MACRON L’ALGÉRIEN

POPULATION EN ALGÉRIE
POPULATION EN ALGÉRIE

PAUVRE MACRON REVIENT DE GUERRE… TOUT DOUX

Pauvre Macron ! Il y a peu, il se rendait auprès des harkis, encombré de Benjamin Stora et de son rapport (encore une gaffe) pour commencer sa pêche aux voix. Il n’a pas compris que, depuis le temps, les paroles – les siennes particulièrement – se sont dévalorisées.

Et puis, se croyant maître des balances en plus des horloges, il en appelle à Alger pour donner une leçon d’histoire qui reste en travers du gosier du président Tebboune, de ses « aides politico-militaires » et du peuple. Le rappel de l’ambassadeur, est un signe convenu. L’interdiction de survol des avions militaires français en dit encore plus long. Tout ça pour une autre pêche illusoire en direction de « la droite ».

LE PEUPLE ALGÉRIEN DERRIÈRE “SES MORTS”

Ce peuple algérien parle. Il suffit de lire ou d’entendre les commentaires, par exemple sur la radio France Maghreb 2. La tendance était pour le moins revendicative cet après-midi. Et même un interlocuteur modéré se fit rabrouer quand il osa dire qu’il était temps de tourner la page du million et demi de tués pendant la guerre pour entamer une nouvelle politique avec la France.

Le malheureux avait osé toucher à la doxa algérienne. Ce fameux million et demi qui est le cache-misère de la débâcle industrielle du pays, du chômage des jeunes, de la pauvreté qui fait regretter aux vieux le temps où la France était présente. Bon an mal an, leurs conditions s’amélioraient.

LES MORTS VOTENT ENCORE ET MALGRÉ TOUT

Cela dit, il faudrait le trouver, ce million et demi. Pierre Laffont qui fut directeur de L’Écho d’Oran de 1945 à 1963 a écrit une remarquable Histoire de la France en Algérie [1].  Voici ses conclusions :

« Pour son indépendance, l’Algérie a payé un prix élevé. S’inspirant de l’exemple du parti communiste français qui, en 1945, n’a pas hésité à revendiquer « 75 000 fusillés », le F.L.N. triomphant invoque, à son tour, le total effroyable de un million cinq cent mille morts. Chiffre difficile à contrôler mais encore plus difficile à admettre, les effectifs de l’A.L.N., supplétifs compris, n’ayant jamais dépassé 50/60 000 hommes. La population du pays se situant autour de 10 millions, une perte de 15 % ne pouvait passer inaperçue des statistiques. “Fait remarquable, écrit X. Yacono [2],, les effets de la guerre d’Algérie n’apparaissent même pas, puisque l’accroissement de la population, qui était de 22 pour mille de 1931 à 1954, atteint 35 pour mille de 1954 à 1966. Non seulement, il faut renoncer à l’accusation de génocide portée contre la France mais encore il faut réviser sérieusement le nombre de un million et demi de victimes avancé par les dirigeants algériens.” Philippe Tripier, dans son ouvrage souvent cité ici, évalue le nombre des tués à 150 000 et l’Encyclopédie Britannique, renommée pour le sérieux de ses informations, arrive au même chiffre. Cette triste comptabilité, même en ne retenant que les estimations les plus basses, explique et justifie que ce pays ait.traversé une crise d’hostilité envers la France mais que celle-ci se perpétue et n’est due, comme nous l’avons vu, qu’à l’action du colonel Boumediène. Cela n’a pas été suffisant pour lui aliéner la sympathie des medias français. »

UNE DRÔLE DE COURBE QUI NE CACHE PAS SON JEU

Comme le temps avance, les chiffres se précisent. En voici quelques-uns qui en disent long  [3] . Il s’agit du taux de croissance de la population de l’Algérie :

1952 : 1.75

1953 :1.88

1954 :2.02

1955 : 2.17

1956 : 2.3

1957 : 2.43

1958 : 2.51

1959 : 2.55

1960 :2.55

1961 : 2.54

1962 : 2.51

Difficile de « caser » un million et demi de morts sur une population de près de 10 millions, sans observer de cassure de la courbe de croissance !

ET ELLE LE CACHE DE MOINS EN MOINS

Mais il y a mieux :

Le taux de croissance ayant atteint son maximum en 1983 (3.17), a connu une descente rapide (2003 : 1.28), qui, « bizarrement », correspond à la période tragique pendant laquelle le FIS (Front Islamique du Salut) menait sa guerre civile en Algérie. Les chiffres en disent long !

Le taux de croissance est maintenant remonté à 1.9 en 2020, soit environ le taux de 1953.

Enfin, pour fixer les idées, comparons ce chiffre fantasmagorique de 1.5 millions de morts à celui des morts de la guerre de 1914-1918 pour la France seule : 1.397 800 pertes militaires et 300 000 pertes civiles pour une population de moins de 40 millions de personnes [4].

MACRON L’EMPÊTRÉ

Alors, les mots de Macron étaient justes, mais hors de tout contexte, et bêtement provocateurs. Encore une « macronade » à la sauce électoraliste. La prochaine fois, il s’habillera en matador, et agitera un chiffon rouge devant un toro bravo. On verra le résultat.

En attendant, il a vu. A-t-il compris ? C’est un autre problème. Ce bonhomme s’enfonce comme Chirac en sa deuxième période où le gâtisme avait pris le dessus. Mais il n’a même pas l’excuse de l’âge, des Corona, et autres amuse-gueule.

Oublions-le, ce qui sera vite fait, j’espère. Sauf que le prochain devra s’atteler à réparer les c… du précédent. Et il y aura du boulot dans tous les domaines. Y compris dans l’économique, où il devait monter aux étoiles. On voit le résultat ! Un résultat qui vient de loin, puisqu’il était déjà secrétaire général adjoint de Hollande puis ministre de l’Économie, de l’Industrie et autres lieux découverts à marée basse.

DES VIVANTS ET DES MORTS

Mais je reviens à l’Algérie, à son peuple. Presque 50 millions de personnes, dont 50 % d’hommes. Et tous, civils, militaires, lycéens, associations, chantent l’hymne national qui a pour titre :

Nous jurons

Ô France ! le temps des palabres est révolu
Nous l’avons clos comme on ferme un livre
Ô France ! voici venu le jour où il te faut rendre des comptes
Prépare toi ! voici notre réponse
Le verdict, notre révolution le rendra.

Cela promet des lendemains qui chantent. Surtout qu’il y a tout de même quelques Algériens dans les “banlieues chaudes”.

Hé ! … Chut ! Ne le répétez pas ! C’est interdit

Mais d’ici-là Macron sera recasé dans une grande banque quelconque où il continuera à faire « sa pelote ». Et il n’aura toujours rien compris. Il sera toujours la marionnette ahurie.

[1] Pierre Laffont, Histoire de la France en Algérie, Plon, 1980

[2] Xavier Yacono, Histoire de la colonisation française, P.U.F, 1969

[3] https://countrymeters.info/fr/Algeria

[4] http://www.centre-robert-schuman.org/userfiles/files/REPERES%20-%20module%201-1-1%20-%20notice%20-%20Bilan%20chiffre%20de%20la%20Premiere%20Guerre%20mondiale%20-%20FR%20-%20final.pdf