UN AUTRE PODIUM IGNOMINIEUX : LE GONCOURT DES LYCÉENS

Il fut un temps où l’enfer des livres se situait au plus haut niveau des bibliothèques, là où les petits bras des mains innocentes étaient encore trop petits pour les atteindre. Du reste, combien d’adultes se sont passés d’y mettre jamais la patte, tout en menant une vie intime active. Remarquons que cette dénomination – enfer, pour des livres – cadrait mal avec le sens premier du terme qui, chez les Grecs, il correspondait à un séjour souterrain, sans relation certaine avec la vie, bonne ou mauvaise, des défunts de toute classe. Ainsi, Orphée y descendit rechercher son Eurydice et Ulysse y rencontra les siens dans son Odyssée. Il y avait donc du beau monde dans cet enfer des profondeurs.

Eh bien, tout a changé. Notre enfer post mortem, est censé dépendre d’un jugement haut placé. Celui des livres est arrivé au terminus de la ligne du « Goncourt des Lycéens » : tout le monde descend, bas, bien bas, plus que bas, jusqu’au niveau du trou de l’Éduc’ Nat. Le trou de la Sécu, c’est du fric, le trou de l’Éduc Nat, c’est mieux, c’est de la pâte à Cambronne.

Vous ne me croyez pas ? Alors voici quelques pages de Rebecca Lighieri, choisie parmi 14 impétrants avec Le Club des enfants perdus, édité par P.O.L. Vous allez voir, c’est la meilleure impétrante : ça pète et ça entre. Je me demanderai toujours – sans vouloir y répondre – ce que les 13 autres avaient de mieux à proposer.

Alors, contents ? Ça s’est bien passé ?

Plus sérieusement, je me demande qui sont les plus pourris dans le conglomérat des rats qui tiennent ce « Goncourt ». Pour les férus d’enquêtes, voici le schéma organisationnel des participants : [1]

« Le Prix Goncourt des lycéens est décerné par les lycéens eux-mêmes. Le Goncourt des lycéens permet à près de 2 000 élèves de lire et d’étudier la sélection de romans de la liste du Goncourt. Ce prix, permet aux élèves d’une cinquantaine de classes de découvrir et lire l’intégralité des romans de la rentrée littéraire figurant dans la sélection de l’Académie Goncourt. Ce prix concerne des élèves de tous les lycées, généraux, technologiques et professionnels, agricoles, les centres pénitentiaires, de la seconde aux classes de  BTS, ainsi que les établissements de l’Agence de l’enseignement du français à l’étranger (AEFE) et ceux de la Mission laïque française (Mlf), notamment ceux les plus éloignés d’une culture littéraire.

Après l’annonce des livres sélectionnés pour le Prix Goncourt par les membres de l’académie Goncourt, la Fnac remet les ouvrages de la liste à chaque classe. Les lycéens ont deux mois pour lire les romansavec l’aide des enseignants. Pendant cette intense période de lecture, sept rencontres régionales sont organisées entre auteurs et lycéens.

À l’issue de l’étude des livres, les classes élisent un délégué pour présenter leur tiercé de livres gagnants et défendre leurs choix lors de délibérations régionales. Elles ont lieu dans six villes en simultanée.

Chaque région choisit ses deux représentants et son tiercé de livres gagnantsUne finale se tient ensuite à Rennes, berceau du Prix. À l’issue des délibérations, le Prix Goncourt des lycéens est proclamé et rendu public.

Du 11 au 13 décembre 2024 : rencontres nationales de Rennes en présentiel. »

Je vous laisse retrouver, à l’adresse Internet citée, le thème de ce “Goncourt 2013”. Il vole moins haut dans les basses-fosses, ou moins bas dans les fesses hautes. 

La France… décidément, de haut en bas, des histoires de Q !

Antoine Solmer

[1] https://www.education.gouv.fr/le-prix-goncourt-des-lyceens-7637

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