UN CLOWN EST MONTÉ PLUS HAUT

MARCEL AMONT
MARCEL AMONT

 

Un clown est monté plus haut, sous le plus grand chapiteau du monde. Cette mise en scène est dédiée à Marcel Amont, qui vient de tirer sa dernière révérence à 93 ans.

Vous trouverez bien des résumés de sa carrière, et bien peu de sa vie. Car il ne « se » mettait pas en scène pour « faire de la pub » à une période où Internet n’existait pas, ni après non plus.

Si cet article s’insère dans la catégorie « Repère de beauté », c’est pour insister sur l’émergence de la beauté, hors les grandes œuvres répertoriées comme telles. Il existe quelques définitions de la beauté, parmi lesquelles la notion d’harmonie revient assez souvent. Mais comme pour tout élément subjectif à définition variable, il faut tenir compte du spectateur. La Joconde laisse certains visiteurs de marbre, la Vénus de Milo attirerait plus les regards si l’on retrouvait ses bras et les remontait en bonne place, etc. Chacun peut – et devrait – se créer son petit musée, en picorant à droite et à gauche, jusqu’en dehors des sentiers battus.

Aujourd’hui, je vous propose d’écouter Moi le Clown, chanté et animé par Marcel Amont. C’est un petit chef d’œuvre, sur une musique de Charles Aznavour et des paroles de Jacques Mareuil.

La version de l’INA des années 1960 me paraît la meilleure car Marcel Amont s’y trouve au mieux de sa forme. Tout en chantant, il se transforme en clown, gambade, saute, avant de redevenir cet Untel anonyme qui rentre dans la foule des inconnus.

J’ai eu la chance d’assister à la représentation qu’il en a donné à Ajaccio à cette période. Elle n’a jamais quitté ma mémoire, tant la grâce tranquille, la précision des gestes, l’harmonie des scénettes que mime le chanteur étaient extraordinaires de beauté dans leur extrême simplicité. Le changement de ses souliers d’Untel pour les énormes tatanes du clown, puis de refaire les mêmes gestes sans un défaut, montrait la précision et le talent de ce bonhomme qui avait hésité entre devenir professeur de sport et artiste. La grâce – et peut-être une représentation d’Yves Montand – ont voulu qu’il opte pour la deuxième solution.

Maintenant il allé « r’trouver son grand patron le cirque », oui, le plus grand chapiteau du monde. Là-haut, son sourire et sa gaieté, sa fantaisie qui était son credo doivent déjà lui attirer un sacré public.

https://www.dailymotion.com/video/x1qwp68

Antoine Solmer