LA SOIRÉE DE VALEURS ACTUELLES

Hier soir j’ai regardé la soirée de Valeurs actuelles, en partie du moins, pour des raisons que j’expliquerai plus loin. En voici quelques souvenirs.

MARLÈNE SCHIAPPA

Elle a ouvert la soirée à sa façon. Un moulin à paroles obsédé à ne pas répondre aux questions et à servir la soupe pour son protégé-protégeant de l’étage du dessus. Et quand je dis servir la soupe, à la retrouver ainsi “balancée” on imagine qu’au passage elle a raflé toute la cochonnaille. Mais franchement, ce n’est pas la meilleure publicité pour la Corse, pour laquelle elle n’a même pas dit un mot. Certainement parce qu’elle s’étouffait à tenter de s’échapper devant les réalités.

Mais à ce petit jeu d’échappement on montre toujours ses arrières. Par exemple, sur les Antifas. Ne vous attendez pas à une dissolution du groupe. Elle glorifie la dissolution de groupements qui, de toute façon, n’auraient même pas été tolérés en Égypte. Alors, pourquoi les avoir autorisés ici ? Et au passage, elle rafle Génération identitaire qu’elle met dans le même panier. Quelle fine sous-fifre de la place Beauvau !

Reconnaissons-lui une vérité. Mais ça lui a échappé. Elle a glissé son lamento sur les réfugiés ukrainiens : “des femmes et des enfants”. Eh bien oui, ça change des MNA, ces fameux “mineurs non accompagnés” et autres réfugiés mâles à forte majorité, et sans famille. Hector Malot avait traité le sujet bien avec plus d’élégance et de vérité.

Que dire de plus ? Marlène Schiappa n’est qu’un festival de contre-vérités, de fuites sans élégance et de tours de passe-passe ratés. Par exemple, étant huée, elle croit s’en sortir en accusant la foule de huer les enfants, puis la pandémie. Elle n’a pas osé une troisième tentative. Bof !

Et pour finir, quand on lui demande de préciser des valeurs françaises, elle s’enferme dans celles de la République.

Il paraît que c’est une ministre de la France ? Et puis quoi encore ?

MARION

Après la lourde nuit de la Marlène, la promesse de l’aube de Marion. Prenez tout ce que j’ai écrit dans le premier chapitre. Inversez, rajoutez une pincée d’humour, des épices choisies, suffisamment fortes, les plats du terroir et un vin charpenté. C’est Marion dans son rôle de chef étoilé (pas de cheffe !, car c’est une vraie femme, pas un substitut de papier). Au menu, elle nous a présenté les plats du jour.

Les cabinets de conseils privés de toute honnêteté mais pas d’argent, de notre argent. Les milliards valsent. Le bilan du Macron, sa malhonnêteté à dépolitiser la démocratie, à la remplacer par des structures “à sa botte”. Le scandale McKinsey partie émergée de la glaciation macronienne, le silence attaché (acheté ?) des médias, les conférences de presses préparées “aux petits oignons”, avec questions autorisées pour les seuls petits marquis. Trucage sur trucage, avec le risque final de grosse colère du peuple.

Son menu fut un réquisitoire parfait. Avec le sourire, mais finalement glaçant. Je passe au final, qui vaut condamnation :

“Emmanuel Macron est le candidat de la fin de la France !”

Est-il difficile de tenir des discours alarmistes ? Réponse forte : “Il n’est jamais trop tard pour essayer et les seuls combats perdus d’avance sont ceux qui ne sont pas menés”.

VALÉRIE PÉCRESSE

Était-ce une hallucination ? Avais-je trop fumé du je-ne-sais-quoi, abusé de la dive bouteille, largué les amarres de mes fantasmes ? Je ne sais. En tout cas que penser de son regard allumée, de sa parole traînante, presque pâteuse, de ses poses alanguies qu’elle promenait autour de sa tablette comme autour d’un haut siège d’entraîneuse ? Pourtant, je n’avais pas changé de chaîne. Pas dans un cinéma X.

