PERMIS DE CONDUIRE : À POINT ? SAIGNANT ?

DOUBLONS EN SÉCURITÉ
DOUBLONS EN SÉCURITÉ

Éric Zemmour, en parlant de permis à points et de limitation de vitesse, n’a pas seulement mis le doigt sur deux « vaches à lait » du gouvernement, mais a lancé la réflexion générale sur la conduite routière en France.

RESTER MAÎTRE DE SON VÉHICULE

Il fut un temps où la règle fondamentale du Code de la route voulait que le conducteur « reste maître de son véhicule ». Le bon sens, avec un zeste de juridisme, pouvait s’appliquer quand par mégarde, un étourdi garait sa voiture en pente  avec un frein à main défaillant.

Maintenant, l’article R 413-17 s’est enrichi de toute la graisse du juridisme. Il concerne les vitesses maximales autorisées, lesquelles « ne s’entendent que dans des conditions optimales de circulation : bonnes conditions atmosphériques, trafic fluide, véhicule en bon état. »

Mais il faut réduire la vitesse (laquelle ?) dans 11 cas déterminés qui ont oublié la rencontre avec une soucoupe volante, l’irruption de moustiques ou de guêpes dans la voiture, la passagère dont la jupe se relève un peu trop, et le panneau publicitaire alléchant.

Encore un petit effort, messieurs les délirants professionnels qui naviguez entre l’évidence la plus criante, et la généralité la moins précise.

Exemple n° 2 : « Lors du dépassement de convois à l’arrêt ». Et quand ce convoi roule ? Exemple n° 9 : « À l’approche des sommets de côtes… » Quand donc commence l’approche du sommet de côte ? Géométriquement, je dirais « sur tout terrain plat qui n’est pas suivi d’une descente. » Le reste est du même tonneau [1]

Bref, c’est du gendarmesque pur, sans le rire de Courteline.

Et plus personne, n’a la maîtrise de son véhicule au sens propre. Chacun en a été dépossédé par les maniaques du juridisme.

Or le véhicule est un des éléments constitutifs de la liberté de circulation.

Le Code de la route, est devenu un Code de l’anti-liberté, en même temps qu’il est devenu une annexe du Code des impôts.

LA DANGEROSITÉ DE LA VITESSE N’EST QU’UN SLOGAN ÉCULÉ

Le discours forcé du gouvernement assène que « la vitesse est la cause des accidents ».

Faux et archi faux : la vitesse est seulement une des causes d’un accident.

Il n’existe pas un seul accident dans quelque situation que ce soit qui ne soit la résultante de multiples causes. La prévention (avec ses trois classes) doit tenir compte du maximum de facteurs possibles. Sans cela il n’y a pas de prévention, mais une parodie pour engraisser la défaillance de l’État et ses caisses noires.

Ce que l’on peut dire vraiment est que la décélération brutale est un des mécanismes fondamentaux de dangerosité de l’accident réalisé.

Car, à bien y réfléchir, la majorité des accidents se produisent à vitesse 0, donc à décéleration maximum.

ACCÉLÉRER POUR DOUBLER

Un véhicule A roule à 80 km/h sur une route limitée à 90. Vous (Véhicule B) souhaitez doubler sans dépasser la vitesse limite).

Vous devrez doubler en surveillant votre vitesse, donc en perdant la route de vue. 1er risque imposé par l’État. Vos deux véhicules ont 4 m de long

Vous respectez le code de la route, vous (B) ne « collez » pas au véhicule précédent. (A) Vous en êtes séparé par un intervalle équivalent à trois voitures (estimé à 12 mètres), et vous attendrez d’être séparé de 12 mètres du véhicule une fois celui-ci doublé.

Au total, le dépassement correct devra nécessiter un franchissement de :

12 m pour rejoindre A

4 m pour être à la hauteur de A

12 m pour que l’arrière de B soit séparé de l’avant de A

4 m pour réussir l’ensemble de la manœuvre.

Au total, 32 m.

À 90 km/h B avance de 25 m/s

À 80 km/h A avance de 22,2… arrondi à 22 m/s.

