LA GIFLE : SOPHIE MARCEAU ET ISABELLE ADJANI 6 – MACRON 1

PRISE DE BRAS AVANT LA GIFLE
PRISE DE BRAS AVANT LA GIFLE

DES ACTEURS DONNENT LE LA

Comme nous ne sommes pas sur Geocortex.site pour nous joindre au chœur des pleureuses et indignés professionnels, rajoutons notre grain de sel. Et tant pis s’il irrite les âmes sensibles et les ravis de la crèche.

En premier lieu, disons que cette gifle est regrettable, et que je n’admets pas ce geste physique. Pas plus que je n’aurais admis un quelconque autre geste déplacé. Fermez le ban !

Changeons de perspective et revenons sur Sophie Marceau dans le film Police de Maurice Pialat, en 1985 où les lubies du réalisateur et l’« étrange passivité active » de Depardieu s’étaient conjuguées pour que ce dernier lui assène de vraies claques. Quoique le conditionnel s’impose, l’actrice ne l’emploie pas. Et comparons les paluches et la stature de Depardieu et les joues de Sophie.

Toutefois, en 1975, dans La Gifle, du même réalisateur, Adjani s’en faisait retourner une pas piquée des vers par Lino Ventura. Ça balançait sec en ce temps-là.

LA PENSÉE DOIT EXERCER SA LIBERTÉ

Maintenant, ouvrons les écluses de la libre pensée.

J’entends dire ou je vois écrire que M. Macron saluait la foule au moment où un individu l’a giflé.

C’est un peu court, jeune homme. On pourrait dire, bien des choses en somme.

D’abord… que M. Macron ne « saluait pas la foule », mais qu’il allait à la quête électorale de mains et de voix. Cela change le contexte. Et quand on tend la main par saccades et par mécanisme, quand on accroche le bras gauche de quelqu’un contre sa volonté (le film le montre clairement) et au mépris de toute distanciation sociale, on déclenche forcément des gestes mimétiques exacerbés. Surtout si l’un des protagonistes est en liberté et l’autre parqué derrière une barrière.

De plus, tout le monde est masqué, ce qui ampute la part directe de reconnaissance faciale à laquelle, nous humains, sommes habitués depuis des millénaires.

Ajoutons à cela les faits antérieurs que je ne connais pas : ceux du gifleur et ceux du giflé (paroles, gestes, humeur, sources d’excitation, antécédents).

Le même acte se serait-il produit à visages découverts ? Nul ne peut le dire. Mais qui ne pose pas la question est indigne de toute prétention en « sciences humaines ».

Des excuses ? Une approbation ? Non, certainement pas, mais une approche psychologique des comportements humains.

LA SÉCURITÉ DU PRÉSIDENT

Certains journaux, dont Le Parisien, s’inquiètent : « C’est désormais la question de la sécurité d’Emmanuel Macron lors de ses déplacements qui se pose ».

Pardon, mais, n’est-ce pas une question qui remonte là aussi à quelques siècles, que celle de la protection des dirigeants ? Comme si, par une gifle, ce président devait faire figure d’exception éternelle ! Si tel est le cas, nous sommes descendus bien bas dans l’échelle des risques, des faits et dans leur interprétation.

Il faut dire que la généralisation obligatoire de l’expression « sentiment d’insécurité » lorsque des quartiers entiers échappent à la police, amène à relativiser la vigueur et l’outrecuidance de ce soufflet. À n’y sentir plus qu’un doux zéphyr !

Heureusement, le corps du président est généralement bien gardé, même quand il visite des territoires comme Saint-Martin. Il n’hésite pas à s’entourer de très près de gardes du corps spécialisés, aux gestes presque menaçants. Ils l’ont prouvé, suscitant l’indignation compréhensible de M. Alexandre Benalla, lequel a déclaré plus tard : « Si j’avais été là, ça ne se serait pas passé. »

Une jalousie de professionnel, probablement. What else ?

Tout de même, ça laisse des traces, surtout quand on saute sur chaque occasion pour se frotter au peuple.

CHANGEONS DE POSTURE

Qu’un président ou qu’un quidam se fasse gifler dans la rue est non admissible, d’autant que les conséquences seront différentes pour peu que l’auteur soit ou non indemne de tout déséquilibre psychologique, de toute dépression non maîtrisée ou méconnaissance des codes nationaux.

Mais pour un président, c’est encore moins admissible. Des ballots seraient capables de le plaindre, au point de lui dédier leurs bulletins de vote.

Une gifle, si gifle il doit y avoir, doit rester morale et démocratique : c’est dans les urnes qu’il faut l’appliquer. Et même un coup de pied quelque part, malgré l’exigüité de l’isoloir. Cela blessera d’autant plus son ego.

À bon entendeur…

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