Comment organiser nos regards sur la géographie ? D’abord, je ne reviendrai pas sur les différents sens du mot regard. Chacun a compris qu’il dépasse l’œil et se nourrit à tant de sources proches ou lointaines.
Le mot géographie : fondamentalement c’est l’écriture sur la Terre, avec pour corollaire, tout ce que l’on peut connaître, sur quoi l’on doit réfléchir, etc. Vaste sujet qui comprend aussi la géométrie (mesure de la Terre), et se distribue vers tous les géo- possibles (géologie, géothermie, géodésie…). Cela dit la géographie resterait stérile si l’on oubliait que des personnes réelles vivent sur le territoire considéré.
Ici, nous nous contenterons de quelques lignes de force.
Un premier regard montre la France hexagonale : autour de 550 000 km2 situés en zone climatique favorisée : suffisamment de tout sans excès. Ce qui n’empêche pas les râleurs professionnels du chaud ou du froid. « Deux degrés, la France grelotte » tel était le titre d’un grand journal il y a quelques années, alors que je me trouvais en extrême Sibérie à -25° en ville ! Et personne ne se plaignait. Une violoniste des rues jouait, en portant des mitaines, phalanges libres. Une dame choisissait tranquillement des livres offerts dans un stand ouvert à tout vent, etc. Ce qui m’a le plus gêné fut le dérèglement de mon appareil photo. Aucune photo n’était possible au-delà de dix secondes d’exposition hors de la poche.
Inversement, nous vivons la phobie de la chaleur, soigneusement entretenue par les Giecquistes automatiques et intéressés. Oui, bien sûr, il peut faire un peu plus chaud que pendant l’hiver 1785 où la Seine, gelée, se traversait à pied. Qu’en conclure ? Que le Français ne connaît pas son pays, son climat et se laisse « embobarder » à loisir, incapable de juger le climat tel qu’il est et qu’il fut : variable. Pendant la seule ère quaternaire (la nôtre, qui commença il y a quelque 2.6 millions d’années), il y eut quatre grandes glaciations, et quelques petites dont celle citée plus haut… et donc, au moins autant de périodes de réchauffement, dont celle qui nous supporte (la dernière, âgée de 12 000 ans, appelée holocène) caractérisée par un réchauffement rapide, alors que l’industrie, les feux de cheminée, les voitures et autres merveilles techniques restaient inimaginables pour nos ancêtres. Ils avaient d’autres chats à fouetter.
Donc 550 000 km2 de plaines, de collines, de montagnes, de grands et petits fleuves qui forment, avant de terminer par l’Espagne, une presqu’île occidentale du continent européen (lui-même presqu’île du continent russo-asiatique). Une presqu’île qui n’en était pas une avant le réchauffement qui fit fondre les glaciers nordiques : le niveau des eaux, à moins 120 mètres du nôtre, faisait que la future France était reliée par terre à la future Angleterre. Imaginez ! Comme la vie politique aurait été tranquille sans avoir l’empire marin britannique sur le dos ! Enfin, tout cela a changé après 6000 ans de réchauffement qui ont permis de connaître notre actuel niveau zéro maritime, classiquement mesuré au fond du vieux port de Marseille. Remarque : il n’y avait pas non plus de bateaux monstres à 10 étages de touristes.
Pour vous distraire sur le climat en général, lisez ou écoutez Emmanuel Le Roy Ladurie, en oubliant ses engagements politiques à géométrie variable… qui n’ont ni réchauffé les glaciers ni gelé la Seine. D’autres lectures et travaux de carottage de la glace arctique sont intéressants… et soigneusement oubliés des médias de grand chemin.
Antoine Solmer
À suivre

