MÉTIER JACQUARD
MÉTIER JACQUARD

Intelligence “artificielle”, jusqu’où ?

  Depuis que l’humanité est sortie de ses stades tribaux ou villageois, dans sa longue marche vers ce “mouvement irrésistible vers l’avant” qui était considéré,  il y a peu de temps encore, comme la seule évolution possible, (comme on a déchanté, depuis !), deux camps se sont opposés : ceux qui souhaitent conserver ce qui a fait ses preuves et ne changer que ce qui a besoin de l’être (d’où l’idée que les seuls vrais amis du progrès sont les conservateurs !), et ceux qui vouent un culte au changement, dits – à tort – “progressistes” puisque ce mot implique une “obligation de changement, quoi qu’il en coûte”  (NDLR – notre problème majeur du moment étant d’avoir confié le pouvoir à un technocrate intégriste de cette idéologie mortifère).

Les “ceux qui savent” nous expliquent à quoi le monde pourrait ressembler “un jour”. Croyant savoir mais sachant si peu, ils disent n’importe quoi, le seul point sur lequel on puisse être d’accord avec leurs élucubrations étant qu’on peut supposer, comme eux, la survenue prochaine d’un système de référence nouveau : ce processus, appelé “changement de paradigme” se produit de temps en temps, et le plus souvent en lien avec la naissance d’une civilisation. Seul ennui : notre civilisation (comme toutes les autres) se croyant éternelle, n’a pas jugé opportun de se prévoir une alternative… et un tel “OVNI” n’a donc jamais été sérieusement envisagé par personne, même par les bons auteurs de science fiction (qui sont romanciers et poètes autant que savants). Or contrairement à ce que les idées à la mode voudraient nous faire avaler, l’esprit s’étonne de toute nouveauté, se cabre devant tout changement, et refuse (chacun à sa manière) ce qui le dérange…

Il en a toujours été ainsi : pour chaque invention bouleversante, l’histoire des sciences et des techniques regorge de rejets parfois drôles, mais plus souvent dramatiques. Par exemple, vers 1840, les premiers chemins de fer étaient réputés mortels : “L’homme ne peut plus respirer lorsque la vitesse devient supérieure à 40 km/h !”. Ne riez pas : votre arrière-grand père, ou son père, qui n’étaient pas plus bêtes qu’un autre et que nous, l’ont cru, dur comme fer…(ou comme… chemin de fer !). Chaque invention porteuse de révolution (même minime) a, toujours, heurté les consciences du temps… et les “savants” plus encore : en 1874, le “Bureau des brevets et inventions” de New-York a fermé ses portes, après avoir accroché un écriteau : “Il n’y a plus rien à inventer”... Mais ça n’a pas duré longtemps ! 

Alors qu’on a de plus en plus de mal à trouver des concepts nouveaux qui ne contiennent, en partie ou en puissance, ni danger pour l’homme ni perversité à terme pour la planète (l’exemple parfait étant la saga en cours des “vaccins – sic” dits contre le covid… qui n’en est qu’à ses débuts : les mensonges et la violence officiels ne pourront plus camoufler très longtemps la magnitude des fautes graves commises), un stade de non-ouverture au monde a été atteint : une levée de boucliers est assurée devant tout discours qui envisage les inévitables ravages potentiels qui sont inscrits dans toute “nouveauté”, rejet proportionnel à la peur que tout changement inspire à l’Humanité, mais que nous n’osons pas exprimer ou laisser paraître de peur d’encourir les foudres des faiseurs d’opinion, des suivistes et des modernistes de salon. Tout semble se passer comme si, de faux progrès en vrai désordre, la seule chose qui ait cessé de progresser était… notre intelligence !

Et ce ne sont ni Joseph-Marie Jacquard, le célèbre inventeur du “bistanclaque” des canuts lyonnais, ni ces canuts eux-mêmes qui vont me contredire : leur révolte contre des machines fut la première, je pense, contre des progrès technologiques et techniques en tant que tels. Précédant de peu celle du Meiji, au Japon, elle ouvrit une période nouvelle dans l’histoire des rapports des hommes avec le “progrès”, ouvrant ce qui deviendra “l’ère industrielle”, parsemée de grèves et de mouvements sociaux… dont nous sommes, peut-être, en train de mourir, sans tambours ni trompettes… et sans essence, ni gaz, ni atome… et sans le savoir, tant est épaisse la chape de plomb que médias et politiciens ont réussi à ériger autour de nous.

