REGARD SUR LA FRANCE 1

Regard sur la France, tel est le titre du jour, le premier d’une série que je pourrai, je l’espère, mener à bon port. Pourquoi ce titre ? Analysons-le. Parlons d’abord de l’organe impliqué dans ce regard : l’œil qui permet la vue.

Je m’explique. L’homme, passant à la bipédie a pu voir plus loin qu’en situation de quadrupédie. Voilà une évidence que nous avons oubliée au cours des âges. Pourtant elle garde toute sa valeur. Un regard porté depuis le sol, selon qu’il est vertical ou horizontal convient à l’étude minutieuse d’un quelconque insecte ou à la traque d’un ennemi… à moins que nous ne soyons sa cible. À l’inverse, un regard porté lors de notre verticalité convient aux grands horizons de vue ou de pensée… à condition de ne pas prendre la proie pour l’ombre, ni de perdre le contact avec les réalités du lointain.

Si nous pouvons assurer la complexité, pour ne pas dire la complicité, du couple regard-pensée, c’est que l’embryologie nous l’impose. Notre placode oculaire initiale (qui évoluera jusqu’à devenir notre œil) est une émanation directe de notre cerveau. Ses cellules devenues spécialisées dans la perception de la lumière, de ses couleurs, de ses contrastes sont initialement des cellules cérébrales.

Donc, regard ! On pourrait croire que ce mot manque de force. Il n’en est rien. La vue étant celui de nos sens qui marque le plus la pensée et la posture de l’homme, le regard en est son application analysée par notre cerveau.

Bien sûr, tous nos sens apportent leurs spécificités vers notre cerveau pour affiner nos diagnostics sur le monde. Et le cerveau dans son ensemble, est cette usine transformatrice, bourdonnant sans cesse d’analyses et de synthèses, dont le dernier étage dans l’apparition est le néocortex… capable du meilleur comme du pire, recyclant vérités et mensonges pour les étouffer ou les cultiver avec acharnement. Tel est l’homme, tels nous sommes, irrémédiablement. Peut-être irémmé-diable-ment.

Bien sûr, la présentation de l’article précédent, avec ses traits d’union menant à de possibles mensonges diaboliques pourrait passer pour un pauvre jeu de mots. Mais ce serait oublier que l’adjectif irrémédiable nous vient de la racine indo-européenne med qui exprime l’idée de « prendre avec autorité et réflexion des mesures d’ordre. »

Contradiction prouvée avec mon jeu de mots à tirets ? Mais non, que diable ! Car le personnage éponyme, allègrement fourni de sabots, d’une queue fourchue et d’un trident, n’est pas le dernier des imbéciles, et s’il « prend avec autorité et réflexion des mesures d’ordre », il s’agit d’un ordre inversé et renversant, antinomique et accusatoire, aussi malfaisant que portant au mal. Au fond, à chacun son échelle des « mesures d’ordre » prises avec autorité et réflexion ». Dans le dernier cas, ajoutons qu’à l’autorité s’adjoint automatiquement la séduction, promettant monts et merveilles plutôt qu’efforts justifiés, sans jamais oublier le fond de l’Homme, ce cloaque qui ne se limite pas à quelques pauvres fonctions ano-génitales, selon Shakespeare.

Paul Valéry disait, ou avait remarqué qu’un regard agissant emplirait nos rues de cadavres d’hommes et de femmes grosses. Je modifie quelque peu la citation : pourquoi se limiter aux cadavres d’hommes. Ne soyons pas « sexistes » ! Laissons à ce regard actif le libre choix des sexes. Il y a bien des femmes qui ne cessent de tuer des enfants, directement ou par procuration légalisée. Un peu de rétroaction serait-il immoral ? Un petit peu, une dose de « vaccin » en quelque sorte… On verrait alors les « antivax » et les « maniaco-vaxistes » s’étriper du regard. Et certains « emmerderaient » les autres, les fameux « autres », les anathémisés tout juste bons à être diabolisés. Bref, notre monde, notre « démo-crassie ».

Alors, suivez « mon regard… sur la France ». Ça va chauffer !

Antoine Solmer