelle faiblesse pourrait être mortelle, et déclencherait une vague mondiale de « joyeuses » émeutes. Enfin, tout dépend du côté où on se place.

Toutefois, sans aller jusqu’à ce pire, espérons-le, il faudrait commencer à réfléchir sur une vraie politique française de force. Je le dis et l’écris sous différentes formes depuis des années : nos chasseurs supersoniques ne suffiront pas si l’on ne tient pas les banlieues ou « quartiers ». Les convulsions journalistiques à la sauce « on n’avait jamais vu ça », sentent vraiment le renfermé. Car si le nombre des victimes est éloquent, les exploits en barbarie du Hamas sont frères de ceux du FLN en Algérie. Une parenté de comportement, dont trop de Français de métropole ignares ont déjà subi les hors-d’œuvres. Je suis désolé pour ces malheureuses victimes et leurs familles, mais il est temps de « foutre au rancart » les ours en peluche, les bouts de chandelle et autres fleurissements.

Enfin, certains osent entrouvrir la boîte aux souvenirs. Peut-être commencent-ils à comprendre qu’elle explique la boîte aux revenirs. Merci Eugénie Bastié sur Europe 1.

La vie dira. Il suffit d’attendre et de voir.

Antoine Solmer