Nous parlions, la semaine dernière, des sentiments qui surgissent spontanément devant la vitesse presque exponentielle du développement d’une intelligence qui est dite artificielle mais est tout de même dotée d’une sorte de conscience, hésitant entre mystère, espoirs, curiosité et crainte :  la vraie conscience serait un privilège réservé aux êtres vivants évolués et seulement à l’Homme (les anti-spécistes, cette nouvelle race d’anars qui se prennent pour des rats ou des moustiques, comme son leader archi-con Aymeric Caron, cherchent à nous faire gober que, pour eux, la moindre paramécie “lambda” vaut toutes les vies humaines). Et à l’arrivée de cette course au “plus con que ça, tu meurs”, on a la suppression des Corridas… mais pas celle de l’abattage rituel dit “hallal”, ce supplice inqualifiable : la mort en combat d’un seul contre la tuerie en masse de troupeaux entiers. Cherchez l’erreur ! Cette position ne date pas d’hier, et on en trouve des prémisses chez Thalès et Pythagore et les  philosophes pré-socratiques : “Existe-t-il ou non un ’‘Principe Vital” qui fait de la vie un sujet à part, un “projet” qui s’impose à la matière, indépendant des lois de la physique et de la chimie ?“. Nihil novi sub sole…( Rien de neuf, sous le soleil).

Autre poncif souvent invoqué : la pensée humaine ne peut pas être ramenée à des processus répétitifs et finis, par exemple dans des domaines tels que la création artistique, la métaphysique, la contemplation, la joie, l’amour, la foi…  où, pour passer d’une pensée à la suivante, il y a une infinité d’états transitoires et aléatoires qui, malgré leur nombre, se présentent comme un continuum. Mais qui peut affirmer qu’il existe une différence entre une intelligence qui éprouve pour de vrai une conscience, et une autre, artificielle, qui simulerait bien ce comportement ? Après tout, nous ne pouvons pas être certains que d’autres consciences que la nôtre, ne pourraient pas exister, si ce n’est par une pétition de principe qui spécule que chaque humain se retrouverait à l’identique chez tous les autres , puisque la seule chose dont l’existence est certaine est le sujet pensant (théorie philosophique et métaphysique qui a reçu le joli nom de ’’solipsisme”) et qui postule qu’aucune autre réalité que celle du sujet qui pense n’est certaine. On pense à Macron…

Tous les monothéismes posent comme axiome incontournable un lien de filiation entre un Dieu et sa créature… ce qui implique en conséquence que seul l’Homme, organisme vivant supérieur, peut accéder à un niveau de connaissance ouvre la porte à cette “chose” non identifiable qu’est notre “conscience”. Or nous avons commis l’erreur d’ “anthropologiser” le sens du mot intelligence qui se serait limitée à une imitation des processus du cerveau humain… ce qui n’est pas le cas : les animaux ont une vraie intelligence, parfois surprenante, parfois émouvante  et dont une forme, l’instinct, nous sert souvent de source et d’inspiration… Autre exemple, les ordinateurs manipulent des symboles, des raisonnements et des modes d’apprentissage, qui vont s’échanger sur des réseaux d’iso-neurones assez peu comparables à nos neurones humains – dont ils sont proches, tout-à-la-fois.

La question posée était : “ l’Intelligence Artificielle… jusqu’où ?” et la seule réponse sérieuse est : “Personne n’en a la moindre idée… mais il y a au moins autant de dangers que de promesses dans cette absence de réponse”. Aller plus loin demanderait d’entrer dans des détails incompatibles avec le format de ce blog, et nous en reparlerons donc en de nombreuses autres circonstances, pour développer les idées, parfois complexes, qui ont été exposées à chaque fois que nous avons parlé de cette quête qui est d’abord une crainte. Au jour d’aujourd’hui – comme la mode veut qu’on dise – on peut dire, sans crainte, que l’intelligence dite artificielle est plus artificielle qu’intelligente ! C’est toujours ça de pris !

H-Cl