DÉCAPITER UN ROI

LES GARDES SUISSES LE 10 AOUT 1792 PAR JACQUES BERTAUX
LES GARDES SUISSES LE 10 AOUT 1792 PAR JACQUES BERTAUX

Le 21 janvier 1793, le roi Louis XVI était décapité en place publique : celle de l’actuelle place de la Concorde, dite à l’époque : de la Révolution. Qu’en penser en ce 229e anniversaire ?

LE PROCÈS

Bien des livres ont été écrits. Je reprends ici quelques points extraits du site de l’actuel ministère de la Justice [1]… avec tous les points d’interrogation dus à cette bizarre institution.

L’acte d’accusation comprenait 33 chefs. Encore une plaisanterie juridique funèbre… 33 chefs… pour n’en trancher qu’un !

Parmi ceux-ci le dernier est le plus fantastique témoignage de mauvaise foi : « ordres de tirer sur le peuple et d’avoir fait couler le sang des Français ».

Quand on sait que si Louis XVI fut coupable de quelque chose, ce fut de ne pas avoir fait canarder la canaille qui assaillait les Tuileries le 10 août 1792, et même d’avoir donné ordre aux Gardes Suisses de déposer les armes. En somme il les condamnait à mort.

Quel fut le résultat, une fois les « gentils manifestants » libres de donner cours à leurs festivités ?

Un certain capitaine Bonaparte, qui assista à la scène racontera :

« Jamais, depuis, aucun de mes champs de bataille ne me donna l’idée d’autant de cadavres que m’en présentèrent les masses de Suisses […] « Des soldats sont égorgés, d’autres littéralement découpés en morceaux… »

Et pour ajouter à la joyeuse ambiance : « Des femmes bien mises se portent aux dernières indécences sur les cadavres des Suisses »[2].

On compta au moins 400 victimes directes, plus une indirecte : Louis XVI, puisque « devant le succès des insurgés, l’Assemblée prononce la suspension du roi. Le 10 août 1792 met brutalement fin à treize siècles de monarchie en France.  [3]»

Une fois la machine en roue libre sur la pente fatale, la suite devenait irrémédiable.

LA GUILLOTINE

Faut-il passer sur le côté spectaculaire de la guillotine ? Réfléchissons !

De toute façon, aucune condamnation à mort ne peut éviter un cérémonial impressionnant. Mais quelles que furent les intentions d’humanité et de technicité du docteur Guillotin, il reste que cette élévation de bois et de fer, ne peut manquer d’impressionner les foules. Et dans les foules, la lie de toute population, côtoyant certainement quelques personnes venues à titre d’hommage, mais certainement pas les plus nombreuses.

D’ailleurs, cette mise en scène publique ne manquait pas de relents pervers sous couvert de déclarations de grands principes humanitaires. Déjà, la gauche, toujours la gauche de mort, « rasait gratis ». Ce n’est pas pour rien que la « bécane à Deibler » (ici Sanson) fut surnommée La Veuve, et aussi « Le rasoir national ». Tout est dit : le rasoir national gratis. Enfin, pas tout à fait, car payé avec nos impôts, comme tout ce qui est clamé gratuit.

Et le spectacle continue : après le chute du mouton (la pièce qui maintient la lame) reste à récompenser la foule, en lui montrant la tête, ou ce qu’il en reste.

Car, si en théorie, il ne peut pas y avoir d’erreur de guidage, reste à expliquer le témoignage du conventionnel Louis Sébastien Mercier :

« … Est-ce bien le même homme que je vois bousculé par quatre valets de bourreau, déshabillé de force, dont le tambour étouffe la voix, garrotté à une planche, se débattant encore, et recevant si mal le coup de la guillotine qu’il n’eut pas le col mais l’occiput et la mâchoire horriblement coupés ? [4]»

QUELLE TRACE MÉMORIELLE CONSERVER ?

J’imagine que bien des lecteurs connaissent quelques lignes des derniers mots du roi, couverts par les tambours, sur son innocence et son pardon. C’est beau, mais…

Je préfère revenir sur un paragraphe du testament de Louis XVI qui s’applique, mutatis mutandis, à tout chef d’État :

« Je recommande a mon fils s’il avait le malheur de devenir roi, de songer qu’il se doit tout entier au bonheur de ses concitoyens, qu’il doit oublier toute haine et tout ressentiment, et nommément tout ce qui a rapport aux malheurs et aux chagrins que j’éprouve.

Qu’il ne peut faire le bonheur des peuples qu’en régnant suivant les lois, mais en même temps qu’un roi ne peut les faire respecter, et faire le bien qui est dans son cœur, qu’autant qu’il a l’autorité nécessaire, et qu’autrement étant lié dans ses opérations et n’inspirant point de respect, il est plus nuisible qu’utile. »

Si quelqu’un, non loin de l’Élysée, se sent merdeux, qu’il se torche !

Antoine Solmer

[1] http://www.justice.gouv.fr/histoire-et-patrimoine-10050/proces-historiques-10411/le-proces-de-louis-xvi-22604.html

[2] https://www.swissinfo.ch/fre/l-horreur-aux-tuileries/242998

[3] https://www.swissinfo.ch/fre/l-horreur-aux-tuileries/242998

[4] https://fr.wikipedia.org/wiki/Ex%C3%A9cution_de_Louis_XVI

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