ALEXIS CARREL : UNE BIOGRAPHIE ET UN EXTRAIT

DR ALEXIS CARREL
DR ALEXIS CARREL

Il était prévu que Geocortex.site devait traiter de littérature et de philosophie. L’évolution politique nous a entraînés vers d’autres chemins, sans que Noël Pomin ni Claude Henrion ni moi-même ne l’ayons décidé de concert. Cela dit, aucun de nous ne néglige ses amours littéraires.

À partir d’aujourd’hui j’ajouterai une série sur Alexis Carrel. Est-il sûr que chacun ait vraiment entendu parler de cet immense médecin ? Je ne sais. Débutons simplement par une courte biographie et un extrait de son dernier livre posthume (publié en 1950) : Réflexions sur la conduite de la vie. Chaque jour un nouvel extrait doublera l’article du jour. Bonne lecture.

Antoine Solmer

COURTE BIOGRAPHIE

Alexis Carrel (Marie Joseph Auguste Carrel-Billard (1873-1944), docteur en médecine de la faculté de Lyon, il s’orienta dès l’internat vers la recherche en chirurgie, sur la compatibilité des tissus et les sutures. Agnostique, il assista au cours d’un séjour à Lourdes à ce qu’il considère comme un miracle et devient catholique militant. Cette “conversion” souleva l’hostilité des milieux athées.
Il choisit alors de s’expatrier aux États-Unis où, de 1904 à 1939, il devint un chercheur renommé au sein de l’université de Chicago et du Rockefeller Institute for Medical Research. En 1908, il effectua une première auto-transplantation rénale sur une chienne. En 1912, il obtint le prix Nobel de physiologie et de médecine pour ses travaux sur la chirurgie thoracique et la culture de tissus. Développant de nouvelles techniques de sutures vasculaires il est considéré comme un pionnier de la transplantation d’organes.
Il revient en France pendant la guerre de 1914-1918, pour se rendre utile à son pays. Durant cette période, il développera avec le chimiste anglais Henry Drysdale Dakin, la méthode de Carrel-Dakin de traitement des brûlures (utilisant notamment la Liqueur de Dakin) qui, avant l’usage des antibiotiques, sauva la vie de nombreux blessés de guerre.
Il fut décoré de la Légion d’honneur pour ses découvertes et fit  la connaissance de Philippe Pétain.
De retour aux États-Unis, il entreprit des travaux sur le cœur artificiel, qui lui valurent l’amitié et le soutien de Charles Lindbergh, – le futur vainqueur de l’Atlantique – avec qui il écrivit La Culture des organes . Ils travaillèrent ensemble à la création de la circulation extra-corporelle (ouvrant la voie à la chirurgie thoracique et à celle de l’aorte).
Au milieu des années 1930, il dirige avec Jean Coutrot et Aldous Huxley le Centre d’études des problèmes humains.
Une expérience d’Alexis Carrel qui a beaucoup marqué son époque fut celle d’un cœur de poulet qu’il a fait vivre in vitro, dans un liquide nutritif, pendant une durée de plusieurs décennies (âge que n’atteint aucun poulet). Il ouvrait ainsi la voie à deux thèmes de recherches :
La conservation d’organes vivants à des fins éventuels de greffe.