Fut-elle mauvaise ? Pas vraiment ? Fut-elle bonne ? Pas plus ? C’est dommage, et je ne plaisante pas, car quoi qu’on en dise, si elle et Zemmour nous présentaient un programme commun, le gars qui nous emmacronise aurait du souci à se faire. Enfin, les combats de chefs ne sont pas de mon niveau. Mais personne ne m’empêchera de penser, même haut.

Elle convient que l’élection est volée à la droite et qu’elle souhaite réveiller les Français. Elle raconte comment avoir avoir sorti Éric Woerth de la panade entre les deux tours, elle est venue l’aider à Senlis, alors que maintenant “il s’est renié lui-même”. Bien, c’est vrai. Mais enfin, qu’attendre d’un tel personnage et des ses relations collantes avec l’argent. Un capitaine Haddock aux multiples sparadraps, président d’un Club de la boussole, qu’il aurait pu appeler Club des casseroles. Chacun sa voie !

Valérie Pécresse a des bonnes idées. D’où viennent-elles ? Chacun se disputera la primeur. Les mettrait-elle en oeuvre, au cas où…? That is the question.

Bien entendu, elle sera au deuxième tour, et n’en démord pas. Moi non plus d’ailleurs, si je m’étais présenté.

ÉRIC ZEMMOUR

Changement de décor. L’homme vrai qui s’élève. Bien sûr il insiste sur la nécessité de créer un Ministère de la remigration et explique : pour centraliser toutes les démarches et actions nécessaires, plutôt que de passer par des ministères divers dont le seul but est de se “tirer dans les pattes” (interprétation personnelle libre de droit d’auteur).

Il explique aussi sa rudesse assumée : qui s’excuse s’accuse, la pédagogie oscillant entre la force et la faiblesse, selon le temps et les circonstances. Alors, ayant “à faire avec des menteurs depuis trente ans”, et ayant toujours préféré la sincérité, sa route est tracée, et son discours nécessaire. “Je n’ai pas 10 ans devant moi” dit-il, et cela aurait tout changé. Mais, il “n’a pas le temps”.

Sincérité, véracité et force sont ses meilleures armes. Empruntons-les- lui et usons-en ! Comme ce policier blessé, amputé, lui faisant don de ses médailles. Un talisman ça se respecte. C’est aussi ce qui fait vibrer Zemmour… et tous les hommes de bonne volonté.

J’ai écouté avec attention son rapport aux religions, juive d’abord, par sa famille pieuse, et chrétienne, par la fréquentation de la culture française et dès 14 ans, de notre grand, de notre immense Pascal.

Pour Zemmour, les religions doivent “se christianiser”, non se déjuger ni se convertir, mais comprendre et prendre le fait que la religion chrétienne a “inventé la foi” sans se contenter d’un code ou d’une morale.

Il évoque la figure et les dernières “apparitions” de Mitterrand qui l’ont manifestement guidé vers un chemin spirituel, qu’il avait (peut-être) un peu négligé à l’âge agité de l’adolescence. Mais le discours du Mont-Saint-Michel, plus que symbolique, venant après celui de Villepinte où il était “porté et emporté” s’expliquent. Avant d’entrer dans l’arène, il a senti que ses parents (décédés) le regardaient et qu’il ne devait pas les décevoir.

Que Zemmour et Mitterrand se rejoignent ainsi sur le chemin de la pure spiritualité ne m’étonne pas de ces deux hommes : celui pour qui je voterai, et celui pour qui je n’ai ni n’aurais jamais voté.

ÉRIC CIOTTI ET JORDAN BARDELLA

Je n’en parlerai pas. Du premier parce que sa moquerie au sujet de créer un ministère spécialisé est une pensée si faible, et un argument tellement minable et faux qu’il ne méritait pas de me voler mon sommeil. Du second parce que Morphée m’avait kidnappé. Dommage, peut-être, pour Jordan Bardella qui a généralement du punch.

EN CONCLUSION

Schiappa : Scapa ! (à fuire, en bon langage vernaculaire sud-méditerranéen).

Pécresse : pécheresse qui s’est trompée de bistro. Dommage.

Marion : l’aube de la délivrance, au propre et au figuré.

Zemmour : l’homme, le vrai, avec sa rudesse et sa hauteur intime.

 

Antoine Solmer