RAS LE BOL DE CE DIKTAT ADMINISTRATIF

LE PAYS DE BRAY
LE PAYS DE BRAY

Ras le bol de ce diktat administratif” ! La phrase est claire, nette. Elle n’est pas de moi, mais j’aurais pu la prononcer. Et bien d’autres Français aussi. Mais c’est un médecin, président d’une CPTS qui l’a envoyée, tout haut et tout fort à un soviet d’administratifs obsédés par leur plan, leur jargon et leurs envie “d’emmerder les Français” qui travaillent. De petits Macron en quelque sorte. Lisez la suite, c’est éclairant.

La pièce se joue dans le pays de Bray, cette jolie région naturelle au nord-ouest de Paris qui jouxte, entre autres, le Beauvaisis et le pays de Thelle pour pousser une pointe jusqu’à l’océan. Heureux habitants. Heureux, sauf les personnes âgées, lorsque la santé décline. Alors, on appelle le médecin. Mais les médecins se font rares, et sont surchargés.

Tel était le cas du docteur Lambertyn. En 2016, ce praticien actif, proche de la soixantaine, s’occupe d’un malade en fin de vie. Ce dernier veut mourir chez lui. Quoi de plus respectable ! Le docteur Lambertyn organise un protocole de soins palliatifs avec des infirmières libérales. Deux mois d’intense pratique. Mais aussi deux mois de réflexion.

LA PREMIÈRE CPTS DES HAUTS-DE-FRANCE

Suivent des échanges entre confrères et autres professionnels de santé. Justement, le ministère lance l’idée de créer des CPTS. CPTS veut dire Communauté professionnelle territoriale de santé. Banco se disent le docteur Lambertin et les autres professionnels. Ils se lancent, alors bien des mots remplissent bien des dossiers administratifs, et que rien de pratique n’existe. Alors, on leur “a donné carte blanche.”

15 mars 2019 : naissance officielle de la première CPTS des Hauts-de-France dans le Pays de Bray couvrant 25 000 habitants. L’ARS (Agence régionale de santé) en est sa déclinaison locale.

Une cinquantaine de professionnels de santé sont sur la brèche. Secteur rural, patients septuagénaires et plus, pris en charge à domicile, organisation des vaccinations (le covid est passé par là), oubli de compter les heures (oui, les médecins et autres professionnels sont des “privilégiés” !). Le docteur Lambertin fait les comptes. Leur CPTS a évité 220 hospitalisations. À 700 euros la journée et 10 jours d’hospitalisation en moyenne, “on a réalisé plus d’1,5 million d’euros d’économies”. Dans le colonne des dépenses, le fonctionnement de la CPTS a coûté 240 000 euros en trois ans. Faites le compte !

L’ARS, LA CPAM ET LEUR ACI

Tout aurait dû aller pour le mieux ! Non, car l’ARS ferme le centre en novembre 2021. En théorie pour discuter de l’ACI (Accord cadre interprofessionnel signé entre la CPTS, l’ARS et la CPAM).

Si encore il ne s’était agi que de parler “gros sous” ! Le docteur Lambertyn et ses collègues avaient de quoi répondre. Mais non. Le bataillon des administratifs sort ses armes de gros calibre.

Vous avez travaillé. Bien, mais faites-nous parvenir des “des justificatifs” ! C’est déjà limite, pour une première réunion.
Puis une deuxième : Vous travaillez bien mais “vous êtes hors les clous” !
On leur reproche de trop s’occuper des personnes âgées. Que le pays de Bray vieillisse, comme beaucoup d’autres, dépasse ces fonctionnaires. Le terrain et ses besoins spécifiques, ils ne veulent ni le connaître, ni le reconnaître.
Quant à la campagne de vaccination contre le covid, leur réponse est pire : ““Vous n’avez pas fait de plan d’actions, donc ça ne compte pas” !

Et quand le docteur précise qu’il y a “plus 10 000 patients sans médecin traitant”, le surréalisme administratif atteint son apogée : “On va donner le numéro de votre coordinatrice aux patients, elle sera en charge de leur trouver un médecin. Il nous faut suivre cet indicateur”.

Les mots sacrés défilent : “indicateur… mission-cadre à remplir, et autres cases à cocher”.

RAS LE BOL DE CES ADMINISTRATIFS

Peut-on reprocher au docteur Lambertyn d’avoir quitté la séance, “rendu sa blouse” et précisé bien fort qu’il avait “autre chose à faire que de perdre [son] temps dans des réunions avec des gens qui ne veulent rien entendre. J’arrête la CPTS. Moi je suis dans le pratico-pratique, je ne suis pas un administratif.”

L’ensemble du bureau de la CPTS du pays de Bray a donné sa démission. Adieu tous les projets !

CONCLUSION

J’ai écrit cet article sur la base de celui repris par Avline Marques sur le site concourspluripro, repris d’Agora.

Je n’ai pas repris la réponse de l’ARS des Hauts-de-France, n’ayant pas de temps à perdre pour retranscrire de la langue de bois, ou de coton cardé.

Constatons ensemble le fossé qui s’élargit entre les administratifs soviétoïdes qui prétendent gérer la santé et les professionnels de terrain, comme ce médecin et les autres membres de leur défunte CPTS.

Dans ce fossé, les malades sont enterrés et la santé tombe en lambeaux. Mais le plan se poursuit. Dans le temps, les fossoyeurs avaient des pelles. Maintenant ils ont des dossiers, des accords cadres, des indicateurs, des missions-socles et des cases à cocher.

Un exemple de plus de la dégringolade macronique.

Antoine Solmer

https://www.concourspluripro.fr/exercice-pluriprofessionnel/cpts/ras-le-bol-de-ce-diktat-administratif-un-medecin-president-de-cpts?utm_source=email&utm_medium=gms_concoursmedical&utm_campaign=NL+CP+ACTUS+SITE+25%2F05%2F2022+Prospects+%28hors+abonn%C3%A9s%292022-05-25+17%3A00%3A00NL+CP+ACTUS+SITE+25%2F05%2F2022+Prospects+%28hors+abonn%C3%A9s%2920220525&sc_src=email_3894555&sc_lid=131533328&sc_uid=159foFxExX&sc_llid=12152&sc_eh=627440a1cb613f141CPTS