L’étude de la limite exacte de la durée de vie des différents organes.
On attribue à Carrel la phrase : « Une cellule bien hydratée, bien nourrie, bien débarrassée de ses déchets se renouvelle perpétuellement », suggérant une quasi-immortalité des organismes. Ce thème sera repris par Jean Rostand.
En 1935, il publia L’Homme, cet inconnu , qui fut l’objet de multiples traductions et rééditions, et dont le succès mondial dure jusqu’aux années 1950. Il y plaide (entre-autres) pour un eugénisme éclairé, incluant l’euthanasie de toute une série d’indésirables (criminels) et le reconditionnement au fouet des délinquants.
En 1941, il rencontre le maréchal Pétain qui le nomme “régent” de la Fondation française pour l’étude des problèmes humains chargée de “l’étude, sous tous ses aspects, des mesures les plus propres à sauvegarder, améliorer et développer la population française dans toutes ses activités”.
Fonctionnant de manière autonome, sans lien avec les autorités (elle accueillait collaborateurs et résistants), la Fondation eut pour secrétaire général François Perroux, avant que celui-ci ne se brouillât avec Carrel. Elle fut notamment à l’origine de la loi instaurant la médecine du travail, le certificat prénuptial (loi du 16 décembre 1942) et le livret scolaire. Elle se livra à des travaux sur la démographie (Robert Gessain, Paul Vincent, Jean Bourgeois), sur la nutrition (Jean Sutter), sur l’habitat (Jean Merlet) et aux premières enquêtes par sondage (Jean Stoetzel). En 1944, Carrel refuse le poste d’ambassadeur de France à Berne, invoquant sa santé défaillante.
À la libération de Paris, Carrel était cloué chez lui par une grave attaque cardiaque.
Il fut une des toutes premières personnalités visées par le gouvernement provisoire de la IVe république, il fut suspendu de ses fonctions le 21 août 1944 à la demande de Paul Milliez et de Louis Pasteur Vallery-Radot, la Fondation dissoute.

Mais il comptait de nombreux soutiens américains et Eisenhower reçut l’ordre de « ne pas laisser toucher à Carrel ». Il meurt le matin du 5 novembre à son domicile.
Après un temps d’oubli, le rôle et la personnalité d’Alexis Carrel furent à nouveau objets de polémiques. Traité de “nazi” par de jeunes voyous, traîné dans la boue par des pétitions, initiées pour la plupart par les petits merdeux de Ras l’front ou le Parti communiste français oublieux de sa complicité active dans le massacre des 80 millions de victimes de Staline, la faculté de médecine Alexis-Carrel de l’université
Claude-Bernard – Lyon I fut lâchement rebaptisée en 1996 “R.T.H. Laënnec” (René-Théophile-Hyacinthe Laennec) et de nombreuses municipalités débaptisèrent honteusement des rues portant le nom de cette gloire nationale.
Pour le professeur René Küss, membre de l’Académie de chirurgie, ancien président de la Société française de transplantation, « reprocher à Carrel d’être l’initiateur des chambres à gaz nazies est une escroquerie historique ».

EXTRAIT DU JOUR N°1


Développer son esprit est une obligation aussi stricte que celle de conserver la vie, et de propager l’espèce. De cette obligation, cependant, nous ne tenons aucun compte. Les écoles et les universités se contentent de cultiver l’intelligence ; mais la culture de l’intelligence n’est pas équivalente à celle de l’esprit. Car l’esprit dépasse de toutes parts l’intelligence.
Les activités non logiques de l’esprit sont beaucoup plus vastes que les activités logiques ; elles constituent le véritable substratum de la personnalité.
Le premier commandement que nous donne la loi de l’ascension de l’esprit est de mettre en valeur la totalité du patrimoine mental que nous apportons avec nous en naissant. Peu importe que ce patrimoine soit petit ou grand. Chacun doit développer son esprit dans toute la mesure où le permettent ses capacités héréditaires.  est universelle. Les enfants de l’artisan, de l’ouvrier, du paysan lui sont aussi soumis que ceux du marchand, de l’industriel, du fonctionnaire, du financier.
Vieux et jeunes, pauvres et riches, forts et faibles, ignorants et savants ne sont, ni les uns ni les autres, dispensés d’observer cette règle.
Cet essor volontaire de l’esprit c’est, pour nous, le seul moyen de contribuer au salut de la civilisation d’Occident, et d’éviter à notre descendance des calamités plus grandes encore que celles dont nous souffrons.

Ce texte et les suivants seront extraits de :

http://www.apophtegme.com/SPICILEGE/MORALE/Carrel.pdf