LES GAIETÉS DE L’ESCADRILLE

LES GAIETÉS DE L'ESCADRILLE
LES GAIETÉS DE L’ESCADRILLE

Sous ce titre (Les Gaités de l’escadrille) se cache un film de 1957 dont l’annonce en dit suffisamment long pour se mettre à l’abri : « Pour épater Pulcherie Tignasse, sa fiancée,  Onesime Labarbe devient pilote, non sans déboires et mésaventures. À la suite d’un malentendu, sa bien-aimée sera parachutiste. »

Rassurez-vous, je n’en raconterai pas plus, de peur de dévoiler un ou deux secrets de la défense aérienne. Mais comme l’actualité la plus récente faisait mention de trois faits divers dans les airs, l’idée m’est venue de revenir sur certains fous volants.

AVOIR LE FEU QUELQUE PART

Là, on ne rigole pas. Je parle de ce vol Orly-Perpignan de vendredi dernier que les 48 passagers n’oublieront pas. Des bruits comme des pétards, des déflagrations en chaîne, c’est assez pour donner quelques palpitations. Rajoutez un moteur en feu, des flammes qui jaillissent, et vous vous sentez, comme le dit un passager : « impuissant, comme dans un cercueil volant. » Formule choc, heureusement démentie par le retour au bercail sans casse physique.

Explications données par la compagnie et différents experts : c’était un pompage, un trouble de la circulation d’air dans le réacteur droit. « Cela arrive, mais ce n’est pas très fréquent » a déclaré l’un de ceux-là. Encore heureux, mais sur un biréacteur comme l’A 318, il vaut mieux que le réacteur de gauche ignore ce que fait le réacteur de droite. C’est ce qui s’est passé, avec au milieu, un sacré pilote. Plus que tant mieux, et bravo à cet équipage.

Cela dit, la morale de l’affaire est plutôt rassurante : expérience du personnel navigant, preuve, une fois de plus donnée qu’un bi-réacteur bien construit peut voler avec l’un des deux en fonction. Preuve que les pilotes de guerre ont maintes fois administrée, sur leurs machines d’alors.

Mais cela me rappelle une gaieté d’avant escadrille. C’était un conseil des ministres où il était question de décider ou non de construire la fameuse Caravelle, ce premier biréacteur civil au monde construit en série. J’y ai pris mon baptême de l’air dans des circonstances historiques que je ne souhaite à personne. Mais je reviens sur ce fameux conseil des ministres. L’un de ces « décideurs » a failli faire capoter l’affaire avant qu’elle ne commence. Il avait pris une boîte d’allumettes, voulant représenter la Caravelle à construire, et lui donnait des pichenettes d’un seul côté, en la faisant aller du côté opposé. « Voyez », disait-il, « ce qui risque de se passer si… »

Comme le chantait Georgius dans Le Lycée Papillon :
Monsieur l’Inspecteur
Moi, je n’sais rien par coeur.
Oui, je suis l’dernier, je pass’ pour un cuistre
Mais j’m’en fous, je suis près du radiateur
Et puis comm’ plus tard j’veux dev’nir ministre
Moins je s’rai calé, plus j’aurai d’valeur.
Je vous dis : bravo !
Mais je vous donn’ zéro.

Finalement, rien n’a changé, sinon que la vraie gaieté de l’escadrille des ministres, pour la Caravelle ou le Covid, est celle de la formule d’Audiard retouchée « Quand les cons voleront, ils seront chefs d’escadrilles. »

UNE MASCARADE AÉRIENNE

Cette mascarade est survenue sur le vol Américan Airlines Miami-Londres ce 21 janvier (jour décidément néfaste). Après deux heures de vol, le commandant de bord annonce un « incident majeur » imposant un retour au point de départ. On peut imaginer l’ambiance.

C’est seulement après l’atterrissage que le passagers apprennent la vraie raison : une passagère refusait de porter son masque.

Il paraît que c’est la politique de tolérance zéro.

Petit problème, depuis cette « politique » de janvier 2021, plus de 4000 incidents ont été reportés, dont 92 depuis le début 2021.

Décidément, certains « décideurs politiques » aussi volent en escadrille.

UN SOLITAIRE ÉTONNÉ

L’étonnement, c’est celui d’un jeune britannique qui rentre chez lui, dans sa famille. Il décolle de Londres pour Orlando (Floride) dans un Boeing 777 et se retrouve… seul passager dans l’avion. Non, ce n’était pas un « coup » d’une caméra cachée, ou de l’émission canadienne Juste pour rire, mais la conséquence indirecte d’une autre décision étonnante : une compagnie doit effectuer environ 18 000 décollages et atterrissages en Europe pour conserver ses créneaux de vol.

Encore heureux que ce passager britannique ne souffrait pas d’agoraphobie. Imaginez !

Bien sûr des écologistes vont en sortir des vertes et des pas mûres. Mais pour une fois, même volant en escadrilles, ils auront droit d’atterrir gratis. Ça n’empêche : il y en a qui tournent à vide sans espoir de retour sur terre. Et comme, sauf miracle ou décision plus que politicarde, les JO de Pékin et la coupe du monde au Qatar attireront quelques « sportifs » en avion, imaginez le délire.

En escadrilles, je vous dis.

Antoine Solmer