LA VINAUGRETTE, UNE DRÔLE DE SAUCE

TRUMP AND TUSK
TRUMP AND TUSK

PROFESSEUR DE NOUVEAU MONDE

Jean-Pierre Naugrette publie un article dans La Revue des Deux Mondes [1]. Son titre : « Trump vs Biden : une bataille onomastique ? » M. Naugrette est très intelligent. La preuve : il est ancien élève de l’École normale supérieure, et professeur de littérature anglaise du XIXe siècle en Sorbonne-Nouvelle Paris III. Et donc, il décode pour nous, pauvres ignares, les « métaphores guerrières », dévoile les dessous onomastiques cachés de la politique américaine, et même des USA, « ce pays où la moindre mère de famille peut tranquillement s’armer d’un fusil d’assaut et de revolvers si elle sent son pré carré menacé, où les milices de tout poil, armées jusqu’aux dents, sont prêtes à faire le coup de poing ou le coup de feu à tout moment. » Mais comme il est un bel et bon esprit empli de belles et bonnes valeurs, il « espère que la métaphore guerrière ne sera pas performative, et que la raison démocratique l’emportera. » D’ailleurs, question de beauté, le professeur Naugrette nous en enseigne le modèle : « le beau discours de la nuit –pour nous.. » de Joe Biden. On pense au poète maudit dans sa chambrette, soupirant dans la nuit étoilée, après quelque demoiselle évaporée. C’est beau ! Merci Monsieur le professeur.

LE DÉCODEUR DÉTRUMPEUR

De plus, comme nous sommes les plus ignares des ignares (ignarissimes ?) le génial stratège Naugrette décode qu’« une autre forme de bataille, plus feutrée mais significative, peut être décelée à travers les noms propres des deux candidats. »

Vous gardiez en réserve quelques idées sur les candidats ? Rangez-les au grenier comme  le dernier des balais, et courbez-vous, vieux primates de l’ère sicambrienne ! Adorez maintenant la lumière de la nouvelle ère naugrétienne.

Ici, roulements de tambour, Voici qu’entre en scène le président Trump annoncé par le génial Naugrette :

Trump, « dûment imité par l’acteur Alec Baldwin et sa bande sur SNL, et le canard de Disney à la voix nasillarde ». Je stoppe ici, pour conseiller à l’auteur de l’article cité une consultation urgente (au choix : ORL, neurologique ou psychiatrique) ou le traitement d’un exorciste qualifié. Car s’il confond les imitations d’Alec Baldwin[2] avec la voix de Donald Duck, le problème nous dépasse.

Ceux qui comprennent l’anglais iront vérifier sur place, et les amateurs de curiosités scientifiques sauront que la voix du Donald de Disney correspond à une voix humaine respirant de l’hélium.

Passons et revenons à « l’onomastique, l’étude ou science des noms propres, et spécialement des noms de personnes […] ». C’est que « en anglais et en américain, trump désigne un atout aux cartes, ou trump card. » Ici, je laisse Mister Naugrette dévider le fil de la métaphore jusqu’à plus soif. Retrouvez-le, si le cœur vous en dit, « dans un saloon du Far West » où « Trump a sorti son revolver en pointant du doigt la “fraude” électorale que constituent, à ses yeux, les votes par correspondance notoirement démocrates. » Mais, comme « le verbe to trump up signifie “fabriquer de fausses accusations” », et que « Fidèle à son nom propre, et à son propre nom, Trump a ainsi cherché à fabriquer (trumped) une autre élection, une élection fantasmée… », etc.

LE DÉCODEUR BIDENEUR

Personne n’a décroché ? Mister N. poursuit avec Joseph Robinette Biden Jr.

Il passe sur « l’étonnant “Robinette”, dont l’effet comique est trop évident pour être significatif ». Allo Sigmund ? Nous aussi, passons dessus ! Laissons passer et p.sser, comme la sagesse populaire le conseille par mérinos interposé. Car « Joe Biden, a d’autres atouts à faire valoir. » Alors, le distingué professeur décrit le passage commun de Joseph à Joe, en fait un G.I. Joe, un « soldat américain […] valeureux, capable de se battre pour affronter l’adversité. »

Mais ce n’est pas tout, « son patronyme, qui rappelle le verbe to bide, dont le premier sens, donné par l’Oxford English Dictionary, est “rester en attente, attendre”. » Attendre le décompte des votes, rester calme, se laisser tranquillement dériver vers le « substantif abode, dérivé de to bide, qui désigne à la fois l’action de “rester” et “une demeure”, là où l’on réside. »

Au hasard des rencontres de cet article filant, nous attendent Steve McQueen, John Wayne, Gary Cooper, Clint Eastwood, James Stewart, Lee Marvin, les seuls rôles attribués à Trump restant ceux de Lee Marvin (le méchant Liberty Valance) et de Donald Duck, le ridicule canard vindicatif. Vous l’aviez deviné.

CHACUN SON TOUR

Oublions le professeur, sa tirade à blanc de six shooter et sa panoplie de parfait petit cow boy, ou plutôt de gaucho. De toute façon, il y a peu de chances que je le croise en faculté, et encore moins dans les coins et recoins (nooks and crannies) de l’Amérique que j’aime, plus adepte de Bourbon en bonbonne que de barbon en Sorbonne. D’ailleurs, si j’y passe et repasse, c’est parce que la fréquentation des mères – et pères – de famille qui admirent le Peacemaker (Colt 45 de 1872, dit « Pacificateur ») me paraît préférable aux amateurs « français ou autres » de Kalach, de mortiers ou autres arguments affilés à la meilleure dialectique. Chacun ses goûts, n’est-ce pas ?

Mais, Môssieur le professeur, c’est une autre leçon d’anglais qui m’aurait amusé. Celle qui aurait opposé et relié Donald Trump et Donald Tusk. Le premier est le bien connu président des USA. Le second est le Polonais élu en novembre 2019 avec 93% des voix à la tête du PPE, la plus importante formation du Parlement européen[3].

Alors, pauvre angliciste que je suis, j’ose rappeler que, si le substantif trump passe si facilement de trompette à trompe de l’éléphant, tusk, lui se rapporte à ses défenses en ivoire. Un peu chimérique ce pâté de canard fabriqué de Donald Duck assorti à Trump and Tusk ? Pas plus que celui d’alouette à la “vinaugrette” concocté par l’éminent prof d’anglais du XIXe siècle.

Mais si l’anti trumpiste obstiné qu’est le « démocrate » Pr Naugrette avait vraiment voulu fustiger le candidat du GOP (Great Old Party : républicain) dont le symbole est l’éléphant depuis 1860 – ça ne s’invente pas – il aurait été mieux inspiré de rappeler que c’est sous la présidence de M. Trump qu’a été levée l’interdiction d’importation de l’ivoire – tusk– (sous quelles influences, cela reste à voir). Cela aurait eu « plus de gueule ». Enfin, quand on est gouverné par l’idéologie gaucho

Fuck ! Dude ! You’re really no great ! And frankly, I don’t give a damn.[4]

 

 

[1] https://www.revuedesdeuxmondes.fr/trump-vs-biden-une-bataille-onomastique/

 

[2] https://www.youtube.com/watch?v=KLLU3LvK_Hc

[3] https://www.lesoir.be/261722/article/2019-11-20/le-polonais-donald-tusk-elu-la-tete-du-ppe-avec-93-des-suffrages

[4] P… !  Mec ! T’est vraiment pas terrible (great se prononce [greyt]. Et franchement, j’en ai rien à battre (traduction libre, et citation de la dernière réplique de Rhett Buttler dans Autant en emporte le vent).