FAMILIA GRANDE : UNE QUESTION D’ORTHOGRAPHE

TUYAUX DE POÊLE
TUYAUX DE POÊLE

Un doute m’est venu, amené par Familia grande. Une question d’orthographe, de simple orthographe. Laquelle est la bonne : poêle ou poil ? Je ne sais, ou plutôt je ne sais plus. Une vieille dyslexie récidivante. J’ai besoin d’un guide, d’un aide-mémoire. Avec la saga Duhamel-Kouchner-Pisier, i tutti quanti, j’avais pensé à famille tuyaux de poêle. Je sais, c’est un peu vulgaire, mais néanmoins imagé, constructif. D’une certaine façon, ça parle, même des dizaines d’années après. Faut dire, Monsieur, que chez ces gens-là… ça manque de ramonage. Alors, ça étouffe, ça bouchonne, ça asphyxie. Y’en a même qui plongent dans les piscines pour s’en sortir. Mais il y a plongeon et plongeon, celui de l’ange et celui de la bête qui pousse. Au fond de la piscine, avec ou sans pull marine, ça fait moins de vague. Jusqu’à ce que la coupe déborde. Comme dans les marais, les bulles de méthane. Ploc, ploc dans la bouillasse. Dans le temps on appelait ça des feux follets, pour peu qu’une petite flamme bleu s’en dégage.

Enfin, quoi qu’on fasse, le méthane, ça pue, même distillé à la sauce soixante-huitarde : liberté, plaisir, jouissance, pas de limite, interdit d’interdire, interdit de paver, dépavons, jusqu’à la plage, cérèressessesse, démandarinons, désorthographons !

J’en reviens à ma dyslexie. La familia grande ? Tuyaux de poêle ou tuyaux de poils ? Ça n’a l’air de rien, mais ça compte. Poêle ? Pourquoi pas ? Mais n’est pas plombier-chauffagiste qui veut. Il faut un CAP, gagner sa vie honnêtement (Merci à ce chauffagiste réparant ma chaudière un dimanche de grand froid). Tout le monde n’est pas capable d’apprécier, dans les quartiers chauds, germano-pratins et apparentés.

Alors soyons « bio ». C’est à la mode. Gros argument pour tuyaux de poils. C’est plus bidonnant, plus naturel, plus réaliste. Ah ! La question n’est pas facile. Ça défrise et ça tourne en boucle. Nouvelle géométrie dans l’espace cuculturel. Autre avantage, ça laisse des souvenirs. Tiens, tu as tondu le caniche ? Non, pourquoi ? Ici Médor, viens faire joujou avec maman. Tu veux bien, papa ? Ah ! Le brave chien chien, aaaaaaaaaaaaahhhhh !

Scènes de vie tranquille entre Sciences-popo, jouissance sans frontière, glissade en piscine. Plaudite cives ! Le public, fin “latriniste”, applaudit à tout rompre. Au premier rang, on reconnaît un Mitterrand, un Matzneff, un Strauss Kahn, un Lang, et derrière… si j’ose dire… des visages flous. Plus on est de flous… Acta non est fabula.

Ah ! J’oubliais, parmi les slogans de mai 68, le célèbre « jouissez sans entraves ». Il fallait comprendre « sans oublier d’entraver qui vous résiste ».

Des victimes ? Vous avez dit victimes ? Allons, c’est dépassé, c’était il y a longtemps, il y a prescription. Merci, ô grande justice !

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3 réponses sur “FAMILIA GRANDE : UNE QUESTION D’ORTHOGRAPHE”

  1. Bonjour Monsieur Antoine ; je me suis intéressé de près à cette affaire, parce qu’elle est, c’est vrai, assez sensationnelle dans son genre, mais surtout à cause de la bonne foi manifeste (et l’honnêteté) de la protagoniste, Camille Kouchner.
    J’en ai même été un peu chamboulé.

    Cependant, le saillant sur lequel vous articulez votre article ne me paraît pas clair – non, pas clair du tout ! Pourquoi “poil” et “poêle” ? Je ne vois pas.
    Éclairez-moi, Monsieur Antoine !

    1. Cher Noël,
      Permettez que je mette de côté l’éventuelle bonne foi de l’auteur du livre, sa fine écriture, sa volonté de témoigner, et toute la sainte littérature des trop belles âmes. Ce faisant, j’ose à peine répondre à votre demande d’éclairer ce coin obscur, saillant ou non. En première approche, j’évoquerai les mânes du Sar Rabindranath Duval au sujet d’un certain “tatouage… situé à un endroit que l’honnêteté et la décence m’interdisent de préciser davantage.
      – Ah! Bon, mais qu’est-ce que vous entendez par là?
      – Oh! Par là j’entends pas grand-chose!
      – Je vous prie de vous concentrer davantage, espèce de malotrou!”

      J’imagine que c’est un poil plus clair. Enfin, cela dépend des personnages. J’en appelle à Cyrano sous le balcon de Roxane :

      Ces mots que vous appelez de vos voeux
      Tous ceux, tous ceux, tous ceux
      Qui me viendront, je vais vous les jeter, en touffe,
      Sans les mettre en bouquet, sans esbrouffe.
      Car il faut à ce point glisser en finesse
      Tant la matière en est traîtresse.
      Oui, tout revient à une histoire de fesse
      J’ose le dire, avant de filer à confesse
      S’il faut dévoiler à la brune
      Ce que d’aucuns veulent de toute lune
      Au bout de la chanson, tirela tirelaire
      Mieux qu’une balade, c’est un envoi en l’air.
      Du monde la plus vieille histoire vécue
      Toujours entremêle quelques poils de cul.

      A.S.

      1. Bon, eh bien c’est un autre point de vue. C’est hilarant, évidemment. Mais ça n’apaise pas ma faim de vérité – si tant est que celle-ci jamais puisse faire souche.
        Pour mieux comprendre d’emblée votre prose – parfois ardue sous des abords fantaisistes et goûteux -, je dois cependant reconnaître que je manquais de culture : ici Prévert et Pierre Vassiliu.

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