Le gain de vitesse de B par rapport à A est donc de 3 m/s.

Chaque véhicule conservant sa vitesse est en n’ajoutant pas le temps nécessaire à B pour accélérer à 90 km/h, le dépassement prendra 10,6 s et B aura parcouru 325 m au moins.

Si B roule à 110 km/h, A roulant toujours à 80 km/ h, le même raisonnement montre :

  • Un gain de vitesse de 8,5 m /s de B par rapport à A
  • Une durée de dépassement de 3,8 s
  • Une longueur de dépassement de 115 m

Quel est le dépassement le moins dangereux ? Entre une voiture à 90 km/h qui occupe le côté gauche de la route pendant plus de 10 s et au moins 325 m, ou une autre qui pratique la même manœuvre pendant moins de 4 s et 115 m ?[2]

ÉVITER LES ANIMAUX

La même pensée guide le cas suivant. Vous traversez une forêt. Un panneau signale le risque de passage de grands animaux.

Vous souhaitez diminuer le risque de collision. Que faites-vous ? Ralentir, ou accélérer ?

Pour simplifier disons que la forêt fait 100 km

À 90 km/h la traversée durera 67 mn (arrondi)

À 80 km/h la traversée durera 75 mn

À 110 km/h la traversée durera 54 mn

En roulant à 110 au lieu de 80 vous resterez 13 mn de moins dans la forêt., soit 17% de temps en moins. Si les animaux sont régulièrement répartis, 17% de risque en moins d’en rencontrer [3].

N’y a-t-il pas un choix à faire, autre que ralentir sans réfléchir. C’est-à-dire, se sentir (faussement) en meilleure sécurité et diluer son attention ?

LA « VIOLENCE ROUTIÈRE » DE LA LIGUE

Je ne cesserai de penser et de montrer que les positions de la Ligue contre la violence routière [4] utilisent de façon incantatoire une volonté acharnée de réduire la vitesse, en usant et abusant de conditions dans lesquelles la vitesse n’a été qu’un épiphénomène.

Il suffit de lire la présentation des présidentes  [5] pour s’en persuader. Respectons la douleur des victimes, mais ne confondons pas un dépassement de vitesse arbitrairement limité avec la vraie violence d’un chauffard ivre, comme c’est le cas dans le cas présenté concernant l’une d’elles.

J’ajoute que j’attends toujours de lire ou d’entendre un éventuel communiqué sur la violence des rodéos urbains et de leurs suites locales, des cortèges de mariages « exubérants » [6], ni des voitures prétendues « folles » qui foncent sur des terrasses, ni du plus que dévastateur camion qui a endeuillé Nice un certain 14 juillet. Mais 86 morts par un camion un peu « terroriste » ce n’est pas de la violence routière. C’est juste une perte de connaissance… je veux dire, de la part de certaines personnes de la « Ligue ».

CONCLUSION TEMPORAIRE

Éric Zemmour a raison de poser les questions de fond. Aucune décision arbitraire provenant d’irresponsables retranchés dans leurs bureaux ne peut être satisfaisante. Une fois de plus, c’est le terrain qui prime.

 

[1] https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000037411312/

[2] Pour être mathématiquement exact, j’aurais dû tenir compte de l’accélération. En pratique, c’est inutile. Le terrain parle !

[3] Une fois de plus, ces calculs sont mathématiquement incomplets. Tout dépend de l’heure, de la saison, du nombre et des habitudes des animaux, etc.

[4] https://violenceroutiere.fr/w/2021/05/25/communique-de-presse-concernant-laudience-du-20-mai-2021-au-sujet-des-propos-tenus-par-la-presidente-de-la-ligue-contre-la-violence-routiere/

[5] https://violenceroutiere.fr/w/qui-sommes-nous/dou-venons-nous/

[6] Un exemple parmi d’autres : https://actu.fr/ile-de-france/mery-sur-oise_95394/val-d-oise-la-ville-de-mery-sur-oise-porte-plainte-apres-les-violences-en-marge-d-un-cortege-de-mariage_45470397.html