RÉFLEXIONS SUR LE HANDICAP

Les handicapés gênent notre société car leur seule existence oblige les belles consciences morales qui se veulent nos guides suprêmes à se tordre leurs langues fourchues jusqu’à s’en coincer les amygdales. C’est pour cela qu’elles – les consciences auto-proclamées – s’étranglent de fureur. En réalité, elles sont prises à revers sur un domaine qu’elles n’attendaient pas.

J’oublie les fausses bonnes consciences (les meilleurs ennemis politiques de Zemmour) pour m’en tenir aux gauchistes de tout poil, et même presque à poil à Saint Bart’. Ces derniers jettent des mots et dérapent dessus.

Soyons clairs : nous sommes tous des handicapés de quelque chose par rapport à quelqu’un d’autre. J’ai beaucoup de mal à descendre sous 12 secondes aux 100 mètres, Usain Bolt m’a regardé de haut… ou plutôt de loin, sur la ligne d’arrivée. Vous ne me croyez pas ? Vous avez raison en ce qui me concerne, mais pas sur vous et Usain Bolt. Sans aller aussi près (100 mètres, ce n’est pas loin) et aussi vite, regardons-nous : lunettes, sonotones, cannes, bégaiement, manque d’équilibre, pertes de mémoire, troubles du sommeil, fluidité en anglais, connaissance du français, de l’accord du participe passé avec avoir, et surtout pour les verbes pronominaux, j’en passe et des meilleurs : cela ne ressemble-t-il pas à une exposition de handicapés ? Et si vous n’êtes pas un geek, un accro des réseaux sociaux, codeur génial, ou pire, un hacker bardé de spots ciblés, ne seriez-vous pas un peu handicapés dans toutes ces matières ? Et par voie de conséquence, aimeriez-vous être soumis aux mêmes entraînements, aux mêmes cours, aux mêmes concours ? Un peu, peut-être, tout le temps, c’est à voir.

En fait tout est question de mesure : je veux dire de bon sens, ce qui manque le plus à nos élites et qui répugne à la gauche, laquelle ne s’est jamais lassée de vouloir construire « son homme nouveau », un coup tendance « réal soc », gonflé de muscles, vaillant travailleur, toujours joyeux et obéissant au parti. Un coup, esclave égalisé, amoindri, sectionné, râleur, jamais à court d’excuses pour ses déficiences ou ses mauvais coups.

Et, malgré tout ça, toujours l’horizon inaccessible du progrès et de l’égalité. Comment voulez-vous trouver des solutions humaines à la question des personnes handicapées, enfants ou autres ?

D’autant que les premiers des handicapés sont ceux qu’on exécute dans le ventre de leur mère. Les autres, sont ceux qu’on veut créer par GPA, ou autres idées tirées du Meilleur des Mondes d’Huxley.

Car les société traditionnelles – les méchantes, ringardes, paternalistes, exclusives, etc. – avaient un rapport à l’enfant très différent de celui de la nôtre, industrialo-post-industrielle (merveilleuse, parfaite, à poursuivre, etc.). Soyons fiers de nos techniques et nouvelles pratiques de reproduction, mais, tout de même, cela schlingue son relent d’eugénisme, comme aux heures les plus noires, et même avant, quand l’eugénisme de la société tout entière s’appelait guillotine.

Nous sommes soumis à ce délire du capitalisme de gauche qui a repris du XIXe siècle cette obsession du progrès, avec des moyens surmultipliés… et des catastrophes multi-surmultipliées qui en découlent. Bonjour Monsieur Coronavirus ! Content de vous savoir associé avec Messieurs Pfizer, Moderna et compagnie. Et encore, ça, ce n’est que la pointe de la partie émergée de l’iceberg.

Alors les « handicapés » emmerdent le pauvre monde gauchien-élyséen. Que viennent-ils faire dans cette galère ? Et encore, portés par un petit Juif berbère. Ah ! Celui-là ! Il ne pouvait pas se taire, comme tout le monde ? Évidemment, là-haut, on jacte comme il faut des handicapés et on porte les bons « éléments de communication ».

Avant, on ne savait pas tout ça. On était bête, arriéré, mais, selon un certain monsieur Foucault, Michel de son prénom, le malheureux, quel que soit son malheur, le pauvre, le handicapé n’était pas exclu de la société traditionnelle. Il a même écrit quelque chose qui s’appelle L’Histoire de la folie à l’âge classique. Il a suivi d’autres idées bizarres, dont celle du panoptique. Ça ne vous dit rien ? Les caméras partout, le suivi de toutes vos traces, mieux que Big Brother, le passe sanitaire, le procès kafkayen, l’emmerdement des citoyens de dernière zone, avant de les reléguer au bagne numérisé. La piquouze finale automatique, à domicile, ça, ce sera du bon boulot.

Et nos handicapés, dans tout ça, qui s’obstinent à naître et à polluer nos écoles, si bien tenues, si inclusives, si calmes, si démonstratives de notre belle société. Et en plus, il faudrait leur payer des centres spécialisés, des palaces peut-être ? Ah ! non ! Ils sont bien dans le décor, ces élèves-Potemkine, qui n’attendent qu’une visite éclair du grand chef ou des cheffaillons pour agiter leurs petits drapeaux et battre des mains.

Moi, je veux du clonage, du vrai, du bon, bien programmé, garanti par la Haute Autorité de Clonerie, je veux de la perfection, du beau, du bon, du pur jus. À moins que je change d’avis, que je réserve la fabrication de sous-produits, de sourdingues, de boiteux, de déneuronisés, de sextisomiques, et autres aux réfractaires au progrès, aux petits Blancs d’en haut qui continueraient à vouloir simplement travailler et jouir d’un peu de tranquillité.

On vous en foutra de la tranquillité, vous verrez, avec vos gosses fabriqués sur mesure, seront propres vers dix ans, parleront un peu à treize, boufferont comme six, casseront tout partout, intenables, clonés par force sur notre meilleur modèle.

Ah ! Vous voulez vous occuper des handicapés ! Attendez un peu. On vous réserve des chiens de nos chiennes. Pas plus. Alors, soyez contents ! Votez comme il faut ! Bande de racailles !

Antoine Solmer