6 MARS 2024 : STALINE ET HITLER SE MARRENT DANS LEURS TOMBES

Le site Vie Publique nous offre une morceau de bravoure en date du 6 mars 2024, sous le titre : « Proposition de loi visant à renforcer la réponse pénale contre les infractions à caractère raciste, antisémite ou discriminatoire. »

Je rappelle qu’une proposition de loi, à la différence d’un projet, émane du parlement, ou au moins de quelques parlementaires… dont certains travaillent peut-être comme courroies de transmission. En effet, l’avalanche de projets de lois associée à la mitraillade de calibre 49.3 évoque plus une ambiance de guerre étatique contre le pays que la régulation sereine et attentive d’un État bienheureux et miséricordieux. En fait de miséricorde, soyons clairs, Macron ne nous prépare qu’une corde de misère à laquelle il voudrait qu’on aille se faire pendre… dans la dignité, bien sûr.

Vie publique se veut bonne fille, bien publique, en nous expliquant – oh âmes diaboliques que nous sommes –­ qu’ « entre 2016 et 2023, les contraventions présentant un caractère raciste, xénophobe ou antireligieux ont augmenté de plus de 70% et les crimes et délits de ce type de 47% environ. En 2023, les actes et propos antisémites ont explosé (+1 000%), en lien avec l’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre 2023 en Israël et l’offensive menée en réponse par l’État hébreu à Gaza. »

Les choses étant ce qu’elles sont et le paragraphe précédent étant bien lu, j’aurais pensé qu’une loi si nécessaire allait être votée contre les fauteurs de troubles que sont les terroristes du Hamas et l’État hébreu, que nous allions donc citer à comparaître Ismaïl Haniyeh ou Benjamin Netanayhu. Logique, non ? En fait, les parlementeurs n’ont pas pensé à cela. Mais ils se sont raclé les cervelles jusqu’au fond de l’inconscient le plus bourbeux et ont accouché de deux gentils petits monstres. Pour une fois qu’un avortement s’imposait…

PREMIER PETIT MONSTRE :  Mandat d’arrêt pour certains délits de presse (négationnisme …)

Car, voyez-vous, il y avait un vide juridique favorable aux nombreux idéologues racistes ou antisémites. Dans le viseur : la presse. Je passe sur un paragraphe incompréhensible pour moi : « possibilité aux tribunaux correctionnels de délivrer un mandat d’arrêt ou de dépôt contre un prévenu condamné à une peine de prison d’au moins un an ferme pour apologie de crimes contre l’humanité ou de guerre ou pour négationnisme ; etc. »

Autrement dit – remettez les pendules à l’heure si je me trompe – le condamné peut encore attendre un mandat d’arrêt ou de dépôt ! Double peine ? Triple peine ? Où sont les grandes consciences de gauche ? Aux abonnés absents, bien sûr, puisque la si pluridisciplinaire Vie publique nous précise bien que tout cela vise l’extrême droite.

Mais au fait, qu’en est-il de la liberté de la presse ? Cela était une conquête de 1789, non ?

DEUXIÈME PETIT MONSTRE : Répression des propos racistes ou antisémites non publics

deux nouveaux délits ont été créés :

  • un délit d’apologie non publique des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité ou autres crimes (réduction en esclavage…), qui sera puni d’un an de prison et de 45 000 euros d’amende ;
  • un délit de contestation non publique d’un crime contre l’humanité, qui sera puni de 3 750 euros d’amende.

Je croyais là encore me rappeler qu’un vague écrit concernant les Droits de l’homme lui accordait une liberté de pensée. J’ai dû mal comprendre. Si la liberté de penser (infinitif) existe, ce n’est qu’à la condition macronienne que la pensée, elle, ne s’exprime pas.

D’ailleurs le président lui-même nous montre l’exemple. Grâce à son « en même temps » contradictoire, il s’amende en permanence, il s’auto-censure systématiquement, il est là où il n’est pas, il ment sa vérité et parle vrai en tout mensonge. Il nous montre l’exemple d’une pensée exprimée dans sa propre censure, et d’une censure qui se libère. Il ne tombera pas sous les fourches de cette nouvelle loi, que les sénateurs la renvoient ou non aux égouts d’où elle n’aurait jamais dû sortir.

En somme il s’agit de sanctifier la délation. Car, comment porter à la connaissance du juge des propos tenus en privé ? Par écoute constante, viol de l’intimité ? Ou par délation ? Et pourquoi pas ? Rappelons-nous qu’à une certaine époque, même des officiers de la Kommandantur étaient écœurés devant tant de lettre anonymes. Si vous ne me croyez pas, lisez de bons livres d’histoire, ou les souvenirs d’Alexandre de Marenche, quand il a pris la tête d’un service où les preuves étaient encore bien rangées.

Donc, si nous ne pouvons plus rien dire, ni en famille, ni entre amis, ni devant nos enfants, et que nous risquons la délation et ses conséquences pénales, alors Macron aura fait pire que Staline, qu’Hitler, que 1984 de George Orwell. Macron avec quelques députés-prétextes, bien sûr.

Mathieu Lefèvre, rapporteur – le titre n’aura jamais été mieux porté – aura bien mérité de l’Histoire dans ce qu’elle a eu de pire. Enfin, ne soyons pas vache, il a été accompagné de quelques moutons.

Antoine Solmer