LE WOKISME INTRINSÈQUEMENT PERVERS (PREMIÈRE PARTIE)

En lisant le titre de cet article, on aura immédiatement en mémoire la déclaration bien connue du pape Pie XI dans son encyclique Divini redemporis : « Le communisme est intrinsèquement pervers ». Or, mon article de ce jour est consacré au wokisme. Quelle relation peut bien exister entre ces trois mots : « intrinsèquement, communisme et wokisme » ? Et pour enfoncer le clou, j’annonce d’emblée : si affreux que furent les crimes du communisme, ils sont dépassés par ceux du wokisme.

LES EXPLICATIONS DU PAPE PIE XI SUR LE COMMUNISME

Son encyclique sépare le communisme et le marxisme. C’est que le marxisme est une doctrine. Certains lui ont reproché cette distinction, et pour tout dire, la faible part réservée au marxisme dans la dite encyclique. Nous pouvons y voir plusieurs explications.

D’abord, c’est le péché mignon des intellectuels de toutes obédiences de se raccrocher aux branches de la doctrine (de la théorie) comme des singes passant d’un arbre à l’autre. Si agiles soient-ils, ils se prennent pour des oiseaux, n’en ayant ni les grâces du vol, ni les hauteurs de vue. Et quand il leur faut arpenter le terrain, leur cocasserie n’est plus que maladresse couinante.

Rapprochons surtout la pensée du pape, classique dans l’église catholique, qui consiste à condamner le péché, tout en laissant au pécheur le droit au pardon, dans certaines conditions.

Mais en condamnant le « communisme intrinsèquement pervers », Pie XI avait certainement en pensée les ignominies de la Tchéka de Lénine, du KGB de la grande époque soviétique. Encore, ne faut-il pas oublier le Goulag, les « hôpitaux psychiatriques » psychiatrisant par fournées les contestataires[1], les procès de Moscou, les écrasements de Berlin est, de la Hongrie, de la Tchécoslovaquie, etc.

Ce n’est pas au nom de Marx que furent tués physiquement, socialement, psychologiquement, professionnellement, les victimes du communisme, mais bien aux noms de Lénine, de Staline et de tous leurs accompagnateurs, suiveurs, adulateurs, des pires bourreaux de la Loubianka aux plus abrutis de leurs compagnons de route, dont la France a fourni un « sacré paquet ».

Certains pourront reprendre l’argumentaire précédent concernant la séparation entre le communisme et les communistes. Admettons que certains furent trompés de bonne foi, aveuglés par des horizons doublement mythiques. Mais la bonne foi et l’aveuglement poussés à l’extrême dans certaines conditions restent tout de même un fromage ayant dépassé la puanteur pour atteindre l’abjection. Docteur, ne me guérissez pas de ma kleptomanie, c’est mon gagne-pain !

Alors, il devient d’autant plus remarquable que certains auteurs, et non des moindres, ayant participé au sanglant accompagnement de la tuerie communiste aient fait leur mea culpa en en dévoilant, démontrant et démontant les mécanismes.

INTRINSÈQUE ! VOUS AVEZ DIT INTRINSÈQUE 

L’adjectif intrinsèque nous ramène aux notions de propriété primordiale, essentielle, caractéristique, fondamentale. Autrement dit, il nous rapproche du noyau central d’une chose, d’une idée, d’une action. Il nous plonge au cœur de ces « objets » au sens philosophique du terme.

Alors, que signifie la perversion intrinsèque du communisme, telle que l’expose Pie XI ? La formule, exposée hors de son contexte, perdrait une grande partie de sa valeur. Pire, elle serait assimilable à l’une de ces qualifications méprisantes, injurieuses, infondées, mensongères dont la Gauche nous abreuve sous toutes ses formes, du politique le plus en vue au dernier des pigistes mal embouché de la presse mainstream.

Le pape – celui-ci du moins – ne s’abaisse pas à ce niveau de caniveau. Lui aussi démonte le mécanisme. L’idée générale est simple : prévenir « contre les machinations et les tromperies par lesquelles les communistes attirent, comme c’est leur but, beaucoup d’hommes de bonne foi. »

J’insiste ici sur l’expression « bonne foi ». Il faut certainement l’entendre au sens profane (bonne volonté, bonnes pratiques), mais surtout au sens chrétien, car « Au début le communisme s’est montré tel qu’il est, plus criminel que ce qui a jamais existé de plus criminel ; mais ayant aussitôt compris qu’il écartait de lui tous les peuples, il changea ses méthodes de combat et s’efforça de gagner les foules par toutes sortes de tromperies qui dissimulent leur dessein sous des idées en elles-mêmes justes et séduisantes. »

Pie XI donne des exemples.

Premier exemple : les mobilisations « pour la paix » des hommes de bonne volonté. Tous les moyens étaient bons, des plus manifestement politiques, aux autographes des artistes des Chœurs de l’Armée Rouge qui écrivaient automatiquement « pour la paix » (за мир).

Deuxième exemple : créations d’associations, de périodiques, et autres structures dissimulées pratiquant l’entrisme qui « travaillent de toutes leurs forces à s’infiltrer perfidement dans des associations catholiques. »

Troisième exemple : propositions à des catholiques d’une « collaboration humanitaire et charitable » avec des « projets en touts points conformes à l’esprit chrétien et à la doctrine de l’Église. »

On comprend alors combien grande fut cette pénétration, non seulement chez les simples fidèles, mais jusqu’à divers niveaux de l’Église. Combien de « surprises peu divines » se dévoileront-elles un jour ?

C’est donc à cause de cette poussée de pénétration masquée vers les âmes de bonne volonté, spécifiquement catholiques… et aussi de faible connaissance géopolitique, que Pie XI lance l’avertissement solennel : « Le communisme est intrinsèquement pervers : il ne faut donc collaborer en rien avec lui, quand on veut sauver de la destruction la civilisation chrétienne et l’ordre social. »

Il s’agit même d’une double perversion : celle qui a pour but la destruction d’une civilisation, et la fourberie armée des discours enjôleurs destinés à enrôler une armée de traîtres plus ou moins consentants.

Nous remarquons aussi que le pape Pie XI s’adresse à ses frères des autres communautés chrétiennes, au-delà du catholicisme. Le discours était aussi politique.

Et à Noël 1955, Pie XII, successeur de Pie XI, reprit l’esprit de Divini Redemptoris en une formule percutante : « Nous rejetons le communisme en tant que système social, en vertu de la doctrine chrétienne. »

Tout était dit, qui devait culminer lors de l’insurrection de Budapest en 1956, réprimée dans le sang et le feu par les troupes soviétiques. La Hongrie, déjà, nous montrait le chemin et sauvait son honneur. Mais à quel prix !

Et comme Pie XII avait trop tiré sa langue de sa poche, la Gauche, toutes options confondues, reprit son travail de sape en encensant Rolf Hochhuth et sa pièce Le Vicaire, une machinerie bien fourbie en graisse de calomnie habituelle à la Gauche.

À suivre

Antoine Solmer

[1] Lire ou relire, et méditer Et le vent reprend ses tours de Boukovsky.