Je ne parlerai pas du célèbre fleuve Aa bien connu des cruciverbistes, ni de La Veules, le plus petit qui rejoint la Manche après trois petits kilomètres. Il en est tant, qui participent du charme national, ou parfois des drames, avec leurs inondations. Mais voyons les choses de plus haut, et même de plusieurs années avant nous.
N’ayons garde d’oublier que la France avant la France, la Gaule, vénérait un certain Borvo (avec des variantes) associé aux sources (Bourbon-l’Archambault, Bourbonne-les-Bains, Aix-les-Bains, Aix-en-Provence, etc.). Nombre de ces sources font le bonheur des curistes. Et, d’une certaine façon, la France royale prit une grande part dans l’histoire aquatique de notre pays, puisque la « source » de la dynastie des Bourbon, vient justement de Bourbon-l’Archambault, dont un des descendants sera le plus que fameux Henri IV qui sut éteindre (ou apaiser) les feux par lesquels se brûlaient allègrement catholiques et protestants.
De toutes ces sources ne naissent pas que de grands fleuves, mais aussi de nombreuses rivières qui ont façonné notre géographie et notre art de travailler, d’aimer les paysages, d’y établir une culture, et d’y vivre.
Lançons-nous dans ces eaux, comme de grands enfants.
Commençons par le département de la Haute-Marne, le château d’eau de la France, comme le surnomma le géographe Vidal de la Blache. Pourquoi viser d’abord cet endroit souvent ignoré et ce géographe dont le nom étonnerait bien des jeunes « apprenants »… et même leurs « apprentisseurs » calibrés par l’Éduc Nat ? Pour la bonne raison qu’il inscrit en début de son ouvrage (Tableau de la Géographie de la France) une phrase qu’il serait bon d’enseigner à certains poudrés trop haut placés : « La France est une personne ». Il fallait l’oser, comme Michelet avant lui en fin de son introduction de son Notre France.
De la Haute-Marne naissent la Marne, bien sûr, mais aussi la Meuse, et l’Aube. Et, en trichant un peu n’oublions pas la Seine qui la traverse, après avoir quitté son plateau de Langres, en Côte d’Or. Allons même un peu plus loin, vers le département des Vosges. Nous y trouverons la Source de la Saône qui rejoindra le Rhône. Tout cela se distribue, au choix, vers et la Manche, l’Atlantique et La Méditerranée, Pas mal, pour un « petit château d’eau » ignoré, dont nous avons à peine étendu les limites.
Nous en reparlerons
Antoine Solmer

