TOUS DES PIQUÉS
Quelques esprits ahuris et /ou malignement inspirés ont eu l’idée de transformer la cathédrale de Marseille (la Bonne Mère) plus sérieusement nommée Notre-Dame de la Garde… en salle de shoot.
Je ne parle pas de football, mais de shoot, avec des piquouzes, de la bonne merde (mieux que du shit, je suppose) et autres produits propres (plutôt sales) à déglinguer les derniers neurones des pratiquants de cette nouvelle religion. En somme, l’appel des piqués aux piqués.
Autant dire que ça pue la Gauche à pleines narines !
Une pétition existe pour s’opposer à cette occupation des shootés, des shooteurs et de leurs shooteuses.
En voici le lien :
MARX ! REVIENS ! ILS SONT DEVENUS PIQUÉS
Cet épisode des pires-que-fadas de Marseille nous ramène à Marx, et à sa fameuse formule : « La religion… c’est l’opium du peuple ». Avouez que les fada-piqués-gaucho de Marseille ont de qui tenir.
Sauf que… je vous ai donné la formule expurgée. Marx allait beaucoup plus loin. Pour le savoir il faut lire son Introduction dans la Critique à l’étude de la philosophie du droit de Hegel ». Je vous en livre le passage fondamental ci-dessous. Attention, le vol philosophique allemand va bientôt décoller. Turbulences garanties pour les esprits français peu habitués à ces acrobaties aériennes.
La vraie formule, vous la trouverez dans l’exposé promis. Ne le manquez surtout pas ! Ne mettez pas vos parachutes ! De toute façon, il n’y en a pas. Accrochez vos ceintures, et c’est parti.
LE TEXTE DE MARX
Pour l’Allemagne, la critique de la religion est finie en substance. Or, la critique de la religion est la condition première de toute critique.
L’existence profane de l’erreur est compromise, dès que sa céleste oratio pro aris et focis1 a été réfutée. L’homme qui, dans la réalité fantastique du ciel où il cherchait un surhomme, n’a trouvé que son propre reflet, ne sera plus tenté de ne trouver que sa propre apparence, le non-homme, là où il cherche et est forcé de chercher sa réalité véritable.
Le fondement de la critique irréligieuse est celui-ci : l’homme fait la religion, ce n’est pas la religion qui fait l’homme. La religion est en réalité la conscience et le sentiment propre de l’homme qui, ou bien ne s’est pas encore trouvé, ou bien s’est déjà reperdu. Mais l’homme n’est pas un être abstrait, extérieur au monde réel. L’homme, c’est le monde de l’homme, l’État, la société. Cet État, cette société produisent la religion, une conscience erronée du monde, parce qu’ils constituent eux-mêmes un monde faux. La religion est la théorie générale de ce monde, son compendium encyclopédique, sa logique sous une forme populaire, son point d’honneur spiritualiste, son enthousiasme, sa sanction morale, son complément solennel, sa raison générale de consolation et de justification. C’est la réalisation fantastique de l’essence humaine, parce que l’essence humaine n’a pas de réalité véritable. La lutte contre la religion est donc par ricochet la lutte contre ce monde, dont la religion est l’arôme spirituel.
La misère religieuse est, d’une part, l’expression de la misère réelle, et, d’autre part, la protestation contre la misère réelle. La religion est le soupir de la créature accablée par le malheur, l’âme d’un monde sans cœur, de même qu’elle est l’esprit d’une époque sans esprit. C’est l’opium du peuple.
Le véritable bonheur du peuple exige que la religion soit supprimée en tant que bonheur illusoire du peuple. Exiger qu’il soit renoncé aux illusions concernant notre propre situation, c’est exiger qu’il soit renoncé à une situation qui a besoin d’illusions. La critique de la religion est donc, en germe, la critique de cette vallée de larmes, dont la religion est l’auréole.
La critique a effeuillé les fleurs imaginaires qui couvraient la chaîne, non pas pour que l’homme porte la chaîne prosaïque et désolante, mais pour qu’il secoue la chaîne et cueille la fleur vivante. La critique de la religion désillusionne l’homme, pour qu’il pense, agisse, forme sa réalité comme un homme désillusionné, devenu raisonnable, pour qu’il se meuve autour de lui et par suite autour de son véritable soleil. La religion n’est que le soleil illusoire qui se meut autour de l’homme, tant qu’il ne se meut pas autour de lui-même.
L’histoire a donc la mission, une fois que la vie future de la vérité s’est évanouie, d’établir la vérité de la vie présente. Et la première tâche de la philosophie, qui est au service de l’histoire, consiste, une fois démasquée l’image sainte qui représentait la renonciation de l’homme à lui-même, à démasquer cette renonciation sous ses formes profanes. La critique du ciel se transforme ainsi en critique de la terre, la critique de la religion en critique du droit, la critique de la théologie en critique de la politique.
RACCOURCI POUR CEUX QUI ONT VOULU DESCENDRE AVANT LE DÉCOLLAGE
Oui, le raccourci de Marx ne trahit pas – pas trop – la formule dans son ensemble et le chemin qui y mène : il revient au même de se soulager par l’opium que par la religion. Mais alors on néglige d’en étudier l’homme.
Et comme l’homme s’investit dans d’autres domaines que certains vont jusqu’à sacraliser (les idiots de service) « La critique du ciel se transforme ainsi en critique de la terre, la critique de la religion en critique du droit, la critique de la théologie en critique de la politique. »
Ainsi, opium à tous les étages ! Celui du droit (et de son État moustache) et celui de la politique (autre façon de prendre le pouvoir pour se foutre de la gueule du populo).
Voilà pourquoi, il est des moments où il faut devenir marxiste… mais pas trop !
Antoine Solmer