À PIED, À CHEVAL ET EN VOITURE

LE PROGRAMME MACRONIEN
LE PROGRAMME MACRONIEN

Il apparaît que notre président se laissa aller, en quelque papier, à une cagade, qui, précisa-t-il, s’adressait au peuple français. La voici, en partie :

« C’est une toute petite minorité qui est réfractaire. Celle-là, comment on la réduit ?On la réduit, pardon de le dire, comme ça, en l’emmerdant encore davantage. Moi, je ne suis pas pour emmerder les Français. Je peste toute la journée contre l’administration quand elle les bloque. Eh bien, là, les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder. Et donc, on va continuer de le faire, jusqu’au bout. C’est ça, la stratégie. »

Ne voulant surtout pas le laisser continuer sur cette lancée – cette fusée sur mauvaise orbite, disent certains – ni le laisser sur sa faim en ne lui répondant pas, j’ai, non pas élevé, mais modifié quelque peu le débit… pardon… le débat. Voici :

Ah ! non ! c’est un peu court, jeune homme !
On pouvait dire… Oh ! Dieu ! … bien des choses en somme…
En variant le ton, par exemple, tenez :
Agressif : « Moi, monsieur, si j’avais une telle traînée,
Il faudrait sur-le-champ que je m’en décagasse ! »
Amical : « Mais surtout ne vous trompez pas de tasse
Pour tirer le coup et vous faire briquer la grappe ! »
Descriptif : « Ça sort du froc ! C’est du fric ! C’est du rap !
Que dis-je, c’est du rap ? … C’est un noir calcul ! »
Curieux : « De quoi sort cette oblongue capsule ?
D’émonctoire, monsieur, ou du trou du cul ? »
Gracieux : « Aimez-vous à ce point les oiseaux
Que présidentement vous vous préoccupâtes
De pondre ce colombin pour qu’il les appâte ? »
Truculent : « Ça, monsieur, lorsque vous pétomanez,
La vapeur du bousin vous sort-elle aussi du nez
Sans qu’un voisin ne crie au feu chez ce minet ? »
Prévenant : « Gardez-vous, votre postère entraîné
Par ce poids, de tomber dedans sur le sol ! »
Tendre : « Si vous n’avez que ce symbole
Craignez que cette merde au soleil ne se fane ! »
Pédant : « L’animal seul, monsieur, qu’Aristophane
Appelle Présidentocopinodesainbartos
Dut avoir à l’entre-sol tant de chair jusqu’à l’os ! »
Cavalier : « Quoi, l’ami, ce crottin est à la mode ?
Pour prendre une veste, c’est vraiment très commode ! »
Emphatique : « Aucun vent ne peut, du bran magistral,
Enbaumer tout le quartier, excepté le mistral ! »
Dramatique : « C’est la Mer Rouge quand il saigne ! »
Admiratif : « Pour un parfumeur, quelle enseigne ! »
Lyrique : « Est-ce une colique, vous faut-il du coton ? »
Naïf : « Ce monument, quand le détruit-on ? »
Respectueux : « Souffrez, monsieur, qu’on vous salue,
C’est là ce qui s’appelle avoir oignon sur rue ! »
Campagnard : « Hé, ardé ! C’est-y un flan ? Nanain !
C’est queuqu’bouze de géant ou ben queuqu’noyeau d’nain ! »
Militaire : « déchargez culasse et nettoyez la voirie ! »
Pratique : « Voulez-vous le mettre en loterie ?
Assurément, monsieur, ce sera le gros lot ! »
Enfin parodiant Bigard en un sanglot :
« La voilà donc l’étron qui des fesses de son maître
A pourri l’anatomie ! Il en noircit, le traître ! »

Pardonne-moi, Rostand, de malmener tes vers
Juste pour nettoyer la porte des waters.
L’esprit vole si bas en ce monde verdâtre
Que sa fiente au sol teint tout en noirâtre.
Tant de gens d’importance se perdent en stratégie
Et tant de requins nagent en eaux de gabegie.
Mais le fond du débat, cette fois est ailleurs.
Je m’oublie comme rhéteur, pour rester rimailleur.
Cela dit, président, posé comme vous le fîtes
J’attends de voir votre mine, bientôt déconfite.
Car ce verbe gluant qui vous sert de peinture
Vous revient à pied, à cheval et en voiture.

Antoine Solmer