STRICTEMENT PERSONNEL

Strictement personnel, tel est le titre de la nouvelle chronique de Dominique Jamet sur Boulevard Voltaire, qui devrait être hebdomadaire. Qu’en sera-t-il ? Cela reste à voir, d’autant que l’auteur de ce premier billet du 3 février 2024 fut co-fondateur de BV avec Robert Ménard, mais démissionna de ses fonctions de directeur de publication en 2016 pour désaccord avec la ligne éditoriale. Pourquoi pas ? On a bien vu Robert Ménard démissionner de lui-même plusieurs fois. Par ailleurs, en suivant le parcours de Dominique Jamet sur Wikipedia, une chose m’inquiète. Il n’est pas qualifié « d’extrême droite ». C’est un brevet, ou un anti-brevet, comme l’on veut, qui, si imprécis soit-il, différencie les galeux des autres. En attendant, j’ai apprécié à sa juste valeur cette chronique initiale.

L’auteur commence par les deux citations bien connues de Camus et de Péguy, l’une sur le « mal-nommer » des choses qui ajoute « du malheur au monde », et l’autre sur la difficulté de « voir ce que l’on voit. » Effectivement, si la parole et la vision du réel sont amputées, rien ne va plus, et la BBPD – Banque de la Bêtise, du Pouvoir et de la Dictature – empoche la mise. C’est ce contre quoi Geocortex.site s’élève, jour après jour, ou presque.

Mal nommer, cela peut être involontaire de la part des victimes de l’Éduc’Nat’. Lorsque je lis certains livres de grammaire récents, je me demande comment des petits cerveaux de têtes plus ou moins blondes peuvent en retirer quoi que ce soit de précis, à part les conjugaisons… à condition qu’ils sachent s’en servir. Moi aussi, bousculé par ces cuistres, j’avoue ne plus comprendre ma propre langue. Or, je crois avoir une certaine culture grammaticale du français, bien sûr, mais aussi de l’anglais, de l’espagnol et du russe. Mais il reste le tout-pouvoir qui se complaît à ses différentes langues : de bois, de coton, d’acier, de somnifères, et finalement de fadaises destructrices. Je n’irai pas jusqu’à insulter un certain Jean, dit Chrysostome (bouche d’or) car ces destructeurs nationaux devenus anti-nationaux par structure perverse et intéressée, ne parlent pas d’or, ils l’empochent, depuis d’autres poches… les nôtres. Mais c’est « pour notre bien ». 500 millions pour des paysans, contre 10 milliards pour l’Ukraine, de façon à ce qu’elle les appauvrisse de plus belle, sous couvert d’appui militaire, dont le seul résultat guerrier, pourrait mener à l’embrasement ultime. Oui, mal nommer les choses…

Et voir ce que l’on voit ? Il n’est pas certain que Péguy ait voulu nous donner une leçon de neurologie appliquée. Je ne crois pas que les embryologistes d’avant la Première Guerre Mondiale aient connu le développement de la rétine à partir du cerveau. Mais ils savaient, depuis Aristote, que notre œil est notre meilleur organe sensoriel de la connaissance… à plusieurs conditions. Qu’il associe la vision de près et de loin, qu’il ne prenne pas son index pointeur pour le paysage qu’il masque, et qu’il ne s’ampute pas de cet œil si nécessaire pour la connaissance du terrain en s’embastillant dans une forteresse, dont les modèles pullulent : cela s’appelle la bureaucratie. C’est la devise de Géocortex.site : « Sans le terrain, le cerveau tend vers le vide. » Et si ces conditions ne sont pas remplies, alors, la grotte des délires, comme la boîte de Pandore, libère tous les malheurs du monde.

Il est temps de poursuivre ce premier billet de Dominique Jamet. Il a le mérite de résumer les principales causes du déclin français, thème après thème, en quelques lignes bien troussées. Je me contenterai de citer le premier exemple :

« Parlons vrai. Nous avons sacrifié notre autonomie, notre indépendance, notre souveraineté nationale, politique, économique sur les autels de l’atlantisme, du mondialisme, du fédéralisme, du libéralisme. Des décennies de mauvais gouvernement ont achevé la besogne. »

Le moins qu’on puisse dire, est que cela n’est pas faux… à condition de définir les différentes notions présentées, ce qui dépasse le cadre d’une présentation générale. Attendons donc la suite.

Dominique Jamet complète son billet par les thèmes suivants : le budget en déficit, l’industrie bradée, l’agriculture abîmée (au sens le plus profond), le système scolaire rétrogradé, le système hospitalier noyé, l’armée exsangue, les mal-logés et les sans-logis, les frontières transformées en passoires, l’envahissement des drogues laissé aller par l’État démissionnaire, la religion de la décroissance et les « fanatiques de l’écologie punitive », le Grand Remplacement et le Grand Déclassement, pour ne pas dire l’effondrement cité par Michel Onfray.

Autant dire, nécessité de redressement… si possible. Sauf, que… avec de la macronerie dans tous les mauvais coups, nous ne pouvons qu’augurer le naufrage du bateau France.

Cela, ce n’est pas Dominique Jamet qui le dit, mais moi-même avec tous les esprits lucides de ce pays.

Antoine Solmer