BOUCLES D’OR AU BORD D’ELLE

Nous assistons chaque jour aux tentatives de déviation des enfants par des adultes possédés de fantasmes extravagants. En voici un dernier exemple. La personne qui participe à l’interprétation déviée du célèbre conte de la Famille Ours et de Boucles d’Or se fait appeler La Déliche.

Cette personne doit se produire dans une salle municipale du 13e arrondissement de Paris en mars et y injecter une lecture, dont on peut imaginer le caractère malsain.

Mais avant de juger, j’ai tenu à me renseigner. Pour cela, j’ai écouté la version dégénérée (anagramme de dégenrée) du conte évoqué plus haut.

Comme attendu, il s’agit d’une inversion de sexes, d’une dénaturation des personnages. Dès le début, sous prétexte de carnaval, les costumes annoncent les couleurs : un “père ours” en robe”à côté d’un “ourson” en jupette se préparent. On ne sait si le père est déjà déguisé ou porte son accoutrement habituel. La lecture est déviée du conte bien connu Boucles d’or et les trois ours où la scène fondamentale se joue dans la maison des ours.

On joue les quasi-homophonies (Boucles d’or devient Boucles d’ours, qui est le choix de déguisement du fils ourson). Indignation première du père qui propose un preux chevalier, une figure masculine. Cela ne durera pas devant l’obstination du fils ourson. On devine la suite : et après l’dessert… c’est le plaisir des dieux-queens !

J’avoue avoir précipité les évènements par rapport à l’histoire de La Déliche et de son-sa comparse. Mais, à terme, c’est le sens : tout à contre-sens, tant dans la perception du corps que dans son usage.

Il est bien entendu que le conte initial de Boucles d’or et des oursons nécessite une interprétation métapsychologique, c’est-à-dire psychanalytique. Comme tous les contes d’ailleurs. Mais la majorité des contes ont pour substrat profond d’offrir aux enfants immatures un chemin vers la maturité… et aux adultes aussi, plus souvent qu’on ne le croit.

Que certains adultes aient fait de leur “maturité” une immaturité déviationniste, variable, cela reste leur problème et celui d’autres adultes consentants dans leurs chambres à coucher.

Que leurs caractéristiques les poussent vers un exhibitionnisme dans des lieux réservés à un public averti, pourquoi pas !

Mais qu’à cet exhibitionnisme public s’ajoute une volonté de dénaturer les enfants par l’intermédiaire de contes eux aussi dénaturés, voilà qui n’est pas supportable, et devrait tomber sous les lois de la protection de l’enfance.

J’ajoute que les situations de carnaval (y compris sous d’autres noms) existent dans toutes les sociétés. Il s’agit de courtes périodes où chacun peut lâcher la bride à des pulsions ordinairement régulées. Ces “soupapes de sécurité” sont nécessaires… mais ne sont jamais la norme. Cela rajoute une deuxième couche de perversité à l’histoire de La Déliche lors de son contentement final.

Malheureusement, les politiques, soit par peur, soit par bêtise profonde, soit par recherche de clientèle, soit par déviations personnelles ne sont plus que des autruches bien payées. Pire quand ils ne participent pas à cette entreprise perverse de déviation mentale.

Que racontera-t-elle, cette “des liches”  lors de ces lectures à des enfants ? On n’imagine pas que l’esprit de finesse et la grâce puissent l’atteindre.

Les égoutiers font un travail difficile et utile. À ne pas confondre avec les adorateurs des cloaques.

Antoine Solmer