VOTERA ? VOTERA PAS ?

LE BON CHOIX

Il est des pays où il est obligatoire de voter, l’Australie, par exemple. Il en est d’autres où les votes, apparemment personnels, reproduisent à l’identique une décision de groupe. En France tout est plus simple : il devient ridicule de voter. Alors, que faire ?

D’ABORD, UN PEU DE TOURISME

          EN AUSTRALIE

L’Australie est un beau pays. Soleil, déserts, requins sur les plages, Aborigènes pas trop massacrés, et dingos à quatre pattes, alors que dans tant d’autres pays ils n’en ont que deux. Si vous avez l’intention de vous y installer et demander la nationalité australienne, il vous sera obligatoire d’y voter. Alors, bien sûr, les taux de participation dépassent 93%. Les 7% manquants, s’il n’ont pas l’excuse d’être morts (définitifs ou momentanés) risquent des amendes, et, en cas de récidive, des travaux d’intérêt général, la saisie de biens ou une courte peine de prison.

Mais le vote, le bulletin, la petite chose personnelle si importante dans le processus ? Ne vous en faites pas ! Il vous suffira d’entrer dans la salle, de présenter votre carte d’identité, et de repartir sans passer par la promenade isoloir-urne. Tout le monde s’en moque. Les apparences sont sauves. Très important [1]. Et donc, fumisterie.

          AUX USA

23 États sur les 50 n’exigent pas de preuve  d’identité pour voter. Pour les 27 autres, cela varie : identité avec ou sans photo, et des exceptions partout [2]. C’est tellement compliqué que cela en devient très simple : fumisterie ! Fumisterie au carré en cas de nécessité préalable de résultats [3].

          EN CERTAINS LIEUX AFRICAINS, ET AILLEURS DANS LE MONDE

Les relations claniques, familiales et pressions de toute nature font que la présentation du bulletin personnel est hautement surveillée… par les personnes qui souhaitent qu’on ne les oublie pas. Donc, fumisterie !

ET LA DÉMOCRATIE FRANÇAISE QUE LE MONDE ENTIER NOUS ENVIE ?

Tous les spécialistes, sont d’accord, pour une fois : la crainte de l’abstention. D’autres se lancent sur le tapis glissant des causes, dont le communautarisme. Rares sont ceux qui oseraient décrire un tableau réel des « travaux » de nos députés endormis, quand ils ne défilent pas en faisant claquer leurs godillots, ou quand, plus simplement, ils se défilent.

J’espère seulement que les plumitifs attardés nous éviteront l’image éculée du pêcheur à la ligne.

Donc, la majorité sortante, quelle que soit son étiquette, ne sera qu’une minorité de plus en plus misérable.

Toutes les société civiles, commerciales ou non, légalement constituées, prévoient un quota minimum sous lequel le vote est reporté. Elles prévoient aussi des décisions ordinaires votées à la majorité supérieure à 50%, et des décisions extraordinaires demandant parfois 75% des suffrages. Donc, notre démocratie votante, une fois de plus : fumisterie !

MAIS MOI, JE VEUX VOTER !

Je tape du pied, je crie, je hurle, je veux voter, parce qu’en dépit de tout, je crois encore à une sorte de providence démocratique. Sauf que… nous sommes au deuxième tour, et mon candidat de la providence démocratique a été éliminé.

Alors les marchandages ont commencé, plus ou moins furtifs, plus ou moins salaces, plus ou moins juteux, plus ou moins sordides, et toujours traîtres. C’est le bal des faux-culs, la valse des entourloupes, et l’attente des renvois d’ascenseurs. Bref, l’étape avant la députation démocratique… que le monde entier nous envie (comme toujours).

Et me voici devant ces deux panneaux de pissotière, avec, grimaçant de toutes leurs dents, les images catastrophiques de ceux qui nous inoculeront, l’un la peste cholériforme, et l’autre le choléra pestilentiel. Valider l’un ou l’autre, surtout pas ! Que faire ?

          L’ABSTENTION

Théoriquement « elle traduit soit un désintérêt pour la vie publique, soit un choix politique actif consistant à ne pas se prononcer afin d’exprimer son désaccord.[4]. »

Elle a ses avantages, dont le premier : éviter une perte de temps. Surtout elle est comptabilisée, ce qui, normalement, devrait, aux niveaux atteints avoir invalidé bien des décisions « démocratiques », dont la dernière élection présidentielle. Mais la cuisine électorale est surtout faite de farces et de soufflés.

De plus, elle permet de répondre à ceux qui se plaignent d’avoir été « cocus » : vous avez voté pour cela, donc, ne vous plaignez pas. L’expérience montre la débâcle de l’intéressé.

        LE VOTE BLANC : L’ENVELOPPE VIDE OU LE BULLETIN BLANC

En théorie : « ce type de vote indique une volonté de se démarquer du choix proposé par l’élection. [5]»

Depuis 2014, les bulletins blancs sont décomptés séparément des votes nuls, mais ils ne sont pas pris en compte dans le nombre des suffrages exprimés (ensemble des bulletins moins les votes blancs et nuls). L’objectif de la loi est de reconnaître que le vote blanc est un acte citoyen qui se distingue de l’abstention.

Une fois de plus, la fumisterie : l’acte dit « citoyen », est censé valoriser une pensée électorale, mais non la comptabiliser !

J’ai vraiment l’impression d’être le dindon de la farce.

           LE VOTE NUL : BULLETIN DÉCHIRÉ OU ANNOTÉ

Lui non plus n’est pas pris en compte comme « suffrage exprimé ». Alors, l’un des actes les plus expressifs, traduisant la colère profonde, le dégoût, le rejet total (même excessif) des personnages autant que du système est passé aux oubliettes. Une fois de plus : fumisterie !

VIENDRA-T-IL LE JOUR… ?

Viendra-t-il le jour où le système fera vraiment les comptes ? Où, sans obligation, de vote :

  • la définition des suffrages exprimés (ensemble des bulletins moins les votes blancs et nuls) sera remplacée par « ensemble des électeurs théoriques moins les abstentions, les votes blancs et nuls. »
  • Les mêmes règles de vote imposées à la société civile (quorum, décisions ordinaires et extraordinaires) s’imposeront aux élections nationales.

Cela n’empêchera jamais les truandages, mais obligera enfin à une réflexion forte pour modifier le système en profondeur : soit évacuer tout candidat indigne par actes et par pensées (!) [6], soit admettre que le « paradis démocratique » doit laisser la place à « l’enfer des  bonnes volontés » quelle qu’en soit la forme.

De ce fait, chacun aura compris le sens de mon « vote » à venir… et pour longtemps.

Délégitimons ! Délégitimons ! Quel qu’en soit le résultat, nous aurons au moins sauvé notre honneur.

Antoine Solmer

[1] Témoignage personnel reçu.

[2] https://www.elections.ca/content.aspx?section=res&dir=rec/tech/idr&document=index&lang=f

[3] Certains oseraient dire : « trucage institutionnel ». Pas moi !

[4] https://www.vie-publique.fr/fiches/23931-abstention-vote-blanc-et-vote-nul-quelles-differences

[5] Idem note précédente

[6] Je ne crains pas de dire que certaines pensées le sont, surtout dans un pays imposant son pouvoir à l’aide de lois liberticides.